Cette année encore, les pagnes du 8-Mars ont défrayé la chronique. Entre faux pagnes chinois, pagnes officieux et officiels, il fallait quand même faire son marché, et s’habiller pour l’événement. Le commerce et les affaires ont pris en otage cette célébration qui a perdu presque tout de son idée originelle: magnifier le genre par la réduction des inégalités, pour des sociétés plus justes et plus équilibrées.
En dehors des fêtes religieuses, le 8-Mars est l’une des journées internationales les plus attendues sous nos cieux par les commerçants et par les femmes ; tant aucun ménage ne veut être en reste de la mode. Si cette fête devait être une niche de bonnes affaires, autant qu’elle profite en premier aux femmes ; mais là, ce n’est pas encore gagné.
Le gouvernement a cru bien faire en élisant le Faso Dan Fani tenue officielle pour les cérémonies.
Le département en charge de la Promotion du genre surfe également sur cette vague depuis quelques années. Le coup de pouce politique est réel, mais la mayonnaise ne prend pas comme il faut. Il y a comme un chainon manquant pour soutenir l’activité des tisseuses. Il faut ainsi définitivement et courageusement régler la question du fil à tisser si on veut préserver à la fois l’art qu’il représente et la source de revenus pour les actrices du secteur. La première étape consistera déjà à mieux contrôler l’importation du faux Faso Dan Fani ; ces copies pâles bon marché qui, petit à petit, vont ruiner les efforts du gouvernement. La seconde devrait consister en une meilleure organisation de tous les artisans du secteur, afin d’obliger le seul filateur du pays à réserver un quota de fils aux artisans du Faso Dan Fani.
En un mot, il faut trouver le moyen de réguler ce marché embryonnaire, si l’on veut vraiment qu’il contribue à l’autonomisation économique de la femme.
Abdoulaye TAO