A partir de 2018, plus de Salon international de l’énergie, des mines et des carrières (SEMICA). Cette initiative privée du promoteur, Innocent Belemtougri, en matière de promotion des potentialités énergétiques et minières du Burkina Faso cède à une initiative gouvernementale. Le SEMICA fera désormais place à un salon unique co-organisé avec les ministères en charge de l’Energie, des Mines et des Carrières dénommé la Semaine des activités minières d’Afrique de l’Ouest (SAMAO).
C’est ce qui ressort de l’entretien que nous a accordé le 14 mai 2017 le promoteur du SEMICA. Fini donc ce que Innocent Belemtougri qualifie d’incompréhensions. Pour lui, les intérêts personnels ont fait place à l’intérêt général. Mais en attendant, le dernier SEMICA se tiendra du 25 au 27 mai 2017 à Ouagadougou sous le thème «Partenariats public- privé».
– L’Economiste du Faso: Que devient le SEMICA, quand on sait que vous avez eu quelques incompréhensions avec les ministères en charge de l’Energie, des Mines et des Carrières ?
Innocent Belemtougri, promoteur du SEMICA: Le SEMICA existe toujours et aura lieu du 25 au 27 mai 2017 à Ouagadougou. Pour revenir aux incompréhensions, cela a existé, mais les discussions se sont poursuivies avec les ministères. Toute chose qui nous a permis d’aboutir à un consensus qui est celui du rayonnement et du développement du Burkina Faso. Il en résulte des discussions que le SEMICA pouvait et devait se tenir et se maintenir dans sa forme que le public connait, pour peu que cela puisse se faire dans un cadre harmonisé qui corresponde à une certaine vision de l’action publique en matière de promotion du secteur des mines. Et ce cadre harmonisé a été structuré autour de la Semaine des activités minières d’Afrique de l’Ouest (SAMAO). Ce qui nous a conduit depuis quelques semaines à officiellement accepté d’entrer dans ce cadre harmonisé. Je puis vous dire que tout va très bien et que le SEMICA, sous la forme que vous connaissez, est à sa dernière édition en 2017. Sinon, en 2018, le SEMICA fera place à la SAMAO pour encore booster le secteur des mines, des énergies et des carrières du Burkina Faso, d’Afrique et du reste du monde.
– On sait qu’au départ, en tant que promoteur du SEMICA, vous étiez réticent à rejoindre les ministères pour un salon unique. Aujourd’hui, vous avez fini par accepter l’offre de l’Etat. Qu’est- ce qui vous a le plus convaincu alors ?
Je voudrais d’abord faire remarquer qu’au départ, nous n’avons pas refusé la main tendue du gouvernement. Nous avons, à l’époque, dit que les discussions devaient se poursuivre pour que chaque partie puisse y trouver son compte. Au moment où les autorités émettaient cette idée, j’avais trouvé que les choses allaient trop vite. Vous savez que, dans une négociation, quand toutes les parties n’ont pas toutes les réponses aux préoccupations des uns et des autres, cela peut susciter des inquiétudes de part et d’autre. Donc, nous avons pris le temps d’analyser la situation, d’analyser l’offre gouvernementale et d’en tirer la leçon et les enseignements nécessaires, pour conclure qu’il est utile que le secteur privé puisse se joindre à l’administration publique afin de promouvoir les potentialités du Burkina Faso. Au-delà de cet argument, nous avons senti, lors de nos discussions, une très grande ouverture quant à la nécessité de pérenniser le SEMICA, quant au bien-fondé des objectifs poursuivis par le SEMICA et aussi une hauteur de vue quant aux perspectives d’avenir au cas où nous arrivons à créer un cadre commun. Tout cela nous a confortés dans notre décision de nous joindre à la SAMAO. Vous n’ignorez pas que sur la scène internationale, le Burkina Faso demeure l’une des régions les plus prisées, mais aussi une des premières destinations énergétiques. Vous savez aussi que, de nos jours, le gouvernement a opté pour une politique énergétique axée sur les énergies renouvelables, en particulier le solaire. Cela représente une grosse opportunité pour les investisseurs privés nationaux et internationaux. Et nous, en tant qu’opérateurs privés, nous avons notre part à jouer dans la mise en œuvre du PNDES.
– Nous sommes à quelques jours de la tenue du SEMICA. Où en êtes-vous avec les préparatifs et quelles sont les innovations pour la présente édition ?
Le SEMICA 2017 sera meublé par 7 panels dont le thème général est le Partenariat public-privé (PPP), et cela colle à l’actualité du PNDES qui est bâti à 80% sur le PPP. C’est l’occasion pour nous de réfléchir sur comment est- ce que le secteur des énergies, des mines et des carrières peut contribuer par le PPP au succès du PNDES. A cette 6e édition du SEMICA, nous feront venir des experts nationaux et internationaux pour partager les expériences réussies en matière de PPP dans le monde avec les Burkinabè.
– Qu’en est-t-il du «student programme», trois ans après sa mise en œuvre ?
Le «student programme» a permis à des jeunes burkinabè de tirer profit du SEMICA à travers l’obtention d’emplois. C’est ainsi que 5 jeunes de notre «student programme» ont pu trouver des emplois dans le secteur minier, sans pour autant que le SEMICA ait eu à lever le petit doigt. Parce qu’en y participant, ils ont eu à rencontrer des aînés qui ont été des coachs, des mentors et qui ont décelé en ces jeunes des talents qu’ils pouvaient intégrer dans leurs entreprises. Il y a certainement d’autres jeunes qui ont eu des opportunités dont nous ne connaissons pas le nombre. Le premier bénéfice du «student programme», à notre avis, et c’est cela notre ambition, c’est que nos jeunes puissent en venant au SEMICA apprendre des choses que la formation académique classique ne leur enseigne pas forcément.
– Le SEMICA 2017 va coûter combien, et vous y attendez combien de personnes ?
3.000 participants attendus venant d’Asie (Chine), du Canada, d’Australie, d’Europe, d’Amérique et d’Afrique. Le budget d’organisation escompté était de 764.000 Dollars (NDLR : près de 400 millions de FCFA). La morosité économique internationale ne nous a pas permis de mobiliser ces ressources, mais le peu de soutiens que nous avons eu va nous permettre de tenir la manifestation dans une certaine qualité. Mais, d’ores et déjà, nous rendons grâce à Dieu. Nous remercions l’Etat et nos partenaires financiers qui vont permettre au SEMICA de se tenir dans les meilleures conditions possibles, et nous espérons pouvoir mieux faire aux éditions à venir.
Rachel DABIRE
Les différents panels programmés
– les concepts du PPP dans le domaine des énergies, des mines et des carrières
– Les PPP dans le contexte de l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables
– Les implications juridiques, fiscales et douanières des PPP
– Les expériences réussies de PPP à travers le monde, dans le secteur énergétique
et minier
– L’implication des acteurs privés dans la gestion des fonds miniers : quelles sont
les contraintes et les perspectives
– L’application du fonds de développement local
– Les formes de financement possible des PPP, la gestion de leurs risques et les
relations financières qui peuvent liées les parties dans le cadre des PPP.