«Quelle gouvernance pour une participation optimale de la jeunesse au renouveau politique, économique et social du Burkina Faso ?» C’est sous ce thème jugé d’actualité et pertinent par l’ensemble des intervenants à la tribune que se sont ouverts les états généraux de la jeunesse, le 15 novembre 2017, à Ouagadougou. Pour cette grand-messe de la jeunesse burkinabè, ce sont 983 jeunes venus de l’intérieur et de la diaspora qui se sont réunis.
Selon leur porte-parole, Mahamoudou Ouédraogo, les jeunes entendent prendre toutes leurs places dans le processus de développement du Burkina Faso. Pour y arriver, il souligne qu’il appartient à l’Etat burkinabè de créer toutes les conditions favorables à leur plein épanouissement, surtout en matière de création d’emplois. Mais, il avertit que s’il est vrai que l’Etat à sa part de responsabilité, il est tout aussi vrai que les jeunes ne doivent plus tout attendre de l’Etat.
Pour Mahamoudou Ouédraogo, les jeunes doivent désormais se prendre en charge en explorant d’autres secteurs d’activités telles que l’agriculture, l’élevage et le secteur des services qui regorgent encore d’énormes potentialités. Un avis que partage le Premier ministre Paul Kaba Thiéba qui a laissé entendre que ces richesses sont jusque-là sous-exploitées par insuffisance de main-d’œuvre qualifiée, de la formation et plus généralement par l’inadaptation de notre système éducatif aux besoins de l’économie nationale. Pour lui, le gouvernement veut en finir avec un système éducatif qui forme des jeunes chômeurs sans avenir. C’est pourquoi, dit-il, la politique de l’éducation est en pleine refondation en vue d’accorder toute la place qui sied à la formation technique et professionnelle pour doter notre pays de la main-d’œuvre spécialisée dont il a besoin pour moderniser l’agriculture et l’élevage, le secteur des services ; et pour poser les fondements de son industrialisation. Il ajoute que la formation professionnelle qualifiante et l’apprentissage ne seront pas en reste. Le Premier ministre est revenu sur les évènements de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 où la jeunesse a été le fer de lance.
Il révèle qu’en plus de dire non à la révision de l’article 37 de la Constitution, la jeunesse a dénoncé le manque d’opportunités d’emplois. Une fois au pouvoir, le gouvernement Thiéba s’attèle à satisfaire à cette exigence. C’est ainsi que pour réduire le chômage et le sous-emploi des jeunes, 5 milliards de FCFA ont été injectés dans le Programme d’insertion socio-professionnelle des jeunes (PISJ), le lancement du programme «Burkina Start Up» doté de 10 milliards de FCFA sur 5 ans. A cela s’ajoute le recrutement de 10.950 jeunes pour les travaux de Haute intensité à main-d’œuvre (HIMO) dans les 45 provinces du pays et de 100 jeunes pour la formation à la conduite d’engins lourds.
Un autre volet important de ce programme est le financement de 500 projets structurants de jeunes diplômés et 500 autres projets pour l’insertion socioprofessionnelle post-HIMO des jeunes, le placement de 2.000 jeunes diplômés en stage dans les différentes entreprises. Il y a eu aussi le recrutement de 20.650 jeunes et femmes dans le cadre des HIMO au profit du ministère des Infrastructures. 500 petites et moyennes entreprises à travers le Fonds burkinabè de développement économique et social (FBDES) ont été créées. Sans oublier le programme d’autonomisation économique des jeunes et des femmes (PAE/JE) lancé dans le cadre du Plan national de développement économique et social (PNDES).
Il est attendu de ce programme la création de 90.000 emplois directs et de plus de 100.000 emplois indirects sur une période de 3 ans. Pour sa part, le ministre de la Jeunesse, de la Formation et de l’Insertion professionnelles, Dr Smaïla Ouédraogo, a mentionné que cette rencontre sera meublée de 3 caucus, 5 panels composés de 15 sous-thèmes animés par 18 conférenciers.
Le Premier ministre et la représentante résidente du système des Nations-Unies au Burkina Faso ont indiqué que les recommandations issues de ces travaux de trois jours seront entièrement mises en œuvre pour le grand bien des jeunes. Il faut noter que ces états généraux de la jeunesse coûteront au trésor public la somme de 150 millions de FCFA.
RD
Employabilité des jeunes: une «révolution» en vue
Pour booster l’employabilité des jeunes, le ministère en charge de l’Emploi s’est doté en 2017 d’un document intitulé «Des changements pour une jeunesse citoyenne au service du développement du Burkina Faso» comportant trois objectifs et quatre axes stratégiques. Cette nouvelle vision consiste à construire une administration moderne, capable de promouvoir l’employabilité et d’élever la conscience citoyenne de la jeunesse, d’anticiper et de combler la demande en formation professionnelle, afin d’offrir à chaque jeune burkinabè la chance d’obtenir un emploi décent d’ici à 2020. Les trois objectifs majeurs visent à améliorer l’employabilité des jeunes, à promouvoir l’entrepreneuriat des jeunes et à réduire au maximum le nombre de jeunes sans-emplois. Quant aux axes stratégiques, ils se fondent sur la gouvernance, la restructuration, la réforme et la mise en place d’une logique organisationnelle adéquate pour l’opérationnalisation de la nouvelle vision. Le contenu des projets et programmes sera revu, ainsi que l’adéquation entre les besoins du marché et les curricula au profit des entreprises privées. Le document révèle que la fonction publique, à elle seule, ne peut pas résoudre la question d’emploi. Pour cela, il faut que les jeunes portent des projets et aillent dans le privé.