Réaliser ou favoriser la réalisation de plus de 35 mille logements sur la période 2016 à 2020. C’est le pari pris par le gouvernement dans le cadre du Plan national de développement économique et social (PNDES) conçu pour cinq ans.
A travers son objectif stratégique qui vise à «améliorer le cadre de vie», le PNDES s’est engagé à assurer «l’accès à des logements décents pour tous». Plus précisément, cela passe par «la réduction de la proportion des populations urbaines vivant en zone non-lotie de 17,2% en 2014 à 10% en 2020, l’augmentation du nombre de ménages ayant accès à un logement décent de 4.572 en 2015 à 35.000 en 2020 et du nombre de ménages assistés dans l’auto-construction de 100 en 2015 à 5.000 en 2020». Même si mathématiquement on est encore loin de satisfaire les besoins multiformes des Burkinabè en matière de logement, ce programme est très ambitieux, comparativement à ceux qui ont été présentés dernièrement. On pense notamment au programme de 10 mille logements sociaux et économiques lancé en 2008 sous le président Blaise Compaoré.
Le PNDES vise très haut dans un domaine qui préoccupe de nombreux Burkinabè. C’est à l’honneur des initiateurs de ce programme qui peuvent alors bénéficier de la gratitude des populations ciblées s’ils le réussissaient. Mais cette promesse peut facilement devenir l’un des curseurs à partir duquel sera apprécié le bilan du quinquennat de Roch Kaboré. Gare donc à la désillusion.
Le programme de logements prévus par le PNDES concerne tout le territoire national. Par ailleurs, au-delà du lot de maisons prévues, l’ambition est de «permettre la mise en place d’un mécanisme pérenne de production de logements décents accessibles à la majorité de la population à revenus faibles». Ainsi, chaque Burkinabè, en fonction de sa vision en matière de logement et de ses moyens, devrait pouvoir trouver une réponse convenable dans le mécanisme qui sera mis en place. Ce, en termes de modèle architectural, d’espace approprié, de conditions financement accessibles et autres. Le défi est énorme pour le ministre de l’habitat et de l’urbanisme à qui il revient la charge de mettre en place ce mécanisme.
Pour ce qui concerne le programme de construction de logements, le choix a été fait de passer principalement par le partenariat public-privé (PPP) pour atteindre les objectifs fixés. D’un coup d’environ 480 milliards de FCFA, le projet intitulé « programme de construction de 40 mille logements sociaux et économiques » est inscrit dans les PPP du PNDES. Outre le privé, la construction de ces logements est ouverte à la participation des partenaires techniques et financiers (PTF). L’étude technique est déjà disponible.
Il reste maintenant à mobiliser les parties prenantes pour la mise en œuvre du programme, attirer de façon effective les partenaires et surtout fixer un cadre opérationnel pour le partenariat d’affaires. C’est donc toute une stratégie d’opérationnalisation qu’il faut mette en place. Le ministère de tutelle est visiblement à pied d’œuvre. Le 23 février dernier, il a lancé les travaux de validation du programme de construction des logements. Un atelier qui a regroupé des responsables administratifs du ministère, des promoteurs, des banques, des élus locaux et des partenaires techniques et financiers.
Karim GADIAGA
Des opérateurs étrangers se positionnent
Le programme de logements devrait obtenir la participation des opérateurs locaux de l’immobilier qui réalisent déjà des constructions sur le terrain. Ces derniers devraient profiter des nouvelles opportunités pour porter leurs ambitions à la hausse. Mais il n’y aura pas qu’eux. Après les manifestations d’intérêt qui ont été enregistrées lors de la table ronde des bailleurs de fonds du PNDES en décembre 2016 à Paris, des opérateurs privés étrangers tentent de se faire des parts dans les projets PPP sur le logement. Début janvier 2017, une délégation de l’entreprise indienne Pioneer Fabricator est venue exposer ses ambitions en matière de construction de 937 logements et 35 boutiques. D’un coût est estimé à 10.572.500.000 FCFA ces constructions seront réalisées sur le site de Bassinko (Ouagadougou) et de la Zone d’activités commerciales et administratives (ZACA) au centre de Ouagadougou. Il s’agira de villas de type F2 et F3 extensibles en F4 et plusieurs immeubles. Les travaux prévus sur un délai de 24 mois pour les immeubles et 21 mois pour les villas devaient débuter courant janvier 2017, dès l’approbation des contrats.
Salon panafricain de l’immobilier : Du 23 au 25 mars à Ouagadougou
Ouagadougou accueillera du 23 au 25 mars prochain le premier Salon panafricain de l’immobilier (Spi). L’annonce de l’évènement a été faite par le comité d’organisation le 28 février dernier. Faire connaitre et valoriser le métier de l’immobilier, créer un marché de l’immobilier, accompagner les acteurs de l’immobilier à la recherche de financements pour leurs projets, tels sont les objectifs du salon.
Les professionnels de l’immobilier, les banques, les fournisseurs, les décorateurs et tous les intervenants dans l’immobilier prendront part à ce salon afin de partager avec les populations leurs expériences, mais aussi de faire un appel à l’investissement dans ce domaine.
Le SPI se veut un cadre d’échanges entre tous les acteurs du secteur immobilier, une opportunité d’affaires et d’investissements, et surtout l’occasion pour les populations de découvrir le rôle et les avantages des professionnels de l’immobilier ainsi que les différentes prestations et opportunités qu’ils offrent. Le ministère de tutelle sera représenté à ce salon afin de débattre avec les populations des sujets concernant l’immobilier au Burkina Faso et les différents projets du gouvernement dans ce sens, tel que la construction des HLM et les 40.000 logements sociaux.
La première édition du Salon panafricain de l’immobilier se tient dans un contexte où sa promotion s’est imposée comme un pilier du développement du Burkina Faso et du continent africain. C’est pour ainsi accompagner le développement que Boubacar Compaoré, directeur national du Spi, et ses collaborateurs ont fait le choix de porter sur les fonts baptismaux le Salon panafricain de l’immobilier. Le thème choisi pour cette première édition du Spi est «Politique du logement en Afrique: opportunités et défis».
Des pays ont été invités afin de partager avec le Burkina Faso leurs expériences en matière d’immobilier. Ce sont la Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Togo, le Bénin, le Mali, le Gabon et le Niger. Des stands d’exposition-vente, des conférences-débats, des entretiens B to B et un diner gala sont prévus.
Construire sa propre maison est le rêve de chaque Burkinabè. Aussi, malgré la crise économique, de plus en plus de Burkinabè se lancent dans la construction. Cependant, de nombreux problèmes minent le secteur, tel que la spéculation des prix des parcelles, le coût des matériaux de construction, mais aussi les modèles de construction.
Selon Boubacar Traoré, le SPI permettra de remettre au goût du jour les problèmes des logements sociaux, mais aussi d’inciter les uns et les autres aux constructions en haut plutôt qu’en largeur. Le projet des HLM fera partie des débats avec les pays déjà avancés dans ce genre de projets. Malgré toutes ses potentialités, l’Afrique demeure sous-développée. Ainsi, son développement devra passer par les défis que se sont fixés ses fils tels que le développement de l’agriculture, la transformation de la matière première, mais surtout la construction de grandes infrastructures routières et immobilières. L’immobilier a donc de beaux jours et le SPI veut y contribuer.
Germaine BIRBA