Trois communicateurs se sont évertués à animer un panel économique sur le «suivi-évaluation citoyen du PNDES» organisé par Free Afrik, dans le cadre du projet Présimètre, avec l’appui de l’ONG Diakonia et de l’Union européenne, le 11 octobre 2017, à Ouagadougou. Le Dr Alain Siri, secrétaire permanent du PNDES, a, par l’occasion, présenté les réalisations de 2016 et de 2017 de ce référentiel. Le Dr Abdoul Karim Saidou, quant à lui, a interrogé le plan sous l’angle de l’insécurité et du terrorisme; et enfin le Dr Ra-sablga Ouédraogo a fait une analyse critique de la gouvernance dans le cadre de la mise en œuvre dudit référentiel.
Le secrétaire permanent du PNDES, dans sa présentation, a mis l’accent sur les grandes réalisations de 2016 et de 2017 ; établissant ainsi un rapport entre ce qui était prévu et ce qui a été effectivement réalisé. Pour 2016, les chiffres sont connus. L’Economiste du Faso en a largement rendu compte dans son édition N°222 du 8 octobre 2017: 57,2% de taux d’exécution physique et une exécution financière de 64,8%. Pour 2017, les derniers chiffres étaient attendus vendredi dernier, à l’occasion de la revue extraordinaire organisée par le secrétariat permanent du PNDES. Sur les difficultés qui ont impacté la mise en œuvre des actions du PNDES, figurent la mise en place tardive des budgets (spécifiquement pour 2016), le retard accusé dans les études techniques, les incapacités de certaines entreprises à honorer leurs contrats. En outre, le SP/PNDES a mis le doigt sur une des faiblesses de l’administration publique: le manque de données statistiques actualisées dans certains secteurs.
A côté des réalisations physiques, le Dr Saïdou du Centre pour la gouvernance démocratique (CGD) a abordé les enjeux sécuritaires et la réconciliation nationale. Ces deux questions, mal gérées, pourraient impacter la mise en œuvre du plan. Il s’est appuyé sur les engagements du président Kaboré, notamment la révision de la politique de défense nationale et la réorganisation des forces armées.
Jusqu’ici, seul le plan stratégique de réformes de l’armée a été adopté; alors qu’il devait découler de la politique nationale de défense. Et, le forum national sur la sécurité, lui, est prévu pour la seconde quinzaine du mois d’octobre. Le Premier ministre, dans sa déclaration de politique générale, avait également annoncé une loi de programmation militaire qui serait, selon Dr Abdoul Karim Saidou, un outil de sécurisation du budget de l’armée; en cette période où des investissements sont plus que nécessaires. Cette loi de programmation militaire est toujours en attente, selon le conférencier. Il a surtout mis le doigt sur la cohérence des politiques publiques dans le domaine sécurité, qui comporteraient des doublons dans les missions des agences de renseignements. Des choses sont énoncées dans le programme présidentiel, mais ne sont pas prises en compte dans le PNDES ; et en matière suivi, l’on est en face de deux structures: le bureau de suivi du programme présidentiel et le secrétariat permanent du PNDES. Toute chose qui pourrait entrainer des problèmes de lisibilité de l’action publique.
Concernant la réconciliation nationale, le conférencier estime qu’une stratégie commune est indispensable entre les acteurs politiques et sociaux afin de savoir dans quelle direction le pays souhaite s’engager ; dans un contexte où une partie souhaite la justice avant la réconciliation et où une autre partie voudrait que la réconciliation fasse l’économie de la justice. Le HCRUN (Haut-Conseil pour la réconciliation et l’unité nationale), qui est chargé de faire des propositions dans ce sens, n’est pas encore opérationnel, de l’avis du conférencier. Il va jusqu’à douter de son efficacité s’il demeure dans son format actuel.
Pour la gouvernance, le Dr. Ra-sablga Ouédraogo a fait des constats touchant plusieurs secteurs dont la lutte contre la corruption dans l’administration publique.
La loi anti-corruption est un acquis qui devrait être consolidé. Mais à ce niveau, l’Autorité supérieure de contrôle de l’Etat et de la lutte conte la corruption (ASCE-LC) n’a pas encore la plénitude de ses moyens.
Sa meilleure dotation date de la période de la transition, en 2015, avec 327 millions de F CFA contre seulement 215 millions de F CFA en 2017. Il se pose ainsi une question de volonté politique, alors que l’institution, selon la loi, devait bénéficier de dix fois plus de moyens. Autre problème de gouvernance: l’efficacité de l’administration publique. Laquelle efficacité est mise à mal par la journée continue comportant moins d’heures travaillées, un climat social tendu fait de grèves à répétition.
A titre d’illustration, il fait noter que 39 grèves ont été déclenchées en 2016. A un trimestre de la fin de l’année 2017, le compteur marque déjà 38 mouvements de grève et sit-in. Pour l’économiste Ouédraogo, ces jours non travaillés mettent en danger la mise en œuvre des politiques publiques du fait de la démobilisation des agents à l’occasion. Pour lui, il est désormais indispensable de remettre l’administration au travail, car c’est elle le bras exécutant du PNDES.
FW
Remaniement ?
Au cours du panel sur le suivi-évaluation citoyen du PNDES, le Dr Abdoul Karim Saïdou balancé ce qu’on pourrait appeler un petit scoop. Il a évoqué la possibilité d’un remaniement ministériel. Toute chose qui plomberait certaines actions au sein de l’exécutif. Le fait aurait pu s’arrêter là si le docteur n’y avait pas insisté dans ses propos, comme pour convaincre de l’imminence de l’événement. On attend de voir !