On en sait un peu plus sur la physionomie de la campagne agricole à l’issue du point de presse du ministre en charge de l’Agriculture, le 27 novembre 2017. Les signes d’une campagne pas très satisfaisante se sont confirmés.
Les prévisions du gouvernement tablent sur 4,552 millions de tonnes de céréales pour cette campagne 2017/2018; soit une baisse de 0,32 % par rapport à la campagne 2016/2017. La situation au niveau des provinces fait ressortir 17 provinces sur 45 en situation de déficit. Pour le ministère de l’Agriculture, cette production céréalière rapportée aux besoins de consommation céréalière fait apparaitre un gap prévisionnel de 72.677 tonnes, avec pour conséquence la mise en insécurité alimentaire de près de 620.394 âmes pendant la période de soudure qui s’étale de juin à août 2018.
Au vu de cette situation, le premier responsable du département de l’Agriculture a annoncé un certain nombre de mesures pour gérer cette période qui s’annonce délicate. En principe, selon les explications du ministre Jacob Ouédraogo, les besoins alimentaires nationaux seront couverts si les exportations sont maitrisées; parce que «le rapport entre la production céréalière nationale et les besoins alimentaires nationaux fait ressortir un excédent net de six cent treize mille six cent quatorze (613.614) tonnes». C’est pour cela que les autorités comptent resserrer le contrôle à l’exportation des céréales afin de ne pas aggraver le déséquilibre. «Ce n’est pas une interdiction de l’exportation des céréales, mais pour le contrôle documentaire à l’exportation, les autorités seront plus regardantes», a précisé le ministre de l’Agriculture qui ne veut pas aller à l’encontre des textes communautaires. Car ce produit est soumis à certaines conditions pour l’exportation. Pour ce faire, une rencontre d’informations et d’explications a eu lieu avec les exportateurs, le jour de l’annonce des prévisions de campagne. A ceux-ci, la situation a été dépeinte, et ils se sont engagés à respecter les mesures de contrôle à l’exportation; mais surtout, les exportateurs «se disent disposés à entreprendre des actions pour approvisionner le Burkina Faso en cas de déficit avéré».
Outre cette mesure, le gouvernement a déjà anticipé l’approvisionnement des boutiques témoins. 25.500 tonnes ont été positionnées, il y a deux mois, pour un montant de plus de 5 milliards de F CFA. Ces boutiques témoins revendent à des prix subventionnés, aux populations, le sac de riz ou de maïs.
Mais le gouvernement ne compte pas s’arrêter là. Pour gérer la période de soudure, 95.000 tonnes seront collectées en 2018 pour combler le déficit annoncé. En outre, le nombre de boutiques témoins passera de 138 à 250 afin de mieux toucher les populations vulnérables. La constitution du stock de sécurité a été aussi engagée pour 50.000 tonnes. Et par un plan de riposte à l’insécurité alimentaire de 22 milliards de FCFA que compte mettre en place le gouvernement, il est prévu la distribution gratuite de vivres aux ménages en difficultés, la vente à prix subventionnés, la remise de cash et l’octroi d’intrants agricoles.
FW et MC (stagiaire)
On pense déjà à 2018
Le département de l’Agriculture; outre ses interventions traditionnelles en termes d’intrants, de semences améliorées et d’appui à la mécanisation; prévoit l’opérationnalisation d’un certain nombre de projets structurants. Il s’agit, entre autres, de la centrale d’achat d’intrants et de matériels agricoles.
Le projet d’une usine de fabrication d’engrais à base de phosphate à Kodjoari, dans l’Est du pays, entrera également dans phase de mise en œuvre effective. En matière de maitrise de l’eau, plus de 1.000 ha de périmètres irrigués et de bas-fonds sont prévus au profit des producteurs.