Le débat sur l’opportunité pour le gouvernement d’alléger les processus de signature des projets PPP a subitement fait monter le mercure politique, avec en première ligne le chef de file de l’opposition, Zephirin Diabré, et le président du parlement, Salif Diallo. Curieusement, ces deux hommes politiques se sont «attaqués», drapés de leurs costumes de chef de parti, plutôt que de ceux de président d’institution. La suite, on la connait. L’opposition a déserté l’hémicycle afin de ne pas voter cette loi qu’elle estime ouvrir la porte à la corruption et qui ferait perdre de l’argent à l’Etat. Un ping-pong politique qui, pour une fois au moins, met les intérêts de l’Etat au devant de la scène. L’opposition veut préserver les deniers publics de la prédation des hommes du pouvoir. Eux, par contre, crient la main sur le cœur que cette loi devrait permettre «la mise en place d’un dispositif d’urgence pour une durée limitée et dans des domaines bien circonscrits, en vue d’accélérer les procédures de contractualisation, pour permettre un meilleur taux d’engagement et d’exécution des projets PPP». Le gouvernement promet de la transparence et dit mettre à contribution l’autorité de contrôle de l’Etat, pour montrer sa bonne foi. Qui croire enfin?
L’opposition est dans son rôle de mettre le gouvernement sous pression. Elle n’a pas confiance, et l’a fait savoir. Paul Kaba Thiéba et son équipe ont désormais le dos au mur ; lui qui veut des résultats, du concret à présenter aux Burkinabè d’ici le mi-mandat du président Kaboré. Au rythme très lent où les dossiers se ficèlent, et dans le contexte socio-économique fait de défiance à l’autorité, la moisson ne s’annonce pas prometteuse. Cette loi prend donc une dimension politique. D’où ces positions tranchées. Le gouvernement à six mois pour rassurer l’opinion sur ses bonnes intentions. Dans le cas contraire, il se livrerait à la vindicte de l’opposition.
Abdoulaye TAO