ET clic, c’est parti. Le procès de Naïm Touré, présenté comme un «cyber-activiste», a finalement eu lieu en début de semaine dernière, poursuivi pour diffamation et injures par un des conseillers du président de l’Assemblée nationale.
Le procureur a requis qu’il soit maintenu dans les liens de la prévention pour injures publiques.
Si le juge suit le procureur, «le cyber-activiste» risque la peine d’amende et peut-être un sursis. On en saura plus avec le délibéré le 27 février prochain. En attendant, c’est l’occasion pour tous les «justiciers» et autres «zorros» qui essaiment sur les réseaux sociaux de mûrir la réflexion afin qu’avant chaque clic, ils se posent les bonnes questions: mon post est-il conforme à la loi? est-il diffamatoire? est-il injurieux? porte-t-il atteinte à l’honneur ou à la considération d’autrui? C’est seulement à ce prix que les débats sur les réseaux sociaux seront apaisés, féconds et d’utilité publique.
C’est le meilleur parti que les internautes peuvent tirer de ce nouveau support d’expression médiatique qui a pris des allures d’un défouloir où certains se cachent derrière leur clavier pour débiter tout le mal qu’ils pensent d’une personnalité ou d’une institution.
La libre-expression trouve sur les réseaux sociaux un terreau fertile pour tous ceux qui ont des choses à dire. Mais désormais, il est clair qu’on ne peut plus tout y dire impunément. Les «cyber-activistes» auront, de plus en plus, en face d’eux des «cyber-citoyens» pour défendre leur réputation et leurs intérêts.
C’est le second grand procès de ce type qui est traité par la justice. Petit à petit, la jurisprudence burkinabè fait son chemin en matière de répression des délits sur les réseaux sociaux.
La répression des abus a ceci d’avantageux qu’elle discipline les usagers tout en protégeant la liberté d’expression qui est tout sauf un fourre-tout.
Abdoulaye TAO