Société-Culture

Crédits intrants : Le cahier de doléances des producteurs de coton

 

La semaine dernière, dans son N°239, L’Economiste du Faso s’inquiétait de la tension naissante dans le milieu du coton burkinabè sur la question des intrants dont la qualité est mise en doute par certains producteurs. L’Union nationale des producteurs de coton (UNPC-B), qui regroupe toutes les coopératives de producteurs du pays, est sortie de son silence pour donner sa position sur les principales préoccupations de ses membres en cette période de commercialisation de la récolte de coton et de préparatifs de la prochaine saison. La faitière des producteurs est restée dans le sillage de la déclaration de la SOFITEX dont nous avons publié un large extrait dans notre précédente édition, à une ou deux nuances près.
La campagne a été mauvaise; c’est un fait qui est confirmé par l’UNPC-B. La nouveauté c’est son ampleur. Jusqu’à quel point la campagne a-t-elle été mauvaise pour les producteurs? La question reste posée ; mais si on s’en tient à la déclaration lue par les responsables de l’UNPC-B, il y a comme un vrai problème à régler en urgence pour calmer la montée de la tension. Après une tournée auprès de sa base de septembre à octobre 2017 pour s’imprégner de l’état de la campagne, l’UNPC-B a soumis en janvier 2018 des propositions urgentes à l’interprofession dont elle est partie prenante. Ces propositions se résument en 7 points: en dehors du premier point sur les causes de la contre-performance, cinq autres sont concentrés sur comment gérer les conséquences de cette campagne au niveau producteurs (voir encadré) ? Les producteurs ne veulent pas supporter à eux seuls la charge des crédits intrants à rembourser. C’est du kif-kif qu’ils demandent aux sociétés cotonnières; c’est-à-dire diviser la facture en deux pour soulager les paysans. Dans leurs doléances, ils souhaitent également non seulement que le reste des crédits intrants soit échelonné sur les prochaines campagnes, mais aussi que les sociétés cotonnières ne mettent pas en branle la caution solidaire pour apurer les crédits intrants, au risque de déstabiliser les sociétés coopératives.
Cependant, il y a que le 6e point des propositions faites par la faitière des producteurs est revenu sur la qualité des intrants, entretenant une fois de plus un doute sur la qualité de certains intrants servis aux producteurs. Elle recommande fortement la mise à disposition d’intrants de qualité et non sujets à polémiques.
L’UNPC-B reste dans une posture de dialogue et de concertations au sein de l’interprofession et avec les autorités pour trouver des solutions appropriées aux préoccupations des producteurs. C’est ainsi qu’elle appelle au dialogue et non à la confrontation: « L’UNPC-B prône, jusqu’à présent, la voie de la concertation et du dialogue avec les partenaires des sociétés cotonnières, les banques et l’Etat, pour trouver les solutions idoines aux problèmes des producteurs de coton.
La filière coton n’a besoin ni de confrontations ni de violences; mais plutôt de concertations et dialogues. C’est la voie choisie par le Conseil d’administration de l’UNPC-B qui est en contact permanent avec ses démembrements, pour porter leurs doléances et préoccupations au niveau des partenaires».

JB


Le cahier de doléances de l’UNPCP-B

«Une rencontre de l’AIC-B s’est effectivement tenue le 26 janvier 2018 à Ouagadougou. Rencontre au cours de laquelle l’UNPC-B a fait les propositions suivantes:
– Situer les producteurs sur les causes de la mauvaise campagne agricole 2017-2018
– Trouver une formule pour réduire de moitié les crédits intrants afin de soulager les producteurs (les producteurs supportent une partie et les sociétés cotonnières supportent l’autre partie)
– Ne pas mettre en exergue la caution solidaire cette campagne qui risque de déstabiliser les SCOOP-PC
– Echelonner le reste des crédits de cette campagne dus par les producteurs sur 2 à 3 ans
– S’il y a un prix d’achat complémentaire du coton graine, il ne doit pas être frappé par les crédits intrants de cette campagne
– Ne pas mettre en place les intrants qui ont fait l’objet de polémiques sur le terrain avec les producteurs et chercher des intrants de qualité, surtout les insecticides».


Coton Bt: la position de l’Union

Les raisons pour lesquelles la filière coton du Burkina a décidé de la suspension de la culture du coton OGM au profit du coton conventionnel ont été largement expliquées au sein de l’AIC-B à travers un mémorandum.
«L’UNPC-B est pour le Coton génétiquement modifié (CGM), car nous sommes tous conscients de ses avantages.
Cependant, pour l’intérêt général de la filière coton du Burkina ; constatant que le Burkina perdait son label lié à la qualité de la fibre ; que la filière coton perdait énormément d’argent ; que le coton burkinabè se vendait difficilement, l’AIC-B a donc décidé de la suspension temporaire du CGM au profit du coton conventionnel, en collaboration avec les autres acteurs.
Les échanges continuent au sein de l’AIC-B pour trouver la meilleure variété de CGM qui puisse assurer le bonheur de tous les acteurs de la filière coton au Burkina.
L’UNPC-B s’active à ce qu’une solution soit trouvée rapidement au retour du CGM, de concert avec les sociétés cotonnières et l’Etat».

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