Accroître le volume des investissements dans les secteurs de la culture et du tourisme en vue de renforcer leur rôle de moteur de la croissance économique. Les résultats attendus du fonds est le développement de la chaine des valeurs dans ces deux secteurs stratégiques. C’est cet objectif qui a poussé le Conseil des ministres en octobre 2015 à adopter un rapport relatif à un décret portant création du Fonds de développement culturel et touristique (FDCT). Un instrument qui, une fois en œuvre, devra permettre au gouvernement de développer un certain nombre d’actions pour booster ces deux secteurs et renforcer ainsi l’économie de la culture et le secteur du tourisme au Faso.
C’est cet objectif que poursuit Alphonse Tougouma depuis le 15 septembre 2016, date de son installation dans ses fonctions de DG du FDCT. Lors d’une visite dans les locaux de L’Economiste du Faso, M. Tougouma est revenu sur le patrimoine culturel et touristique du pays, ainsi que sur le mécanisme de financement et d’appui technique de la structure qu’il dirige.
Ces deux filières sont subdivisées en secteurs. Ceux-ci regroupent du côté de la culture le cinéma et l’audiovisuel, la musique, les arts de la scène, l’artisanat d’art et les arts du plastiques, le livre et l’édition.
Du côté du tourisme, on retiendra l’hébergement, la restauration, les voyages et l’organisation des circuits, le guidage touristique, les agences d’hôtes et d’hôtesses et la chasse.
Pour Alphonse Tougouma, «l’analyse globale du fonctionnement des différentes filières laisse percevoir une faiblesse de capacités opérationnelles des acteurs de la culture et du tourisme».
Une situation qui est due à la faible professionnalisation des acteurs, la faible compétitivité des produits et la persistance de l’informalité des entreprises.
D’où la nécessité de structurer l’économie de la culture et du tourisme, selon le directeur du Fonds. Il s’agira d’un plan en deux étapes. D’abord, «nous allons soutenir financièrement les deux secteurs et, ensuite, passer à la phase de renforcement des capacités», explique M. Tougouma. Pour ce faire, le FDCT entend développer un système pour rendre disponible les informations sur les industries culturelles et touristiques. Grâce à ces informations, le Fonds fournira des opportunités d’affaires aux partenaires des secteurs de la culture et du tourisme et, de l’autre côté, le financement les acteurs des deux secteurs.
Subventions, crédits, garanties
Afin de pouvoir apporter son concours financier aux secteurs de la culture et tourisme, le Fonds disposera de deux guichets d’interventions: un guichet «industries culturelles» et un guichet «industries touristiques». Le guichet «industries culturelles» recevra les demandes de crédits directs, d’avances sur recettes et de subventions aux projets culturels. Les activités éligibles sont: la création, la conservation, la production, la distribution, la diffusion, la commercialisation, la promotion, l’exploitation, la formation, les équipements et les investissements.
Le guichet «industries touristiques» recevra les demandes de crédits directs et de subventions des projets touristiques. Les projets concernent les segments de la chaine des valeurs des filières touristiques: la production, la promotion, la distribution, la commercialisation, la formation, l’équipement, l’aménagement, l’animation et les investissements.
Trois types de financement sont prévus par le Fonds de développement. Le premier est la subvention. «Qu’est-ce que nous gagnons ensemble»? Pour Alphonse Tougouma, tous les prétendants à la subvention du FDCT devront pouvoir dans leurs dossiers de demande répondre à cette question essentielle. D’un montant de 10 millions de F CFA, cette aide vise à développer l’économie d’un secteur donné. Pour ce qui est du crédit octroyé par le Fonds de développement, il permet au demandeur de se développer à travers son activité. Le montant plafond du crédit est fixé à 50 millions de F CFA.
La garantie est le dernier mode de financement. A ce niveau, le Fonds se réunit et choisit les projets à soutenir selon des critères établis. Une fois le dossier monté, il se porte garant de sa mise en œuvre au près d’une banque de la place. Le montant de cette garantie est de plus de 50 millions de F CFA.
A noter que pour sa mise en œuvre, le Fonds a besoin de financements, et les principales sources identifiées sont: le financement public national, l’appui des PTF, l’appui du secteur privé et les dons et legs. L’Etat étant le principal partenaire, il doit apporter une contribution de 15 milliards de F CFA en 5 ans. Pour l’année 2017, c’est une dotation de 500 millions de F CFA que l’Etat a avancée. La coopération suisse, pour sa part, a avancé 100 millions de F CFA et le Larlé Naba Tigré a contribué à hauteur de 5 millions.
NK
Principaux éléments d’analyse d’une demande de financement
• Conditions d’octroi de financement
Durée du prêt: la durée de remboursement d’un crédit ne saurait excéder 5 ans
Différé de paiement : il peut être appliqué un différé de paiement de 2 ans maximum selon la nature de l’activité.
Montant maximal du prêt: le montant du prêt est plafonné à 75 millions de FCFA.
Apport personnel: un apport personnel de 20% au moins est demandé à chaque porteur de projet
Taux d’intérêt: le taux d’intérêt est de 5%
Garanties: Titre foncier, Permis urbain d’habiter (PUH), cautionnement bancaire, cautionnement entre entreprises et toute autre forme de garantie
Modalités de remboursement: les remboursements peuvent s’effectuer selon une périodicité négociée.
Lieu d’exécution du projet: territoire national
• Éléments d’ordre financier
– la pertinence du plan d’affaires
– l’adéquation du coût du projet par rapport aux activités prévues ;
– l’apport personnel du porteur du projet ;
– la rentabilité du projet;
– l’efficacité des systèmes de production, de contrôle et de mise en marché ;
– la capacité de l’entreprise à honorer ses contrats
– la faisabilité, viabilité/pérennité du projet
– la cohérence du projet (méthodologie, adéquation coût / activités prévues…).
• Éléments d’ordre industriel
– les perspectives de croissance dans le marché visé
– le positionnement de l’entreprise (actuel et suite au projet) face à ses compétiteurs sur le marché domestique ou sur les marchés étrangers
– le financement visant la structuration industrielle excluant la création d’entreprises, sauf dans les cas jugés exceptionnels.
• Éléments d’ordre institutionnel
– l’expérience avérée du promoteur dans l’activité
– les compétences avérées des ressources humaines intervenant dans le projet
– l’impact économique, culturel ou touristique du projet
– la pertinence du projet par rapport aux politiques de développement
– le caractère innovant du projet.
• Elément d’ordre social
– l’impact sur la création d’emplois, la redistribution des revenus et la lutte contre la pauvreté ;
– la prise en compte des couches défavorisées.