Alex Zabsonré est le directeur publication d’Alamod Magazine, qui est le premier magazine spécialisé dans la mode et dans les arts appliqués au Burkina. Ce jeune homme est aussi le commissaire général à l’organisation de Ouaga Fashion Week dont il est l’initiateur. A quelques semaines de ce grand rendez-vous, il revient sur les innovations du projet.
L’Economiste du Faso : Vous êtes l’initiateur de Ouaga Fashion Week. D’où vous est venue l’idée?
Alex Zabsonré, directeur publication d’Alamod Magazine : En tant que journaliste de mode, nous avons l’occasion d’assister à plusieurs défilés dans plusieurs pays; et suite à ces quelques voyages, j’ai pensé que le Burkina Faso n’est pas assez représenté au plan international. Après une réflexion, avec mon équipe, nous avons voulu mettre en place une plateforme d’expression pour la mode burkinabè. Et nous voulons que, par cette plateforme, le monde entier s’intéresse à la mode burkinabè dans toute sa diversité; et aussi créer un vrai marché autours de ce secteur que nous pensons sous-exploité, alors que c’est un secteur très porteur tant au plan économique que social.
N’est-ce pas là un mimétisme de ce qui se fait ailleurs?
Nous ne dirons pas que Ouaga Fashion Week est un mimétisme de ce qui se fait ailleurs, mais elle s’en inspire plutôt. La Fashion Week est une tendance internationale, et chaque pays l’adopte en fonction de sa vision et de son besoin dans le secteur de la mode. Nous pensons que Ouagadougou, qui est déjà le carrefour du cinéma et de l’art africain, peut aussi devenir le carrefour de la mode si ensemble nous arrivons à révéler ce défi.
En quoi l’événement qui aura lieu à Ouaga serait plus innovant que les autres? Et quelles sont les retombées attendues pour le secteur de la mode?
Notre événement se veut novateur parce qu’il ne sera pas uniquement centré sur des défilés de mode. Ce que nous voulons le plus, c’est le développement de l’entrepreneuriat au sein de la jeunesse burkinabè, mais aussi l’éveil des consciences pour que le gouvernement et les Burkinabè sachent que la mode est un secteur d’avenir. Dans ce cadre, nous avons initié des conférences où des thèmes majeurs tels que «l’industrialisation de la mode africaine : mythe ou réalité», «quels mécanismes concrets de financement de l’entrepreneuriat mode ? » seront débattus. Ces débats auront lieu les vendredi 6 et samedi 7 avril 2018 au Centre culturel français. Et aussi, nous avons prévu le village de la mode qui se tiendra durant toute la période (6, 7 et 8 avril 2018) de Ouaga Fashion Week. Il sera un espace d’exposition, de promotion et de vente de toutes les créations qui n’ont pas été présentées lors des soirées défilés. A travers ce concept, nous voulons permettre à tout le public ouagalais d’être plus proche de ses créateurs et d’avoir facilement accès à la mode burkinabè et africaine.
Nous espérons qu’après Ouaga Fashion Week, le gouvernement burkinabè et toutes les personnes qui ont la capacité de soutenir ce secteur prendront conscience de son importance. Nous avons des pays comme le Nigeria, la Côte d’Ivoire et le Ghana, pour ne citer que ceux-là, qui mettent un point d’honneur au secteur, et ils en voient les retombées qui ne sont pas du tout négligeables pour leurs économies. Le Burkina compte plus de 19 millions d’habitants; imaginons que juste 2 millions de personnes puissent s’offrir une tenue made in Burkina par mois, cela nous fait un chiffre d’affaires de 120 milliards de FCFA par an. Après ce petit calcul, qu’on vient me dire que la mode n’est pas un secteur porteur. Et aussi, en tant que jeune entrepreneur, j’espère que le gouvernement burkinabè va joindre l’acte à la parole en aidant les jeunes entrepreneurs que nous sommes afin que la jeunesse burkinabè ne prenne plus la fonction publique comme son premier recours, mais plutôt le dernier.
Qui seront les grandes figures de la mode à ce rendez-vous?
Déjà, nous avons l’accompagnement des ténors de la mode burkinabè comme Koro DK Style, Bazemsé, Ide Mava, Zek Styl et bien d’autres, mais aussi nous avons des invités de la Côte d’Ivoire, du Togo, du Mali, du Zimbabwe, du Niger, du Sénégal, de la Guinée Equatoriale et de la France. Nous espérons donner un spectacle d’envergure internationale au public burkinabè.
C’est une affaire de gros sous. Avez-vous mobilisé le budget nécessaire? Si oui, quel en est le montant?
Comme vous l’avez si bien dit, c’est une affaire de gros sous. Le budget global pour cet évènement est de 71 millions de F CFA. Jusqu’à présent, nous n’avons pas réussi à clore ce budget. Mais, nous profitons de votre journal pour lancer un appel aux sponsors, aux partenaires et aux mécènes de bien vouloir nous aider à réaliser ce projet ; de bien vouloir aider une jeunesse burkinabè entreprenante ; de nous aider à relever le défi de transformer la mode burkinabè en un vrai secteur de business.
La date et le lieu du show sont-ils maintenus ?
Les dates prévues pour notre évènement sont le 6-7-8 avril 2018. Le 6 et le 7, dans la journée, nous aurons les conférences au Centre culturel français et, dans la soirée, à partir de 20h, nous aurons deux grands défilés de créateurs burkinabè et internationaux. Et aussi, le 6-7-8 avril, de 10h à 00h, nous avons de village de la mode qui se tiendra à la Maison du Peuple. Nous espérons que le public burkinabè sera au rendez-vous. Je voudrais dire merci à votre journal de soutenir l’entrepreneuriat au Burkina Faso, parce que nous savons tous que c’est la seule voie qui pourra nous conduire au développement.
Propos recueillis par AT