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Migration mixte: le Burkina, pays de transit et de retour

 

Avec 35 à 40% de sa population vivant à l’étranger, le Burkina Faso représente le pays d’émigration par excellence en Afrique de l’Ouest. Il est aussi un pays de transit et de retour pour les candidats à la migration mixte. Depuis le début de l’année et jusqu’au 1er octobre 2017, le pays a accueilli 24.492 réfugiés et demandeurs d’asile. Concomitamment, depuis le début de l’année, 527 migrants burkinabè ont effectué un retour volontaire au pays.
Une situation qui a incité le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) a organisé un cadre de concertation des partenaires de la migration mixte.
Un atelier qui s’est tenu du 17 au 18 octobre autour du thème «Personne en mobilité: quelle stratégie de protection?»
L’objectif de ce cadre vise une réflexion sur le contexte burkinabè en matière de flux migratoires mixtes, afin de formuler des recommandations qui devraient permettre d’améliorer et de mieux coordonner l’action de tous dans le domaine.
Pour la représentante du HCR au Burkina Faso, Gogo Hukportie, si la migration mixte n’est pas un phénomène nouveau ; ces dernières années, elle a «évolué dans son ampleur, sa complexité et son imprévisibilité».
Selon l’Organisation internationale pour la migration (OIM), depuis janvier 2017, plus de 100.000 migrants sont arrivés en Europe. Au cours des 8 premiers mois de l’années, 2.200 migrants et réfugiés ont trouvé la mort en tentant de traverser la Méditerranée.
«De plus, des centaines de migrants et de réfugiés africains ont également été soit retrouvés morts, soit portés disparus, ou sauvés in extremis dans le désert du Sahara qui est devenu un véritable cimetière à ciel ouvert».
Et la représentante du HCR au Burkina Faso de se faire plus alarmante. «Le décompte des victimes fauchées sur la route qui devrait les mener jusqu’en Lybie, point d’embarquement principal pour les migrants et les réfugiés africains qui souhaitent rejoindre l’Europe, ne cesse de grossir depuis le début de l’année. Parmi ces migrants, le nombre de personnes en provenance d’Afrique de l’Ouest est en proportion considérable et progressivement en hausse», a affirmé Mme Hukportie, à la cérémonie d’ouverture des deux jours de travaux.

Plus de 2.500 décès entre janvier et août 2017

Selon les statistiques du secrétariat régional pour les migrations mixtes (RMMS), en août 2017, 3.914 migrants et réfugiés sont arrivés en Italie via la route centrale méditerranéenne. Le nombre de personnes arrivées en Espagne a plus que doublé entre janvier et août en comparaison avec la même période en 2016, passant de 7.200 à 15.300.
De même, entre janvier et juin, 4,9 millions de personnes ont été nouvellement déplacées en raison de conflits et de violences, et 4,5 millions de personnes ont été déplacées à cause de catastrophes. En Afrique de l’Ouest, de nouveaux déplacements importants liés aux conflits et à la violence au cours des six premiers mois de 2017 comprenaient 162.000 personnes déplacées internes en Gambie et 142.000 au Nigeria. Le centre africain pour les études stratégiques a publié une infographie en août, soulignant la crise des déplacements en Afrique, avec 20 millions de personnes enregistrées comme déplacées à travers le continent. 75% des personnes déplacées sont originaires de cinq pays: la RDC, le Nigeria, la Somalie, le Soudan du Sud et le Soudan, et deux tiers de la population déplacée est constituée de déplacés internes.
Entre janvier et août, 13.277 enfants non accompagnés et séparés sont arrivés en Italie par voie maritime, principalement originaires de Guinée (1.736), de Côte d’Ivoire (1.381) et de Gambie (1.337).
Entre janvier et août 2017, 2.543 migrants et réfugiés sont décédés ou portés disparus dans la mer méditerranéenne, dont 151 personnes en août.

Les routes de l’Afrique de l’Ouest vers l’Europe

Même si la confusion actuelle entre les travailleurs migrants en Afrique du Nord et les autres flux migratoires vers l’Europe est problématique, il reste que beaucoup d’Africains de l’Ouest ; qu’ils soient en transit ou bloqués en Libye, en Tunisie, en Algérie et au Maroc ; visent en fin de compte ; à traverser la Méditerranée. Il existe actuellement deux routes principales d’Afrique du Nord vers l’Europe.
La route de la Méditerranée occidentale, reliant le Maroc à l’Espagne par le détroit de Gibraltar, et les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla.
La route de l’Ouest a régulièrement représenté entre 2 et 8% du total des traversées identifiées. La route centrale (ou nord) méditerranéenne, reliant la Libye et, dans une moindre mesure, l’Egypte et la Tunisie à Italie du Sud, est la plus choisie par les migrants d’Afrique de l’Ouest.
La flexibilité des agents et des réseaux de contrebande permet un redéploiement rapide des routes de migration à différents niveaux, selon les circonstances.
Selon le HCR, les routes empruntées par les migrants à partir de l’Afrique de l’Ouest vers l’Europe passent souvent par le Burkina Faso.
«Toutefois, force est de reconnaître que ces migrants en transit sont invisibles, et leurs problèmes sont ignorés», a déclaré Mme Hukportie. Face à l’amplitude et la complexité de ce phénomène, il faut une mobilisation de tous les acteurs pour des réponses coordonnées.
Pour ce faire, c’est Simon Compaoré, ministre d’Etat et ministre de la Sécurité, qui a été invité à la rencontre de concertation.
Pour lui, face à la migration mixte, le «gouvernement s’engage à s’impliquer davantage».

NK


Le programme d’urgence pour le Sahel pourrait-elle faire office de solution ?

Le Burkina Faso vit depuis le 4 avril 2015 sous la menace des groupes terroristes, et cette situation constitue une grande préoccupation pour le gouvernement. Et ce, d’autant plus que ce phénomène de type nouveau menace la paix, la sécurité et la stabilité ; et partant, le développement du pays. Le gouvernement a donc décidé de la mise en place d’un programme dénommé «programme d’urgence pour le Sahel», pour la période 2017-2020.
Le programme d’urgence pour le Sahel répond aux préoccupations soulevées par les populations locales lors des tournées ministérielles dans la région du Sahel.
La zone d’intervention retenue par le programme est la région du Sahel. Et il est étendu à 4 communes frontalières du Yatenga et du Lorum, pour des raisons de découpage militaire et de défis sécuritaires et socio-économiques communs à ladite région. Les bénéficiaires directs du programme sont la population, les collectivités territoriales, les chefs de circonscriptions administratives locales et les Forces de défense et de sécurité (FDS).
Le programme d’urgence pour le Sahel a pour objectif de contribuer à l’amélioration de la sécurisation des personnes et des biens dans la région du Sahel. Cet objectif global se décline en objectifs spécifiques que sont: (i) améliorer l’accès aux services sociaux de base et la résilience des populations; (ii) améliorer la gouvernance administrative et locale et (iii) renforcer la sécurité des populations et de leurs biens.
Le programme comporte quatre (4) composantes : (i) une composante «socio-économique», (ii) une composante «gouvernance administrative et locale», (iii) une composante «sécurité et défense publiques» et (iv) une composante «gestion du programme et appui institutionnel».
Le coût estimatif et provisoire du programme pour 2017 est de 88,55 milliards de FCFA et de 366,79 milliards de FCFA pour la période 2018-2020, soit un coût global de 455,34 milliards de FCFA sur la période 2017-2020.
Source : Comité de rédaction du PUS-BF

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