Si tout va bien, les 84 inculpés du putsch manqué de septembre 2015 seront de nouveau devant les juges, le 21 mars prochain. Après la suspension du procès le 27 février dernier, la date du 14 mars avait été annoncée pour sa reprise. Finalement, il faudra attendre une semaine de plus. On s’attend à la même hargne de la part des avocats de la défense dans leur soutien des exceptions. Le jugement au fond pourrait se faire longtemps désirer du fait de cette guerre de nerfs en présage. Au pénal, ne dit-on pas que la forme tient le fond en état? Il faudra donc de la patience pour conduire les débats avec sérénité; parce que le prétoire pourrait s’enflammer, avec des risques d’incidents plus ou moins graves. Il faut donc espérer que le président du tribunal devenu «légitime» après la contestation de cette légitimité et de sa compétence; du haut de son siège ; maitrise la police des débats.
Il a d’ailleurs démontré lors de la première audience écourtée une certaine capacité d’écoute et un souci particulier de ne froisser aucune des parties. C’est déjà un bon signe! Il est vrai que les parties civiles et leurs conseils n’ont pas partagé la décision du juge de suspendre l’audience, criant au dilatoire de la part des avocats de la défense. Ce faisant, ils expriment haut et fort la crainte qui traverse une partie de l’opinion de voir ce procès renvoyer aux calendes grecques pour des questions de procédures. C’est un sentiment légitime, mais qui ne saurait sacrifier les droits à la défense et d’usage de tous les moyens légaux par les inculpés pour se tirer d’affaire. Le risque dans ces longs préliminaires, c’est qu’ils pourraient déboucher sur une impasse: celle de voir la vérité rester en route. Et là, personne ne pourrait s’en satisfaire; ni les inculpés dont certains ont des choses à dire ni les parties civiles ; encore moins le pays.
Abdoulaye TAO