Economie

Transport de marchandises : Les acteurs divisés par le bon de commande

 

Une tension existe depuis quelque temps entre des logisticiens burkinabè exerçant au Ghana et l’Organisation des transporteurs routiers du Faso (OTRAF) et le Conseil burkinabè des chargeurs (CBC). Les plaignants les accusent d’entretenir un monopole illégal sur le fret. En réponse à ces allégations, l’Otraf a tenu une conférence de presse le 14 février dernier afin de donner son point de vue sur la question. Selon Issouffou Maïga, président de l’Otraf, les importateurs peuvent faire appel à n’importe quel prestataire pour assurer le transport de leurs marchandises du port de Tema à destination du Burkina Faso, à condition de retirer un bon de chargement et de présenter la déclaration du fret au CBC, selon un arrêté pris en 2015 par le ministère en charge des Transports.
Ces mesures visent à s’assurer que tous les transporteurs respectent la règle du 1/3 du fret pour les véhicules immatriculés au Ghana et des 2/3 pour les transporteurs, burkinabè. L’Otraf, interface entre l’administration et les transporteurs interviendrait dans le processus pour s’assurer du respect des quotas. Pour ce faire, l’organisation confirme la liste des véhicules burkinabè. Les importateurs signent avec l’Otraf à Ouagadougou un contrat de transport qui, par la suite, s’occupe de faciliter la réalisation de l’opération de transport. Les importateurs ne disposant pas d’un contrat de transport avec l’Otraf ont la possibilité de solliciter sur place une mise à disposition des véhicules. Issouffou Maïga a donc réfuter toutes les accusations de Romuald Savadogo, président de l’Association des burkinabè au Ghana, qui accusait l’Otraf de monopoliser le fret ghanéen. Selon Issouffou Maïga, l’Otraf n’a jamais racketté les transporteurs en percevant des sommes allant de 50.000 F CFA à 100.000 FCFA. Les seuls frais perçus sont estimés à 10.000 par chargement au titre des cotisations, conformément au statut de l’association. En rappel, le 7 février dernier, Romuald Savadogo a tenu une conférence de presse à Ouagadougou afin de prendre à témoin l’opinion publique sur des agissements qui pourraient entacher la bonne marche du climat des affaires.
Les Burkinabè vivant sur le territoire ghanéen et exerçant dans la chaine de la logistique sont inquiets de l’avenir de leur métier. En effet, selon eux, les deux structures du Burkina Faso que sont l’Organisation des transports routiers du Burkina Faso (Otraf) et le Conseil burkinabè des chargeurs (CBC), veulent constituer un système de monopole sur le fret passant par le corridor ghanéen, avec la complicité de certaines autorités. Selon les conférenciers, depuis 2014, plus aucun marché ne filtre dans le domaine du fret au Ghana.
Une situation qui met en péril l’activité de nombreuses personnes comme l’expliquait Romuald Savadogo: «Depuis 2014, nous vivons une situation qui freine nos activités et nous empêche de mener à bien notre travail. Cette situation, nous la vivons et nous la subissons avec ses conséquences. C’est pour cela que nous disons qu’il vaut mieux prévenir que guérir. Je me suis vu retirer des marchés par ces structures, au nom de soi-disant bons de chargement et autres, pour les attribuer à d’autres personnes. Tout cela se passe au vu et au su du ministère de tutelle de ces deux structures, à savoir l’OTRAF et le CBC». Sur le fameux bon de chargement dont il est question, les conférenciers ont fait savoir qu’il s’agissait d’un dispositif que le ministère en charge des Transports a mis en place, avec la collaboration du CBC, et qui devrait être délivré gratuitement aux transporteurs. Ce bon de chargement serait à l’origine de leurs difficultés, rendant ainsi difficile la libre circulation des marchandises. Issouffou Maïga, président de l’Otraf, quant à lui, affirme qu’il est gratuit et accessible à tous ceux qui en feront la demande. Ce document est selon lui utile aux transporteurs afin de mieux contrôler les mouvements du fret.

Germaine BIRBA


La réglementation du fret

Les conditions d’accès au fret à destination du Burkina Faso sont déterminées par l’arrêté n°2015-0087 MIDT/SG/DGTTM portant modalités pratiques de gestion et de contrôle du fret du Burkina Faso à l’importation et en transit par les ports de Tema et Takoradi au Ghana par la délivrance d’un bon de chargement.
L’obtention du bon de chargement est gratuite. Le mandataire de l’importateur a l’obligation de soumettre sa déclaration de fret au CBC. La repartion du fret se fait en respectant les quotas de 1/3 pour les véhicules immatriculés au Ghana et 2/3 pour les véhicule immatriculés au Burkina Faso, cela en collaboration avec l’OTRAF et l’Union des chauffeurs routiers du Burkina (UCRB) représentant la partie burkinabè et le JAPTU qui représente la partie ghanéenne.
Selon les statistiques de le Direction générale des douanes, le volume des échanges entre ces deux pays de 2010 à 2015 est de 70.643.765 kg pour une valeur de plus de 71 milliards pour la même période, pour les marchandises quittant le Burkina Faso pour le Ghana. En ce qui concerne le poids des marchandises transportées du Ghana vers le Burkina Faso, il est estimé à plus de 3,5 millions de kg pour une valeur de 2116 milliards entre 2010 et 2015.

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