Selon les statistiques de l’Organisation mondiale de la santé (Oms), en 2012, le nombre de nouveaux cas de cancers s’élevait à 14,1 millions à travers le monde, pour 8,2 millions de décès. De l’avis des spécialistes, ces chiffres vont augmenter au fil des ans à cause de trois facteurs essentiels au nombre desquels: l’augmentation et le vieillissement de la population mondiale d’ici à 2030 et l’augmentation de la fréquence des cancers. Au Burkina Faso, le cancer de foie est l’un des plus répandus parmi la population mâle et femelle. Pourtant, il est bien possible d’éviter cette maladie. Pour avoir de plus amples informations sur la maladie et les moyens de l’éviter, L’Economiste du Faso a rencontré le Docteur Aboubacar Bambara, chef de service cancérologie au Centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo (CHU/YO).
L’Economiste du Faso : Qu’est-ce que le cancer du foie, la cirrhose et l’hépatite B ou C ?
Docteur Aboubacar Bambara, chef de service cancérologie au CHU/YO: Le cancer primitif est dû à une multiplication anarchique des cellules du foie, avec possibilités de coloniser d’autres organes pour donner des localisations secondaires ou métastases. Il faut ajouter que ce cancer survient en général sur des problèmes déjà existant sur le foie, tels que la cirrhose et l’hépatite B ou C. Le cancer du foie secondaire est la localisation cancéreuse d’un cancer primitif; c’est-à-dire, un cancer hors du foie et même très loin du foie. Le cancer du sein peut donner des localisations secondaires au niveau du foie. Ce phénomène est appelé métastase. La cirrhose, quant à elle, est une maladie chronique au cours de laquelle le foie se couvre de tissus fibreux qui provoquent la décomposition progressive du tissu hépatique qui se remplit de tissus graisseux. La cirrhose est le plus souvent la conséquence d’un alcoolisme de longue date, mais elle peut aussi être provoquée par la malnutrition, l’hépatite ou d’autres infections. Cette cirrhose peut évoluer ou pas vers un cancer du foie. En ce qui concerne l’hépatite B ou C, c’est une maladie infectieuse du foie dûe à une attaque des cellules hépatiques par le virus hépatique B ou C, entrainant son inflammation. Son évolution peut se faire vers une cirrhose et un cancer du foie. Neuf fois sur dix, il est responsable du cancer au Burkina.
Quelle est la situation du cancer du foie au Burkina ?
Selon l’organisation mondiale de la santé (OMS), le cancer du foie est le premier cancer commun aux deux sexes. Selon les statistiques de mes collègues hépato-gastro-entérologues (spécialistes des maladies de l’appareil digestif), le cancer du foie est parmi les premières causes d’hospitalisation au Burkina Faso. Les facteurs de risque de la maladie sont les hépatites B ou C, l’alcoolisme et le tabagisme. En ce qui concerne la guérison ou non du malade atteint du cancer du foie, tout dépend du stade. Si le patient arrive à l’hôpital à un stade précoce, avec de petites lésions sur le foie (taille inférieur à 2 cm), aura plus de chance d’avoir un traitement curatif, avec donc la possibilité de guérir. Malheureusement, la majorité des patients que nous rencontrons en consultation est constituée de près de 60 à 80 % de malades à des stades avancés, avec donc de grosses difficultés de guérir.
Peut-on éviter le cancer du foie ?
Oui, nous avons dit que, dans la grande majorité, la cause principale du cancer du foie est l’hépatite B ou C. Donc, toute personne doit se faire dépister et connaitre ainsi son statut sérologique en ce qui concerne l’hépatite B ou C. Si le statut est négatif, il existe donc le vaccin préventif contre l’hépatite B. Il faut en ce moment absolument se faire vacciner. L’alcool et le tabac sont aussi à éviter. Le cancer du foie existe bel et bien au Burkina, et la cause est le plus souvent l’hépatite virale B ou C. Tout le monde doit se faire dépister et connaitre son statut sérologique B ou C. Je formule une pensée pieuse à l’endroit de tous ceux qui sont atteints et affectés par le cancer du foie en particulier et par le cancer en général.
Germaine BIRBA
Un vaccin pour prévenir
Dans la majorité des cas, la cause principale du cancer du foie est l’hépatite B ou C. Pourtant, il existe un vaccin contre l’hépatite, malheureusement pas connu de tous, mais disponible dans les centres adéquats. Ce vaccin devrait être plus vulgarisé afin de sauver de nombreuses vies. Il est au prix de 7.500 FCFA la dose.
Les hépatites
Hépatite A
L’hépatite A est une maladie hépatique virale dont l’évolution peut être bénigne ou grave. Le virus de l’hépatite A se transmet par l’ingestion d’eau ou d’aliments contaminés ou par contact direct avec une personne infectée.
Presque tout le monde guérit complètement de l’hépatite A en étant immunisé pour tout le reste de la vie. Néanmoins, on enregistre une très petite proportion de sujets infectés qui meurent d’hépatite fulminante.
Le risque d’infection par le virus de l’hépatite A est lié au manque d’eau potable et à l’insuffisance d’assainissement et d’hygiène (mains sales par exemple).
Les épidémies peuvent prendre un caractère explosif et provoquer des pertes économiques importantes.
Il existe un vaccin sûr et efficace pour la prévention de l’hépatite A.
L’approvisionnement en eau potable, la sécurité sanitaire des aliments, l’amélioration des installations d’assainissement et le vaccin contre l’hépatite A sont les moyens les plus efficaces pour combattre la maladie.
Hépatite B
L’hépatite B est une infection virale qui s’attaque au foie. Elle peut être à l’origine de maladies aiguës ou chroniques. Le virus se transmet par contact avec le sang ou d’autres fluides corporels provenant d’une personne infectée.
Environ 240 millions de personnes souffrent d’une infection chronique due au virus de l’hépatite B (définie comme la positivité à l’antigène de surface de l’hépatite B pendant au moins 6 mois).
Plus de 686.000 personnes meurent chaque année des suites d’une infection à l’hépatite B, notamment de cirrhose ou de cancer du foie.
L’hépatite B est un risque professionnel important pour le personnel de santé.
Il est possible de la prévenir par un vaccin sûr et efficace dont on dispose actuellement.
Hépatite C
L’hépatite C est une maladie du foie causée par un virus.
Le virus de l’hépatite C peut entraîner à la fois une infection hépatique aiguë et une infection chronique, dont la gravité est variable, pouvant aller d’une forme bénigne qui dure quelques semaines à une maladie grave qui s’installe à vie.
Le virus de l’hépatite C est un virus transmis par le sang et les modes d’infection les plus fréquents résultent de pratiques d’injection à risque, d’une mauvaise stérilisation du matériel médical et de l’absence de dépistage du sang et des produits sanguins avant transfusion.
À l’échelle mondiale, 130 à 150 millions d’individus sont porteurs chroniques de l’hépatite C.
Pour un nombre important des personnes atteintes par la forme chronique de la maladie, l’infection évolue vers la cirrhose ou le cancer du foie.
Environ 700.000 personnes meurent chaque année de pathologies hépatiques liées à l’hépatite C.
Les médicaments antiviraux permettent de guérir environ 90% des sujets infectés par le virus de l’hépatite C, réduisant ainsi le risque de décès dus au cancer hépatique ou à la cirrhose, mais l’accès au diagnostic et au traitement est insuffisant. Actuellement, il n’existe pas de vaccin contre l’hépatite C, mais la recherche dans ce domaine se poursuit.
Hépatite D
Le virus de l’hépatite D (VHD) est un virus à acide ribonucléique (ARN) qui a besoin du virus de l’hépatite B (VHB) pour se répliquer. L’infection par le VHD ne peut être qu’une co-infection simultanée due au VHB ou à une surinfection.
Le virus se transmet par contact avec le sang ou d’autres liquides biologiques d’un sujet infecté.
La transmission verticale de la mère à l’enfant est rare.
Environ 15 millions de personnes dans le monde ont une co-infection chronique due au VHD et au VHB.
Il n’existe pour l’instant aucun traitement antiviral efficace pour l’hépatite D.
La prévention de l’hépatite D passe par la vaccination contre l’hépatite B.
Hepatite E
L’hépatite E est une maladie du foie provoquée par l’infection par un virus: le virus de l’hépatite E (VHE).
On estime chaque année à 20 millions le nombre d’infections par le virus de l’hépatite E, à plus de 3,3 millions de cas aigus d’hépatite E et à 56.000 le nombre de décès liés à la maladie.
L’hépatite E régresse généralement spontanément, mais peut évoluer en hépatite fulminante (insuffisance hépatique aiguë).
Le virus de l’hépatite E se transmet par voie fécale-orale, principalement à travers de l’eau contaminée.
L’hépatite E sévit partout dans le monde, mais sa prévalence est plus élevée en Asie de l’Est et du Sud.
Un vaccin préventif de l’hépatite E a été mis au point et est homologué en Chine, mais il n’est pas encore disponible ailleurs.