450 km. C’est la distance qu’il faut parcourir depuis Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, pour rallier Gaoua, en pays Lobi. Un trajet qui dure environ 6 heures. 6 longues heures d’attente et, soudain, au détour d’une colline, voir dresser devant soi l’une des plus belles régions du pays.
La rencontre avec une culture fascinante, hypnotisante et quasi-mystique, qui fait oublier la fatigue du voyage. Gaoua et ses grandes collines présentent un paysage sublime ; tantôt sauvage, tantôt rurale ; rythmé par le mode de vie des Lobi.
Une famille qui compte 7 peuples en son sein. Il s’agit des Lobi, des Birifor, des Djan, des Pougouli, des Thuni, des Gan et des Dagara. Ces peuples, communément appelés Lobi, partagent plusieurs points communs ; en premier lieu l’architecture.
Le peuple guerrier par excellence
Les Lobi, dont le nom signifierait «Enfants de la forêt», viendraient du Ghana. Considérés comme des fermiers, des chasseurs et des éleveurs, ils sont avant tout des guerriers. Farouches et intrépides résistants aux velléités des conquérants européens ou africains, les hommes s’y promenaient il y a un encore peu de temps arc à l’épaule et carquois fourré de flèches autour de la taille. Confrontés aux raids et razzias esclavagistes, les Lobi ont poussé l’art de la guerre jusque dans la structure de leurs habitations : des cases forteresses.
Insondables et impénétrables de l’extérieur, ces habitations Lobi sont constituées d’une large concession rectangulaire de type forteresse dont l’entrée se situe sur une terrasse qui n’est traditionnellement accessible qu’avec une échelle que les familles peuvent retirer pour se défendre des attaques. La terrasse ainsi formée par la construction permet de dormir en plein air durant les nuits les plus chaudes précédent l’hivernage. Une cour intérieure permet à la fois de protéger les animaux domestiques et de servir de cuisine.
Les Lobi vouent aussi un vrai culte à leurs ancêtres. Ainsi, leur vie est rythmée par de nombreuses cérémonies. Les fétiches sont fondamentaux et omniprésents. Toutes les petites forteresses ont une pièce pour les fétiches familiaux gérés par le «chef spirituel», responsable des sacrifices, offrandes ou prières. Aujourd’hui, Gaoua a conservé sa singularité culturelle. Il s’agit d’une des cités les plus charmantes du Burkina, nichée entre des collines qui la surplombent d’une centaine de mètres. Gaoua est une ville des mystères, légendes et secrets occultes : le cœur des Lobi.
NK
La forteresse oubliée de Loropéni
Les spectaculaires et mémorables ruines de Loropéni consistent en des hauts murs impressionnants de moellons de latérite, allant jusqu’à six mètres de haut, entourant un grand établissement abandonné. Elles sont les mieux préservées parmi les dix forteresses similaires que comporte la région du Lobi, et font partie d’un plus grand ensemble d’une centaine d’enceintes en pierres. Elles semblent refléter la puissance et l’influence du commerce transsaharien de l’or et ses liens avec la côte Atlantique. De récentes fouilles ont permis des datations au carbone 14 suggérant que les murs d’enceinte de Loropéni remontent au moins au XIe siècle de notre ère et que le site a connu une période florissante entre le XIVe et le XVIIe siècle, le plaçant ainsi au cœur d’un réseau de constructions.
Profil administratif du sud-ouest
La région du Sud-ouest compte 4 provinces (Bougouriba, Ioba, Noumbiel et Poni); 28 communes et 1.065 villages. La population est estimée à 842.382 habitants selon les projections en 2017.
A côté de l’organisation administrative moderne, cohabite une organisation sociale de type traditionnel, gérontocratique dont la structuration est marquée par des clans et des lignages. Le maintien de l’ordre social est basé sur le respect de la hiérarchie du chef de ménage en passant par la concession, la famille, le clan, le coutumier jusqu’au village ou à l’inter-village. Dans le domaine foncier, le chef de terre est chargé de régler les litiges sur la base des lois et des règlements traditionnels qui régissent les sociétés.
L’organisation sociale est aussi basée sur le matriclan avec trois variantes: la parenté maternelle, le matriclan du père et la parenté paternelle. Dans le rameau «Lobiri» (Lobis et Birifors), la parenté maternelle est prédominante, source de frustrations de nos jours, dans le système d’héritage (le neveu prend l’héritage).
Chez les Dagara-Wiilé, l’héritage se pratique en excluant la mainmise des neveux sur les biens de l’oncle maternel. Les seuls héritiers légitimes dans ce système demeurent les frères ou sœurs consanguins du défunt.
La région est marquée par l’une des valeurs légendaires africaines qu’est la solidarité, et par des pesanteurs socioculturelles néfastes (lévirat, excision, successions matrilinéaires, dot, etc.).