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Gaz : La SONABHY voit grand

 

En pleine saison des pluies où la demande en gaz butane connait un pic de consommation, L’Economiste du Faso a rendu visite à la Société nationale burkinabè des hydrocarbures (SONABHY), pour non seulement comprendre la récurrence des «pénuries», mais surtout pour en savoir plus sur comment cette entreprise entend juguler ces pénuries et faire face à une demande toujours croissante.
Les projections tablent sur une croissance de 20% par an.
La question de la pénurie a été vite balayée d’un revers de la main par ce justificatif : «En 2016, à la même période, il n’y avait pas de problème d’approvisionnement des ménages».
Cette année, la grève des transporteurs est avancée comme la cause des désagréments, pour avoir bloqué tout le système pendant quelques jours. A la SONABHY, le directeur du contrôle de gestion et son équipe sont catégoriques: «Il est abusif de parler de pénuries, dans la mesure où le produit est disponible dans nos sphères, et que nos équipes se relayent quelques fois 24h/24 pour couvrir la demande».
Ils pointent un doigt accusateur sur la chaine de la mise à disposition des bouteilles aux consommateurs. Pour le directeur du contrôle de gestion, si les acteurs de la chaine ne jouent pas bien leurs rôles, on peut avoir des problèmes. Un des goulots d’étranglement reste «la disponibilité de bombonne de gaz». L’idéal, selon les techniciens de la SONABHY, est de voir les marketeurs disposer de 3 bombonnes pour 1 client. Toute chose qui permettrait un bon roulement. Ce qui n’est pas le cas actuellement.
Du côté des marketeurs, l’on se dit conscient des enjeux, mais cela nécessite de gros investissements. Pour le directeur commercial de la Sonabhy, André Ki, les retards de paiement de la subvention du gaz aux marketeurs est souvent évoqué comme un frein aux investissements d’acquisition de bombonnes. Pour le directeur du contrôle de geston, «un marketeur devrait avoir, pour l’équivalent de sa part de marché, 2 ou 3 fois son nombre de bombonnes pour un bon roulement».

Après Péni, Fada et Kaya sont en lice pour abriter des dépôts secondaires.

Une chose est sûre, la consommation est partie pour doubler d’ici à 5 ans, si l’on s’en tient au taux moyen de croissance de 17% des 5 dernières années. La SONABHY anticipe donc sur ses capacités de stockage par l’inauguration du dépôt de Péni, dans la zone de Bobo-Dioulasso, à l’Ouest du pays. Cette inauguration a eu lieu le 29 juillet dernier en présence du chef de l’Etat. Cette infrastructure a coûté la bagatelle de 19 milliards de F CFA, faisant passer la capacité régionale de stockage actuelle de 200 tonnes à 2.100 tonnes.
Cette augmentation de capacité permet une autonomie de 25 jours au lieu de 3 auparavant. Pour l’ensemble du pays, la norme exige 120 jours d’autonomie et 30 jours de stock de roulement. En attendant, la région de l’Ouest dispose désormais d’un stock qui lui permet de tenir 25 jours.
C’est pour cela que Péni sera répliqué; la société nationale ayant prévu un plan d’investissement consistant en la construction de stocks régionaux de gaz d’ici à 2030. A moyen terme, il s’agit d’équiper la moitié des 13 régions de dépôts secondaires, explique Bakary G. Kambou. «Une carte pétrolière a été établie, et le gaz est le produit pour lequel des dispositions ont été prises en urgence. D’ici à 2020, 50% des 13 régions devraient être couverts par des dépôts secondaires. Ces infrastructures vont contribuer à créer des emplois directs et indirects dans les provinces», se réjouit-il.

FW


«Garantir le stock de sécurité», une mission ultime de la SONABHY

«La mission première de la SONABHY est de garantir un stock de sécurité pour le pays en matière d’hydrocarbures gazeux ou liquides. Pour cela, nous devons construire des infrastructures pour stocker ces produits. Nous avions hérité de deux dépôts: celui de Bingo à Ouaga et de Bobo, qui sont devenus vétustes. Celui de Bingo que nous avons rénové et sécurisé est à 35 km de Ouaga. Initialement, ce dépôt était dans la zone industrielle de Gounghin. Il a donc été délocalisé. Le dépôt de Bobo-Dioulasso se trouvait dans le centre-ville et constituait une source d’insécurité potentielle pour la zone industrielle à cause des produits dangereux que nous exploitons. Mais, il fallait finir le chantier de Ouaga avant d’aborder celui de Bobo. D’autres projets sont aussi en cours», précise Bakary G Kambou.


Péni: un projet vieux de 17 ans

Le projet est vieux de 17 ans. Le terrain a été acquis en 2000. Et, en 2007, les techniciens ont commencé le chiffrage du projet et la recherche de financement. Cette recherche de financement n’a pas été des plus simples, explique un conseiller technique de la SONABHY.
Après plusieurs tentatives auprès d’institutions financières internationales et régionales, et handicapée en son temps par un risque-pays élevé, la SONABHY a dû se résoudre à financer son projet sur fonds propres, après des études complémentaires en 2014. Le lancement des travaux est intervenu en 2015 et l’inauguration officielle du dépôt de Péni le 29 juillet 2017.

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