A la faveur des premières élections municipales organisées sous la IVe République en 1995, il a été élu premier maire de la commune urbaine de Gaoua. Aujourd’hui, Honoré Hien Sansan (né en 1943) est en train de se couler une retraite paisible à Gaoua, entouré des siens. A L’Economiste du Faso, il confie son admiration du changement positif qu’a connu sa ville de cœur.
L’Economiste du Faso: Relatez-nous un peu l’historique de la ville de Gaoua ?
Honoré Hien Sansan, premier maire de la ville de Gaoua : Dans le passé, la ville de Gaoua était un gros village où les gens se connaissaient tous. Le centre-ville était habité par quelques commerçants dioulas et des anciens combattants. Il n’y avait pas assez d’infrastructures, et toutes les maisons étaient en banco. Les habitants sont restés conservateurs. Quand il y avait une manifestation, on voyait qu’on était en pays Lobi, parce que les habitants sortaient avec leurs habits traditionnels, leurs carquois, leurs arcs et les plumes de calao sur leurs têtes au moment d’exécuter des pas de danse. Pendant la période coloniale, on fêtait beaucoup le 14 juillet, fête d’indépendance française. Les gardes-cercles défilaient avec les anciens combattants suivis d’écoliers. J’ai eu la chance de prendre part à ces défilés, et j’en garde de grands souvenirs. Gaoua était une vraie ville de cabarets qui grouillaient de monde. Gaoua était le chef-lieu du cercle, et Diéboubou, Batié et autres étaient des sous-divisions de ce cercle. Les investissements sérieux ont commencé quand Gaoua est devenue une province. Malheureusement, l’éloignement de la capitale est un facteur qui ne plaide pas pour le développement de Gaoua.
Pourquoi on appelle Gaoua la Colline de Bafudji ?
Pour les collines, ça se voit. Gaoua est une ville entourée de collines. Bafudji est l’un des premiers habitants que le colon est venu trouver. C’est un homme qui était très courtois envers le colonisateur et très sage, et c’est pourquoi son nom est resté dans l’histoire. Contrairement à lui, les autres Lobi étaient réticents aux colons à cause du paiement de la patente (impôts). Bafudji n’est tout de même pas le fondateur de la ville de Gaoua.
– A votre arrivée à la tête de la mairie, Gaoua comptait combien d’habitants ?
18.000 habitants.
A combien était le budget communal à l’époque?
Le budget de la commune était de 15 millions de FCFA.
Quelles ont été vos grandes réalisations en tant que 1er maire de la ville?
Elu, je nourrissais beaucoup d’ambitions pour le développement de la ville. Je voulais transformer la ville de Gaoua, tant dans la mentalité que dans les aspects infrastructurels. C’est ainsi que j’ai élaboré un projet de développement de la ville qui concernait la santé, l’éducation et le social. Mon projet de développement était l’un des meilleurs, à tel point que l’Agence Faso Baara m’a décerné le premier Prix de développement.
Je me suis investi à réfectionner les 8 grands ponts de la ville pour faciliter l’assainissement. J’ai aussi doté la ville d’un nouvel abattoir, d’un hôpital et d’une ambulance. La gare routière et le lycée municipal ont été construits sous mon mandant, de même que d’autres infrastructures socioéconomiques.
Près de deux décennies après votre départ de la mairie, comment voyez- vous aujourd’hui l’évolution de cette ville ?
Gaoua a beaucoup évolué. Evidemment, la commune à elle seule ne pouvait atteindre ce niveau de développement, avec les budgets communaux que nous connaissions. Mais, avec les festivités marquant le 11-Décembre, fête de l’indépendance du Burkina Faso, on voit que l’Etat a injecté beaucoup d’argent pour doter Gaoua de nombreuses infrastructures. Aujourd’hui, la ville a reçu 50 km de bitume, de nouvelles voies ont été tracées et des feux tricolores ont été installés.
Comment accueillez-vous le fait que la ville que vous avez dirigez abrite aujourd’hui la fête de l’indépendance ?
C’est une grande nouvelle pour les habitants de Gaoua, car elle apporte un plus au développement de la cité.
RD
Pourquoi dit-on des Lobi qu’ils sont le peuple guerrier du Burkina Faso ?
Les Lobi sont un peuple guerrier. Ils ne se séparent jamais de leurs carquois, de leurs arcs, de leurs flèches et de leurs plumes de calao sur leurs têtes ; dans le style des guerriers Apaches. Les Lobi les portent par instinct de survie, car ils sont toujours sur leur garde, au cas où ils seraient attaqués.
Ils ne veulent pas être surpris en cas de bagarre ; donc ils préfèrent être toujours prêts pour faire face à toute attaque. Les Lobi et les Birifor ont les mêmes mœurs, les mêmes parents. Ils portent les mêmes noms et pratiquent les mêmes initiations. Il est ainsi difficile de faire une différence entre Lobi et Birifor.