Bientôt la fin du désordre et des confusions de tout genre dans la profession et les opérations de publicité ? Au sein de Publicitaires associés (PA), l’association professionnelle qui regroupe à ce jour plus d’une cinquantaine d’agences de communication présentes sur le sol burkinabè, on annonce qu’à partir du 12 juin 2018, l’on entrera dans une nouvelle ère qui est celle de l’assainissement dans le domaine. L’association a animé une conférence de presse le 25 janvier dernier sur les dispositions du nouveau Code de la publicité, ses conséquences sur la pratique actuelle et les enjeux, notamment en termes d’adaptation des acteurs.
En novembre 2015, sous la Transition, une nouvelle loi réglementant la publicité a été adoptée par le Conseil national de la Transition (CNT). Pour qu’elle puisse entrer en vigueur, cette loi avait besoin d’être accompagnée par un décret pris en Conseil des ministres et définissant «les conditions et les règles pour l’exercice des professions publicitaires». Depuis le 12 juin 2017, ce décret a été signé. Il précise que les entreprises de droit burkinabè et étranger exerçant dans le domaine de la publicité au Burkina ont 12 mois pour se conformer. Ce qui fixe donc la date butoir au 12 juin 2018 pour l’entrée en vigueur de la nouvelle réglementation sur la publicité.
Les publicitaires réunis au sein de PA, «désireux de vivre leur passion et de participer au développement économique», ont trouvé en la nouvelle loi une occasion «rêvée» pour lutter à la fois contre l’informel, la concurrence déloyale et le manque de professionnalisme de certains acteurs.
«Pendant longtemps, nous avons assisté de façon impuissante à la dégradation et la dévalorisation de notre profession. La publicité est devenue un métier que n’importe qui peut exercer, les agences de publicité prolifèrent de toute part, les entreprises de commerce de général se considèrent souvent comme des agences de publicité. La plupart des agences sont «mobiles» et les gérants se déplacent avec leur papier en-tête et leur cachet. N’ayant pas de charges, ces derniers cassent les prix, livrent des produits de mauvaise qualité et portent ainsi un coup à l’image de toutes les agences de publicité», regrette madame Cécile Gouba/Naon, la présidente de PA.
Cette organisation des publicitaires adhère entièrement aux dispositions du nouveau Code qui, selon elle, prend en compte les préoccupations des acteurs, défend les droits des consommateurs et crée une structuration des métiers de la publicité. Le Code adopté en 2015 remplace la loi sur la publicité de 2001 qui apparaissait finalement incomplète avec des dispositions devenues obsolètes.
Le présent Code définit le champ d’application de la profession de publicitaire, oblige les acteurs à se spécialiser, détermine les conditions d’exercice et fixe les obligations des professionnels du domaine de la publicité.
Au-delà du fait que chaque entreprise publicitaire doit être clairement identifiée conformément à la réglementation, les conséquencesqu’entraine le nouveau Code au sein des acteurs ont pour noms «professionnalisme», «rigueur» et «honnêteté», vis-à-vis pour la clientèle.
La nouvelle réglementation reconnait dans la profession de publicitaires quatre acteurs distincts. Il s’agit de «l’Agence-conseil en publicité », «l’Editeur publicitaire», «la Régie publicitaire» et «le Courtier en publicité».
Ces acteurs travaillent à réaliser «les Opérations de publicité» en permettant aux «annonceur» d’accéder et de profiter des «supports publicitaires» qui sont des espaces de communication liés aux médias et hors-médias. Tout cela, en suivant des règles clairement établies.
A propos des opérations de publicité, la nouvelle réglementation exige que toute création soit signée par son auteur et soit respectueuse des mœurs, évite le mensonge et les interdits énoncés dans le texte de loi.
Le non-respect de ces dispositions entraine des sanctions suivant la nature du délit. Un ensemble de choses qu’il faut désormais connaitre et respecter. D’ailleurs, le ministère chargé de la Communication travaille actuellement à la création d’une autorité qui sera chargée spécifiquement de réguler les activités de publicité, en veillant surtout à garantir des contenus positifs pour la société.
A propos de professionnalisme, PA a prévu d’ores et déjà de travailler à sensibiliser et à former ses membres. Un appel a été lancé aux autres acteurs à se conformer aux nouvelles exigences. Surtout à ceux qui exercent aujourd’hui dans l’illégalité et dans l’ombre, à respecter la loi.
Karim GADIAGA
Un marché croissant qui attire
Les chiffres concernant le marché global de la publicité ne sont pas précis et actualisés. Ce, en raison notamment de la présence d’un grand nombre d’acteurs exerçant dans l’ombre et l’illégalité dans le domaine.
Tous les acteurs s’accordent néanmoins sur le fait que le marché de la publicité est en constante progression et attire de nombreux acteurs. Il y a 20 ans, le chiffre d’affaires officiel des acteurs était estimé à 10 milliards de F CFA. Aujourd’hui, on est largement au-delà, selon PA. «La publicité fait entrer beaucoup d’argent», laisse-t-on entendre.
Autour de ce marché, il y a la cinquantaine d’agences membres de PA, celles qui sont légalement constituées, mais non affiliées à PA ; et surtout les agences informelles exerçant dans une certaine «clandestinité». A ce jour, PA estime le nombre d’agences du pays à environ 200, dont une grosse partie est constituée d’acteurs illégaux.