Le Barreau burkinabè, dans son ensemble, s’est retrouvé le jeudi 27 avril 2017 dans la salle de conférences de Ouaga 2000 pour sa rentrée solennelle. A cette rencontre biennale, les avocats ont décidé de se pencher sur une thématique d’actualité : « Les libertés dans les politiques publiques de sécurité: rôle de l’avocat ». Selon le barreau, ce thème va permettre de diagnostiquer les politiques publiques nationales sur la sécurité et de situer la place des libertés en leur sein, et le rôle que l’avocat doit jouer. Il s’agira, en particulier, à travers des communications techniques, de proposer des solutions axées sur l’efficacité et la performance de ces politiques sous le prisme des libertés fondamentales. Mais avant d’entrer dans le vif du sujet, les participants ont fait un diagnostic sans complaisance du sujet. Ils soulignent qu’à l’instar des autres nations, le Burkina Faso est depuis quelques années dans l’œil du cyclone des terroristes. En plus des attaques terroristes menées par des hommes sans foi ni loi et qui laissent sur le carreau des milliers de morts, le Burkina Faso est également confronté au grand banditisme et à la cybercriminalité.
A côté de ces menaces, le barreau révèle que l’Etat burkinabè est confronté à l’apparition d’un nouveau phénomène tel que les groupes d’auto- défense dit « Kolgwéogo ». Les avocats burkinabè attribuent leur apparition à une défaillance de l’Etat, amenant ainsi les populations à prendre fréquemment des initiatives pour protéger leurs biens et leurs personnes. Malheureusement, notent-ils, cela se fait au «détriment des principes du droit positif, sous les yeux manifestement impuissants de l’Etat ».
Dès lors, l’avocat, sentinelle de l’Etat de droit et des libertés, ne peut avoir une posture d’indifférence face aux défis qui se dégagent d’un tel contexte. Il a le devoir de s’interroger sur la place accordée aux libertés dans les politiques de sécurité. Plus exactement, il a la responsabilité de veiller à la promotion, la protection et la défense des libertés là où il y a une tendance à les méconnaître pour des raisons de sécurité. En effet, sécurité et libertés ont toujours été présentées comme deux choses contradictoires qui ne peuvent pas être poursuivies ensemble. Selon Me Mamadou Sawadogo, batonnier de l’ordre, il apparait plus qu’une nécessité pour le barreau de se réinterroger sur son rôle dans ce « duel ». Pour y parvenir, le bâtonnier de l’ordre des avocats burkinabè a suggéré que l’avocat puisse se former constamment pour être à la hauteur des enjeux du moment.
Pour le président du Faso qui a présidé la cérémonie d’ouverture: «L’approfondissement de la démocratie, la consolidation de l’Etat de droit et l’amélioration de la gouvernance sont des aspirations fortes des peuples et requièrent que les avocats soient conséquemment outillés pour une contribution efficace à l’expression de la justice, facteur de progrès, de paix et de stabilité politique». Il faut noter que cette rentrée a connu la présence des barreaux «frères», de la présidente de la Cour de justice de l’UEMOA, du président de la Cour de justice de la CEDEAO et de tous les anciens bâtonniers du Burkina Faso.
Rachel DABIRE