A l’heure de la vulgarisation des Technologies de l’information et de la communication (TIC), et donc du développement de l’économie numérique, le Burkina ne manque pas au rendez-vous. Certes, ce n’est pas encore le même niveau que dans les pays reconnus comme références en matière de numérique, mais les initiatives existent et les auteurs espèrent les améliorer.
Le lancement, le 28 mars 2018, à Ouagadougou, de la plateforme e-commerce RIGO FASO, initiée par l’ingénieur informaticien Ounténi Cyrille Ouoba, vient enrichir une pratique qui compte déjà, au Burkina, de nombreuses adresses spécialisées. Il n’y a pas encore un répertoire officiel des sites de vente et d’achat en ligne au Burkina ; preuve d’un manque de suivi particulier de ce secteur par les autorités et notamment de l’absence d’une législation adaptée ; mais il suffit de lancer une recherche sur internet pour découvrir le nombre important de plateformes organisées à partir du territoire burkinabè ou celles qui se réclament comme telles.
Parmi elles, on retrouve des noms évocateurs comme BURKINAYAR, DIGITAL YAAR, M&M (MODE AND ME), KABEBAFI, IYAAR, etc.
A l’image des magasins et des établissements physiques de commerce dans les rues, chacune de ces boutiques virtuelles essaie de se spécialiser à travers une catégorie des produits : vêtements et chaussures, matériels électroniques, produits de la mode, appareils électro-ménagers et bien autres. Si la plupart des sites affichent des produits divers, sans faire de distinction sur l’origine, RIGO FASO, le dernier né, a toutefois marqué sa particularité en ne proposant que des produits typiquement burkinabè.
Dans la large gamme d’articles exposés sur RIGO FASO, on retrouve des produits alimentaires (tapioka, attiéké séché, fonio, soumbala, banane séchée, jus local, etc.), des vêtements traditionnels et modernes et des produits cosmétiques locaux à base karité ou de la poterie. «Nous avons décidé, par esprit patriotique, de promouvoir et vendre les produits d’origine burkinabè. Il s’agit surtout d’aider nos paysans qui ont de très bons produits, mais qui n’ont pas la possibilité de les vendre partout et en tout temps», explique le promoteur de RIGO FASO qui confie avoir refusé de mettre sur sa plateforme du matériel informatique ou solaire dont l’origine n’est pas burkinabè.
Un autre point où les plateformes e-commerce présentent des différences, c’est au niveau du mode de paiement, des moyens utilisés pour effectuer les opérations d’achat ou encore du dispositif mis en place pour assurer des livraisons en toute sécurité et de façon diligente.
Au niveau du paiement, le Burkina n’est pas encore dans la situation des pays numériquement développés où la plupart des individus possèdent une carte de crédit permettant d’acheter par un clic sur le net en introduisant ses cordonnées. Par ailleurs, les outils de paiement international comme PAYPAL et autres ne fonctionnent pas sur l’essentiel des sites burkinabè.
A RIGO FASO, le choix s’est porté sur les comptes de monnaies mobiles (Mobile Money) offerts par les opérateurs de la téléphonie mobile. Après un transfert, dans le compte Mobile Money du site, du montant correspondant au prix affiché du produit choisi, l’opération d’achat est effectuée. Cela est valable également pour la sous-région où les différents opérateurs de Mobile Money autorisent des transferts d’argent inter-réseaux.
Pour l’international, c’est plutôt à travers les banques ordinaires que RIGO FASO et les autres sites burkinabè récupèrent l’argent des achats.
«Nous avons choisi les comptes mobiles, parce qu’il y a non seulement un problème de sécurité qui peut être réel avec l’utilisation de la carte de crédit dans un pays comme le Burkina, mais en plus il y a le surcoût que peut entrainer la carte de crédit sur les opérations d’achat. Par ailleurs, il y a très peu de gens qui ont des cartes de crédits au Burkina, alors que la monnaie mobile est aujourd’hui rentrée dans les habitudes d’un très grand nombre de personnes, y compris dans les villages. Le potentiel est énorme avec un tel outil», indique Cyrille Ouoba.
Le promoteur de RIGO FASO, pour rendre sa plateforme accessible et facile à utiliser, a aussi développé, en plus du site web, une application à installer directement sur le téléphone portable qui est à ce jour le moyen par lequel la plupart des personnes se connectent à internet au Burkina.
Cette différence à l’avantage d’améliorer l’audience de la plateforme RIGO FASO. Ce qui n’est pas le cas chez tout le monde. Pour beaucoup d’autres plateformes, il faut forcément aller sur la page web pour les découvrir ou pour effectuer des achats.
Ce qui n’est pas très pratique avec un téléphone portable.
Cette situation d’inaccessibilité des plateformes a tendance à réduire leur fréquentation et à retarder leur popularité.
C’est sans doute un des problèmes au développement de l’économie numérique à travers le marché virtuel. Cette activité, qui présente des grands avantages pour le développement du commerce dans un pays comme le Burkina et un gros potentiel de recettes fiscales si elle est encadrée, a également besoin de la confiance et de l’implication des structures de gestion des opérations monétaires et de crédits pour attirer et fidéliser plus de clients. Au niveau de la fourniture d’internet, des connections stables devraient aider à mieux divulguer la pratique.
Karim GADIAGA
Tout bénef pour les producteurs et les acheteurs
Rester chez soi pour faire des achats en ligne et attendre que les biens soient livrés directement là où on se trouve ; voici le principe sur lequel se basent les plateformes de vente et d’achat en ligne.
L’achat peut être fait tous les jours et à n’importe quelle heure en ayant le temps de lire les informations sur les différents produits et de faire des comparaisons. Par ailleurs, on peut rester au Burkina où ailleurs et acheter des produits dans un pays lointain.
Cette activité constitue une véritable opportunité pour les producteurs, parfois sans site fixe, et une aubaine pour les consommateurs et les clients.
Il faudra toutefois faire attention pour éviter de se faire arnaquer sur des sites non sécurisés.