L’heure du réveil semble sonnée pour le Burkina en matière de réformes visant à améliorer son classement le Doing Business (DB), un mécanisme élaboré par la Banque mondiale. Les reculs successifs enregistrés dans les classements des dernières années ont fait réagir le gouvernement. A présent, la volonté est de permettre au pays de retrouver le rythme de ses années de gloire. Il s’agit notamment de la période 2005-2010 où le Burkina Faso a été classé au 4e rang des 5 pays réformateurs les plus constants au niveau mondial.
A l’occasion du Conseil des ministres du 7 décembre 2017, le gouvernement a décidé de la création d’un «dispositif institutionnel de pilotage et de suivi de l’amélioration du climat des affaires».
Un décret portant création, attributions, composition, organisation et fonctionnement de ce dispositif a, en effet, été adopté pour le compte du ministère du Commerce, de l’Industrie et de l’Artisanat. Le dispositif devrait réunir et créer un cadre de concertations permanentes entre les ministères dans les secteurs concernés par les indicateurs de performance mesurés par le mécanisme DB. Il devrait, particulièrement, travailler à identifier les goulots d’étranglement dans le développement des affaires et contribuer à les résoudre. Dans les faits, les actions de ce dispositif devraient aboutir à la création par le gouvernement d’un environnement institutionnel, législatif et réglementaire propice à l’investissement privé.
En rappel, le rapport Doing Business mesure chaque année dix indicateurs de performance dont la «création d’entreprise», «l’obtention du permis de construire», «le raccordement à l’électricité», «l’obtention de prêts», «la protection des investisseurs minoritaires», «l’exécution des contrats», «le règlement de l’insolvabilité», «le commerce transfrontalier».
Le gouvernement espère que la mise en place du dispositif de pilotage va permettre d’améliorer le classement du Burkina Faso dans les prochains classements en matière de facilité de faire des affaires. Une ambition qui traduit également sa volonté d’accompagner le secteur privé dans ses missions de création d’emplois et de richesses, puissant vecteur d’une économie dynamique. En effet, l’amélioration du climat des affaires favorise la croissance économique.
Dans le rapport DB/2018 ; le tout dernier publié en octobre 2017 et qui considère la situation et les réformes effectuées sur la période comprise entre juin 2016 et juin 2017 ; le Burkina se positionne au 148e rang mondial sur 190 pays concernés par l’étude. Or, dans l’édition précédente (DB/2017), le Burkina occupait la 146e place. Ce qui constituait déjà 3 places perdues parce qu’en 2016 le pays avait obtenu la 143e place mondiale. Des reculs successifs qui semblent avoir piqué au vif le gouvernement et l’avoir poussé à sonner sa révolte. Choses d’autant plus plausibles que le chef de ce gouvernement, Paul Kaba Thiéba, avait annoncé dans sa déclaration de politique générale, début février 2016, des mesures qui viseront à «aligner le climat des affaires du Burkina sur les bonnes pratiques internationales, de manière à ce que notre pays figure dans le Top 10 du classement africain». Or, jusque-là, la seule réforme significative opérée par son gouvernement est celle qui a consisté, à partir de mai 2016, à rabaisser le capital minimum exigé à la création d’une SARL de 100 mille à 5 mille F CFA.
Il était donc temps d’avoir un engagement plus concret sur le terrain. La création du dispositif devrait certainement booster les actions en faveur de l’amélioration du climat.
Dans sa déclaration de politique générale, en février 2016, le Premier ministre du Burkina avait donné les indications précises sur ce en quoi consisteront les mesures qu’il ambitionnait de prendre.
«En matière de création d’entreprise, à offrir des procédures en ligne et à supprimer l’exigence du capital minimum», avait-il dit. «S’agissant de l’obtention des permis de construire, à mettre en place un ensemble cohérent de règles régissant le secteur du bâtiment et à délivrer les autorisations en fonction des risques». «Au sujet du raccordement au réseau électrique, à simplifier les procédures et à réduire les coûts de connexion».
«Au titre du transfert de propriété, à mettre en place des bases de données électroniques sur les hypothèques et les titres fonciers accessibles en ligne. Les frais relatifs aux transferts de propriétés seront fixes et réduits». «En ce qui concerne l’obtention du crédit, à mettre rapidement en place le Bureau d’information sur le crédit ou Crédit bureau». «Un accent particulier sera accordé à l’informatisation du Registre du commerce et du crédit mobilier (RCCM), ainsi qu’à la facilitation de la réalisation des sûretés par les créanciers. Mettre en place un nouveau modèle de développement centré sur le renforcement du capital humain», avait-il ajouté. Des promesses qui pourraient afin être tenues grâce à la nouvelle volonté affichée.
Karim GADIAGA
Interpellé spécialement sur le critère «Obtention de prêts»
C’est sur l’ensemble des critères que le Burkina Faso devrait travailler à soigner ses scores afin d’améliorer son classement. Toutefois, le dernier rapport DB a ciblé un critère sur lequel un accent particulier devrait mis. Il s’agit notamment de celui relatif à l’ «Obtention de prêts», où le Burkina est véritablement à la traine. Ce point constitue un véritable frein au développement des affaires au Burkina.
De DB/2017 à DB/2018, ce critère essentiel n’a connu aucune évolution à même de changer le score du Burkina. C’est également sur cet indicateur que le pays enregistre l’un de ses plus bas scores (30/100). Le score le plus bas (29,42/100) est lié au «Raccordement à l’électricité».
Comme dans le rapport DB/2017, le meilleur score du Burkina concerne le critère de la «Création d’entreprise» (88,17/100). Sur ce critère pris de façon isolée, le Burkina occupe la 74e place mondiale sur les 190 pays.