48 heures sans chiffre d’affaires, une trentaine de clients évacués et près de 50 millions de F CFA de perte. C’est en somme le bilan de la crise qui a eu lieu les 29 et 30 avril derniers à l’hôtel Silmandé. Deux jours durant, l’un des plus grands hôtels de la capitale a dû fermer ses portes pour cause d’un mouvement d’humeur des employés de l’hôtel. Aucun service minimum, interdiction d’accès à l’hôtel, refus de négocier avec le directeur de l’hôtel dont ils exigeaient le départ.
Tout cela a eu pour conséquence l’évacuation des clients de l’hôtel vers d’autres établissements, pris en charge par la bourse de Silmandé. C’est donc deux jours de chiffre d’affaires qui ont été perdus, des dépenses supplémentaires pour la prise en charge des clients évacués et un gros coup porté à l’image de l’hôtel qui peu à peu commençait à redorer son blason.
Selon le bilan du directeur général de l’hôtel, c’est environ 40 à 50 millions de perte pour l’hôtel. Après 48 heures, des négociations avec le ministère du Tourisme ont permis sa réouverture, non sans des séquelles importantes. Mais qu’est-ce qui a bien pu conduire à cette situation?
Les clients de l’hôtel Sopatel Silmandé ont été réveillés dans la matinée du 29 avril dernier par un mouvement d’humeur des employés de l’hôtel qui réclamaient le départ de leur directeur général, sans condition. Cette situation a été engendrée par le licenciement d’un des employés de l’hôtel écroué par un audit interne de l’économat. Ayant constaté des irrégularités, la direction générale à décider de mettre fin à sa collaboration avec ledit employé. Une décision qui a eu du mal à passer du côté des employés qui la qualifient d’arbitraire.
Le sit-in improvisé le 29 avril dernier avait pour but de réclamer la réinsertion des employés licenciés depuis la venue du nouveau Directeur général, mais aussi d’exiger le départ de celui-ci. Selon Armand Tapsoba, le Délégué syndical, les décisions du Directeur général Oumar Sall sont arbitraires et sans fondement. En effet, depuis sa prise de fonction en 2014, c’est au total 11 employés de l’hôtel qui auraient été licenciés ou qui ont vu leurs contrats prendre fin. Une situation inacceptable pour le délégué général: «Nous estimons que la plupart des licenciements et des ruptures de contrat sont abusif. Dès l’arrivée de monsieur Sall, il a placé la rigueur au centre de sa mission. Nous ne sommes pas contre. Toutefois, il y a un peu d’exagération dans sa manière de faire. De plus, nous avons l’impression d’être mis à l’écart des prises de décisions et n’avons pas notre mot à dire».
Du côté de la Direction générale qui ne comprend pas ce mouvement d’humeur, ce sit-in n’avait pas sa raison d’être du moment où les travailleurs n’ont pas respecté les différentes procédures avant de lancer ce mouvement de grève.
Selon Oumar Sall, le licenciement de l’agent était bel et bien justifié, car des anomalies ont été constatées durant l’audit. «Il est vrai que depuis mon arrivé à la tête de l’hôtel beaucoup de choses ont changé, car j’ai décidé de mettre de la rigueur dans la gestion de l’hôtel et de balayer tout laxisme. Cependant, cette décision passe mal au sein des employés de l’hôtel habitués à une toute autre manière d’agir. Suite à un audit, nous avons constaté des irrégularités qui ont même été reconnus par le concerné. Ceci a valu la rupture de notre collaboration avec lui. Je ne comprends pas pourquoi les employés de l’hôtel se sont mis en grève pour exiger son réintégration, vu que des discussions au préalable n’ont pas eu lieu à ce sujet. J’estime que lorsqu’on a des revendications, on les soumet à qui de droit, on négocie et quand il n’y a pas d’issue, on décide de rentrer en grève. Il faut que les employés de l’hôtel comprennent que pour faire marcher une entreprise privée, il y a un certain nombre de règles à respecter et nous sommes toujours disposés à les écouter et à collaborer avec eux dans le but de faire avancer les choses».
En ce qui concerne la spontanéité de la grève, Armand Tapsoba reconnait n’avoir pas respecté les procédures préétablies par la loi, mais dit avoir été pris de cours car ayant constaté sur place la réaction de ses collègues en colère. Un accord n’a pas encore été trouvé entre les deux partis.
Toutefois, avec l’intervention du ministère du Tourisme qui a négocié la reprise des activités de l’hôtel, les employés ont fait revenir leurs collègues licenciés par la direction afin qu’ils reprennent le boulot. Les choses se passent bien en apparence pour le moment mais, du côté de la direction, la pilule a du mal à passer car elle sent son autorité remise en cause: «Nous n’acceptons pas cette manière de faire. Devons-nous fermer les yeux face aux irrégularités constatées parce que les employés ont décidé d’imposer leur manière de faire? Si pour un oui ou pour un non des employés prennent en otage des clients, je crois que les établissements privés risquent de prendre la clé des champs et ça sera une grosse perte non seulement pour eux, mais aussi pour tous les fournisseurs et prestataires de services qui gravitent autour de cette activité. Les employés peuvent certes faire la grève, mais en respectant les procédures en vigueur», a-t-elle affirmé. Affaire à suivre donc.
Germaine BIRBA
Un hôtel rénové
En 2014, l’hôtel Silmandé ouvre à nouveau ses portes après des travaux d’aménagement d’un coût global de 11 milliards. Silmandé comprend 160 chambres et 10 suites. Son personnel est en majeure partie le même depuis plusieurs années, mais du sang neuf a été également injecté afin de lui donner plus de dynamisme. C’est au total 140 personnes qui sont employées de manière directe et indirecte par l’hôtel qui depuis sa rénovation est sous la tutelle de la Société de la promotion et d’aménagement touristique et hôtelière (SOPATEL).