Les tensions autour du site aurifère de CFA Lougou, dans la Komandjari, ont fait l’actualité au cours des deux semaines écoulées. Elles posent les questions non seulement de l’opération d’abornement de la frontière Burkina Faso-Niger, mais aussi celles des potentialités minières de la zone de l’Est du pays.
En ce qui concerne les conflits frontaliers, les deux pays ont, dans un communiqué conjoint signé le 25 septembre dernier, décidé de «reconnaître que le site aurifère en question se situe en territoire burkinabè». Selon nos confrères d’Actu Niger, c’est sur instructions des présidents des deux pays que les ministres en charge des questions de frontières ont eu cette rencontre de travail à Niamey.
La délégation burkinabè conduite par Siméon Sawadogo, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, comprenait le Colonel Ousmane Traoré, gouverneur de la région de l’Est; Joséphine Kouara Apiou/Kaboré, secrétaire permanent de la commission nationale des frontières; Athanase Bouda, directeur des exploitations minières artisanales et semi-mécanisées au ministère des Mines et des Carrières, et Bassogban Somandé, technicien géomètre à l’Institut géographique du Burkina.
La rencontre des ministres a été précédée de celle des techniciens des deux délégations tenue dans la matinée du 25 septembre 2017. En plus de la reconnaissance du site de CFA Lougou comme territoire burkinabè, les deux délégations ont décidé de sa fermeture en attendant la matérialisation de la frontière. Il y a ainsi un statu quo dans la gestion de la frontière, de façon générale, en attendant le parachèvement de la mise en œuvre effective de l’arrêt de la Cour internationale de justice. Pour ce faire, une réunion d’urgence de la Commission technique mixte d’abornement (CMTA) sera convoquée à l’effet d’échanger sur le chronogramme du bornage de la frontière. Conformément à l’arrêt de la CIJ, les deux pays ont jusqu’à 2018 pour finir l’abornement de leurs frontières. Une opération qui devra être accompagnée d’une mission conjointe de sensibilisation des populations frontalières.
NK
95 permis de recherches d’or
La région de l’Est du Burkina a toujours été réputée pour son insécurité. Entre vente anarchique de carburant en pleine ville et attaques et autres agressions à mains armées, l’Est du pays est classé zone dangereuse depuis des années.
Le conflit autour du site aurifère de CFA Lougou a permis de découvrir la zone sous un autre aspect. En dehors de son potentiel agro-sylvo-pastoral, son potentiel n’a pas encore fini de livrer tous ses secrets. Environ 95 permis de recherches d’or ont été déposés dans toutes les 5 provinces que compte la région (voir tableau NDLR). Elles concernent toutes la recherche d’or et les plus vieilles datent de 2010. Il faut noter que ces données datent de 2014, et la plupart des permis ont expiré. Une grande mine y est en construction, celle de Boungou, propriété de SEMAFO.
L’origine du conflit
Le site aurifère de CFA Lougou est situé entre le département de Torodi au Niger et la province de la Komondjari au Burkina Faso. De ce fait, les populations burkinabè et nigérienne s’y côtoient. Elles vivaient en harmonie jusqu’en 2010, année où un site aurifère a été découvert.
Les deux populations ont commencé à se quereller après la découverte du gisement d’or. Récemment, c’est l’arrivée des soldats nigériens sur le site pour le sécuriser qui a attisé la dispute autour du site. La réunion entre les deux pays, le 25 septembre dernier, a permis de trouver une issue pacifique au différend frontalier. Le Niger a reconnu que le site aurifère de CFA Lougou fait effectivement partie du territoire burkinabè. Pour l’heure, les deux délégations ont décidé de la fermeture immédiate dudit site, en attendant la matérialisation effective des nouvelles bornes afin de calmer la tension. Outre ces décisions, quatre autres mesures ont été prises dont l’organisation conjointe d’une mission de sensibilisation des populations et l’accélération des nouvelles délimitations.