Le 28 mai 2017 prochain, le corps électoral sera convoqué dans 19 communes pour des élections. L’organisation de ces élections un an seulement après les dernières municipales est une conséquence de la faillite des partis à leurs bases. Si dans certaines localités cet échec s’est traduit par un sabotage systématique et violent du processus électoral, dans d’autres où les élections avaient pu se tenir, il s’est manifesté par un grippage constant du fonctionnement des exécutifs municipaux. Une situation pas du tout amène au regard du besoin urgent des masses d’avoir à leur tête des leaderships authentiques à même de travailler pour hâter l’avènement des lendemains qui chantent la bonne gouvernance à la base et le développement endogène.
Dire que l’électoralisme, -ce comportement démagogique consistant à chercher à obtenir le suffrage des électeurs par tous les moyens-, ne manque pas dans nos processus électoraux est une lapalissade. Il est bien prégnant. L’organisation tardive des élections municipales dans les communes rurales de Zogoré, de Bouroum-Bouroum, de Béguédo et la reprise de ces mêmes joutes électorales dans les 16 autres localités manifeste clairement cette posture des partis politiques.
En ce qui concerne le cas des trois communes nommées, l’on se rappelle que la tenue des élections du 22 mai 2016 avait été compromise par les scènes de violences entre les différents partis politiques en lice. De véritables batailles de chiffonniers auxquelles s’étaient adonnées ces organisations politiques au point de prendre en otage le droit et le devoir des populations d’exercer dument leur citoyenneté à travers les élections. Pour le cas des autres communes, la difficulté s’est trouvée dans les processus d’installation et de fonctionnement des conseils municipaux. Comme une lèpre incurable, la volonté de préséance des partis politiques les uns sur les autres a été poussée à l’extrême, si fait que les exécutifs municipaux issus des joutes du 22 mai ont dû marquer le pas, ce qui a amené le gouvernement à procéder à leur dissolution pure et simple.
A l’analyse de tous ces faits, on peut aisément émettre des réserves sur les capacités gestionnaires des partis politiques au niveau local de sorte à se libérer de leurs intérêts égoïstes pour le bien-être des communautés. Pourtant, lors des campagnes, chaque chapelle cherchait à ravir la vedette à l’autre en matière de promesses de gouvernance et de développement.
Les partis politiques ont étalé par-dessus le marché leur immaturité, en matière d’organisation et d’expertise administratives, à être les métronomes de la gouvernance locale. Une situation qui n’est sans conséquence sur l’avenir et le devenir des communes en crise.
Encore de l’argent et de l’énergie perdus
Le président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) a fait une sortie médiatique avec les partis politiques lors de laquelle il a expliqué que le coût global de ces élections s’évaluait à 1,2 milliard. Il y a plusieurs critiques en cours par rapport à ce coût. D’aucuns estiment en effet qu’avec cette somme colossale, les élections du 28 mai prochain seront les plus chères jamais organisées au pays des Hommes intègres. Mais il faut souligner que plus cher ou pas, la réalité est que c’est de l’argent que l’on va devoir injecter à cause des turpitudes des partis politiques. Et cela dans un contexte de précarité économique et financière. L’argent que le gouvernement va débloquer pour rendre effective la tenue de ces élections aurait pu être utilisé dans d’autres secteurs prioritaires comme l’éducation et la santé où la demande la population est toujours exponentielle par rapport à l’offre de l’Etat.
Et le hic dans tout cela, c’est in fine les taxes et impôts que les populations paient pour participer à la politique de développement dont l’Etat a la première responsabilité et que l’on va ponctionner pour assurer l’organisation de ces élections. Cela tout simplement parce que des gens ont nourri une vision nombriliste de la politique et du pouvoir. Pendant ce temps, les autres communes qui ont fait l’économie de ce genre de dissentiments politiques ouverts sont en train d’avancer. En tout état de cause, il faut dire que tout cela induit un vrai retard pour les localités concernées dans tous les secteurs de la gouvernance et du développement à la base.
GL
Changer de vision dans la conquête et la gestion du pouvoir
Il est plus que jamais urgent que les partis politiques mettent de la responsabilité dans leurs façons de conquérir et de gérer le pouvoir. Jusque-là, la logique des partis politiques a été de mettre en ascendance leurs intérêts claniques sur les intérêts transversaux des populations locales. Au lieu de créer des cercles de compétition idéelle pour aider les populations à constituer à la base des socles de participation à la construction démocratique et socio-économique, les partis politiques ont toujours eu cette manie maladive de réduire l’avenir des populations à leur animosité politique et concurrentielle.
Si les partis sont fondés dans leurs revendications d’être des forces de proposition d’alternatives au plan local, les altercations qui ont déteint sur le fonctionnement des conseils municipaux au point de provoquer leur dissolution devront dorénavant cesser.
C’est pourquoi il y a cette nécessité que les partis politiques et leurs leaders, au lieu d’organiser des batailles rangées dans la population, de travailler à réconcilier cette dernière avec l’art de la gouvernance citoyenne.
C’est le seul socle solide de légalité et de légitimation pour eux, surtout pour les nouveaux responsables municipaux qui seront élus au soir du 28 mai 2017. Dans une telle perspective, le consensus en matière de gouvernance locale peut être trouvé afin que le rêve d’un monde meilleur soit permis aux populations.