Le 19 janvier 2017, l’institut Free Afrik du Dr Seydou Ra-Sablga Ouédraogo a présenté à la presse son 4e rapport sur l’économie nationale intitulé «Burkina Faso 2016/2017: s’éloigner du précipice. Engager le renouveau». C’est un exercice qui consiste à dresser le bilan de l’année écoulée et à faire des projections pour l’année suivante. La tonalité du rapport n’incite pas à l’optimisme. Des pesanteurs sont à lever, dont une politique pour espérer une bonne relance.
Au plan politique, l’analyse de l’institut est dure. Elle dépeint un pouvoir triangulaire au sommet de l’Etat, le trio RSS, qui crée une sorte d’inertie en se neutralisant. Toute chose qui s’est manifestée à travers le retard dans la formation du gouvernement Thiéba et la crise à la CAMEG. Pour l’institut, il faut sortir de ce triangle d’inertie amplifié par une opposition divisée et s’attaquer à la remobilisation de l’administration, la restauration de la confiance et de l’autorité de l’Etat, la relance de l’économie. Pour Free Afrik, le scénario du précipice est à l’image de la crise malienne. L’immobilisme serait alors «suicidaire pour les agendas de la justice et de la réconciliation nationale, de la demande socio-économique, de la remobilisation des administrations et surtout de la réforme des forces armées et de sécurité pour faire face au renouveau sécuritaire».
En somme, Free Afrik estime que la relance attendue en 2016 ne s’est pas réalisée, du fait que le gouvernement n’a pas su prendre en charge certaines problématiques telles la réhabilitation du parc d’infrastructures, le règlement diligent de la dette intérieure, la relance des entreprises et des secteurs sinistrés. Pour les auteurs de l’étude, la gestion du pays était entre l’inertie et l’improvisation, des reformes précipitées et des idées vendangées. A titre d’illustration, ils citent la mise en œuvre de la gratuité des soins de santé maternelle et infantile qui connait actuellement des difficultés.
En 2016, le Burkina affichera 5,2% de croissance, une progression qui est en déca de la moyenne de l’UEMOA. Pourtant, le pays était parmi les trois premiers entre 1996 et 2013. Il y a une décélération de la croissance depuis 2010.
Cette progression de 5,2% en 2016 traduit la capacité du pays à faire face aux chocs adverses et qui a profité des cours de l’or et du coton «bien supérieurs aux bas niveaux des années 2014 et 2015». Pour l’institut, le volume des intentions de financement du PNDES est une sorte de prime au «retour réussi à la démocratie». Mais, avertissent les rédacteurs du rapport: «Cette bonne disposition (des partenaires) reste davantage un potentiel à convertir en facteur effectif de soutien à la relance économique et au renouveau du pays». Free Afrik s’inquiète de la lenteur actuelle à mettre en place le mécanisme de suivi.
FW
Le climat sécuritaire se dégrade
Le pays reste cependant marqué par un climat sécuritaire qui s’est dégradé, avec pour conséquences le resserrement de la demande et une explosion des charges pour les besoins de sécurité. Les mines, le tourisme, l’hôtellerie et les loisirs sont les secteurs les plus touchés. La fronde sociale a également été un handicap pour le Burkina: une situation considérée par Free Afrik comme «le versant public de la dégradation du climat social qui a pris place, avec une sorte de printemps des revendications syndicales et une concurrence des plates-formes corporatistes dans pratiquement tous les secteurs».