Editorial

Deniers publics

L’Autorité supérieure de contrôle de l’Etat et de lutte contre la corruption (ASCE-LC) vient de remettre son rapport sur l’exercice 2015 de certaines structures de l’administration publique. Son périmètre n’est pas focalisé sur la Transition, même si l’on parle de rapport 2015. Des dossiers qui remontent à 2012 et suivants y sont traités. Qu’importe!
Le constat est inquiétant au plan de la gestion administrative et financière du pays. 31 milliards de nos francs dissipés. C’est le bilan des malversations et des pertes subies par les caisses de l’Etat.
Certains des serviteurs de l’Etat se sont malheureusement servis, et bien servis dans certains cas. Et c’en est ainsi à chaque rapport. D’aucuns diront que c’est déjà un grand pas que de pouvoir enquêter et de mettre au grand jour ces cas de mauvaise gestion et de prédation des deniers publics. Mais, c’est la seconde étape qui fait désormais défaut: faire rendre gorge à toutes les personnes impliquées dans ces affaires afin que le Trésor public, spolié, rentre dans ses fonds. Cette bataille reste encore à gagner. De l’aveu-même du contrôleur général, les choses trainent encore du côté de la justice. Les procédures judiciaires pour crimes économiques seraient-elles plus compliquées? Ou bien, serait-ce parce que les dossiers auraient des implications que les citoyens lambda n’appréhendent pas bien?
La réforme de l’ASCE-LC et l’adoption de la loi anticorruption ne visaient-elles pas justement l’accélération des procédures judiciaires?
Manifestement, le patron de l’ASCE-LC n’est pas satisfait des suites données à ces dossiers par la justice. En plus, il propose de renforcer encore les maillons de la chaine de contrôle en initiant des audits réguliers par les inspections techniques. Ainsi, il préfère prévenir que guérir, surtout que les remèdes actuels ne permettent pas encore de sécuriser les deniers publics. Encore une réforme à se taper! o
Abdoulaye TAO

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