Depuis le 4 avril 2017, le Burkina Faso est sur la voie de se doter d’une caisse des dépôts et consignations. La concrétisation de ce vœu cher au Premier ministre Paul Kaba Thiéba a été matérialisée le même jour
par la signature d’un accord entre le ministre des Finances, Rosine H. Coulibaly, et les directeurs généraux de l’Agence française de développement (AFD), Rémy Rioux, et de la caisse des dépôts de France, Pierre- René Lemas.
En rappel, c’est au cours d’un de son premier passage devant les élus nationaux à l’hémicycle que Paul Kaba Thiéba avait annoncé sa volonté de doter le Burkina Faso d’une CDC. Selon lui, trois raisons principales plaident pour la création de la CDC.
Il y a le fait que le Burkina Faso soit confronté à une insuffisance de financement des investissements structurants, le manque de structures financières tierces de confiance sur le marché national et la nécessité de sécuriser et de rentabiliser des fonds de retraite et d’épargne.
«La CDC est l’alternative la plus crédible et la plus sérieuse pour apporter des solutions efficaces aux investissements massifs que nous comptons réaliser à travers des projets structurants», a-t-il rassuré sur la pertinence du projet.
Pour le Premier ministre, vu que les banques classiques hésitent à financer les projets à long terme, la CDC va pallier à cette insuffisance en étant l’une des solutions. «Nous allons transformer l’épargne à court terme pour financer les projets à long terme» fait-il savoir. Il poursuit que la CDC sera «le bras séculier et financier de l’Etat» burkinabè dans cette politique de mobilisation de l’épargne domestique pour le financement des infrastructures dans les secteurs de l’énergie, de la santé, de l’éducation, des transports, de l’économique numérique…
Au regard du fait que tout est prioritaire au Burkina Faso, le Premier ministre a laissé entendre que ce sont «les projets les plus structurants pour l’économie nationale qui seront priorisés». Foi du Premier ministre, «la CDC sera bientôt fonctionnelle».
Et c’est justement pour aller vite que le gouvernement a déjà soumis pour appréciation aux députés le projet de loi portant création de la CDC. Pour la réussite de ce projet, l’exécutif burkinabè s’est tourné vers la caisse des dépôts française qui totalise une expérience de 200 ans dans le domaine.
L’institution dirigée par Pierre- René Lemas compte apporter ses «conseils stratégiques, juridiques, financiers et organisationnels» au Burkina Faso. Les français se sont également engagés à mettre en œuvre une coopération bilatérale avec la future CDC pour appuyer son démarrage et son développement.
D’après Pierre- René Lemas, la caisse des dépôts est un «formidable outil de développement (…) qui protège l’épargne, transforme l’argent pour financer à long terme et qui garantit la confiance».
La CDC, pas concurrente de la CNSS et de la CARFO
Les conférenciers ont tenu à rassurer que la CDC ne sera pas en concurrence avec la CNSS et la CARFO, mais complémentaire. En plus, pour ceux qui s’interrogent sur la création d’une commission de surveillance parlementaire de la CDC, le Premier ministre a rassuré qu’il n’y aura pas de conflit entre les pouvoirs exécutif et législatif. Au contraire, dit-il, il s’agit d’instaurer «un équilibre institutionnel pour préserver l’intérêt général» incarné par les députés. Partenaire privilégié du Burkina Faso, l’AFD mobilisera, quant à elle, ses financements et son expertise en matière de définition et de modernisation des politiques pour la réalisation des études nécessaires à la création de la CDC. Il faut noter que la création de la CDC avait été discutée entre l’AFD, la Caisse des dépôts française et le gouvernement burkinabè en marge de la rencontre internationale sur le PNDES tenue le 6 décembre 2016 à Paris, en France.
Au cours de cette conférence de presse, le patron de l’AFD, Rémy Rioux, a annoncé les divers appuis financiers dont bénéficie le Burkina Faso de la part de l’institution. En plus des 400 millions d’Euros promis pour le financement du PNDES, Rémy Rioux a annoncé la signature d’une convention (5 avril 2017) de 80 millions d’Euros, soit 53 milliards de FCFA, avec la ville de Ouagadougou dans le cadre du Projet de développement urbain de la ville de Ouagadougou (PDDO). Ce projet important, deuxième du genre, selon lui, va permettre la réalisation de voiries, l’accès à l’eau potable et des réalisations dans d’autres domaines d’interventions qui seront mis en œuvre cette année. Une autre bonne nouvelle est la mise à la disposition des pays de l’Afrique de l’Ouest d’un fonds d’investissement commun dans les infrastructures doté d’un budget de 600 millions d’Euros octroyés par l’AFD et la Caisse des dépôts française.
Rachel DABIRE
Construction de la centrale solaire de Zagtouli: l’AFD contribue à hauteur de 15 milliards de FCFA
L’AFD, partenaire privilégié du Burkina Faso, intervient aussi dans le domaine de l’énergie solaire. C’est ainsi que présents à Ouagadougou, le directeur général de l’AFD, Rémy Rioux, et le directeur du groupe caisse des dépôts, René Lamas, accompagnés d’une forte délégation, ont visité le chantier de la centrale photovoltaïque de Zagtouli.
10 mois après le démarrage des travaux, cette centrale de 33 mW est à un taux d’exécution de 48%. Mais de l’avis des techniciens du chantier, la centrale sera livrée au gouvernement burkinabè en septembre 2017.
La particularité de cette centrale solaire est qu’elle va apporter de l’énergie propre à moins de 40 FCFA le kilowatt/heure aux consommateurs burkinabè. Toute chose qui va permettre de réduire la dépendance énergétique du pays à la Côte d’Ivoire.
D’un coût total de 47.500.000 Euros, soit 31 milliards de FCFA, cette centrale solaire est financée par l’Union européenne (sous forme de don à hauteur de 25 millions d’Euros, soit 16,4 milliards de FCFA) et l’AFD (sous forme de prêt à hauteur de 22,5 millions d’Euros, soit 15 milliards de FCFA).