Dans le cadre de la formulation du second Compact pour le Burkina Faso, son Unité de coordination (UFC-Burkina) et Millenium Challenge Corporation (MCC) ont réalisé une étude entre mai et août 2017 dénommée «Analyse diagnostique des contraintes à l’investissement privé et à la croissance économique».
Pour un travail participatif et inclusif, les différentes composantes de la société civile (services gouvernementaux, secteur privé, société civile, PTF) y ont été associées. Les résultats livrés par cette enquête indiquent que les contraintes qui s’opposent au plein épanouissement de l’économie nationale sont multiples et diverses. Aussi, dans le document, dont L’Economiste du Faso a eu copie, les enquêteurs dressent le bilan des facteurs qui ralentissent la croissance économique du Burkina. Pour eux, le pays des Hommes intègres fait face à «une pauvreté persistante et à un investissement privé bas et stagnant».
Ceci est dû à l’insuffisance de l’offre d’électricité et sa mauvaise qualité, d’une part; et d’autre part, ils ont évoqué le coût élevé de l’électricité et le déficit en capital humain, notamment la faible qualification de la main-d’œuvre. C’est deux derniers points sont les deux contraintes majeures à l’investissement privé et à la croissance économique au Burkina Faso, selon le document. «La persistance de la pauvreté au Burkina Faso est due à une croissance économique faible et peu inclusive qui, elle-même, est liée à la faiblesse de l’investissement privé», affirme le rapport. En effet, en dehors des épisodes de privatisation et de boom minier, l’investissement privé est resté bas et stagnant.
Si l’étude note que le financement n’est pas une contrainte majeure pour l’investissement privé, elle relativise tout de même en mentionnant que la faible inclusion financière, la faible structuration des entreprises formelles burkinabè et la faiblesse de leurs capacités managériales sont des contraintes à l’accès au financement. Une contrainte qui pourrait trouver solution dans le dispositif de soutien au financement des PME/PMI en cours à la BCEAO.
Autre point évoqué dans l’analyse-diagnostique : le Burkina Faso ne présente pas de risques macroéconomiques et politiques qui constitueraient une contrainte majeure à l’investissement privé. Pour les experts, «l’inflation est maîtrisée, et le taux de change demeure compétitif».
Lever le poids de la fiscalité
Sur les questions de voix citoyenne, de responsabilité, d’Etat de droit et de sécurité, le pays ne présente pas de déficits particuliers susceptibles de bloquer l’investissement privé. A cela s’ajoute le fait que la corruption, les droits de propriété, les barrières au commerce, la réglementation du travail et la justice ne constituent pas des contraintes majeures à l’investissement privé au Burkina Faso. Toutefois, le poids de la fiscalité et le coût de la justice (règlement des contentieux) constituent des contraintes non négligeables qu’il faudra lever.
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Le rapport révèle aussi que l’économie burkinabè est peu sophistiquée à cause de la faible utilisation des technologies existantes et de la faible capacité à innover des entreprises et des exploitations agricoles. Sur le plan du capital humain, le diagnostic est aussi implacable : en matière de capital humain, les défis à relever restent importants, car le retard du Burkina Faso par rapport à la tendance mondiale est très élevé. D’une part, la majorité de la main-d’œuvre potentielle n’a bénéficié d’aucune formation/éducation; d’autre part, on constate une forte inadéquation entre la formation et les besoins de l’économie.