«Améliorer substantiellement l’offre en matière d’éducation pour accueillir le plus grand nombre et mettre en œuvre une politique cohérente de formation technique et professionnelle autour des besoins du marché du travail». C’est en substance la vision qui est exprimée dans le programme présidentiel et qui guide aujourd’hui les actions du gouvernement dans ce secteur crucial pour le développement du Burkina. Le 5 février 2016, le Premier ministre Paul Thiéba a décliné, dans sa déclaration de politique générale, les orientations et les actions qui sont envisagées pour permettre de réaliser de cette ambition.
Au terme de l’An I du pouvoir de Roch Kaboré, on peut s’apercevoir que le chantier est bien engagé. Il enregistre un certain nombre d’acquis conformément aux objectifs qui ont été fixés par le chef du gouvernement. Pour bien comprendre le chemin parcouru, il convient de rappeler l’état des lieux dressé par le Premier ministre, il y a un an, ainsi que les projections dans le cadre du quinquennat du président Kaboré.
Le constat de Paul Thiéba était que malgré un potentiel humain considérable, la capacité productive du Burkina est limitée par la faiblesse du niveau d’instruction et l’inefficacité de notre système éducatif. C’est ainsi que l’économie souffre cruellement de l’insuffisance de main-d’œuvre qualifiée dans tous les corps de métier. Quant à l’enseignement supérieur public, il avait affirmé qu’il est en crise. C’est partant de ce constat très handicapant que le chef du gouvernement s’est engagé, d’une part, à «garantir l’accès à une éducation de qualité à tous» et d’autre part à «l’augmentation substantielle de la productivité et de la compétitivité de l’économie, l’éducation nationale, notamment l’enseignement supérieur, la formation technique et professionnelle ainsi que l’alphabétisation». Toutes choses qui répondent également, selon lui, «à une exigence de justice sociale et de lutte contre les inégalités, car l’école doit permettre la promotion de tous, quelle que soit l’origine sociale». Pour atteindre les objectifs fixés, le gouvernement a alors promis d’établir progressivement «la gratuité de l’enseignement jusqu’à l’âge de 16 ans, tout en veillant à atteindre rapidement un taux d’achèvement de 100% pour le cycle primaire et post-primaire». Il table également sur «un accroissement conséquent des effectifs du personnel enseignant afin de porter le ratio élèves/maître à un maximum de 50 élèves pour un enseignant».
Un autre volet très important envisagé est de «procéder à la normalisation de toutes les écoles sous paillotes et des écoles à trois classes». A ce niveau, le chef du gouvernement avait indiqué que «dès l’année 2016, sur un total de 800 écoles sous paillottes, 160 seront normalisées».
Par ailleurs, le gouvernement s’est engagé à construire au cours du quinquennat 310 nouveaux Collèges du post-primaire (des CEG); 45 centres de formation technique et professionnelle; 20 lycées professionnels; 286 nouveaux lycées et 13 lycées scientifiques dans les différents chefs-lieux de région. Dans le but d’améliorer les conditions de vie et d’études des élèves, des cantines scolaires ont été prévues.
Qu’en est –il à ce stade ?
Selon des informations présentées par le ministère de l’Education nationale et de l’Alphabétisation (MENA), plusieurs actions ont été menées en 2016 dans le but de réaliser la vision présidentielle. Au 31 décembre, les résultats partiels indiquent 4 blocs de deux salles de classe construits au profit du préscolaire; 129 écoles sous paillotes normalisées. Il reste du chemin à ce niveau. On peut noter également que 126 CEG et 26 lycées ont été construits; 2.800 élèves-maîtres et 3.517 jeunes diplômés ont été recrutés dans le cadre du programme «Emploi-Jeunes pour l’éducation de base».
En outre, il y a eu la dotation de tous les élèves du primaire public en cartables minimum à partir des ressources transférées aux communes; l’élaboration d’un schéma directeur des ressources humaines ; la formation d’encadreurs pédagogiques et d’enseignants à l’enseignement multilingue.
Pour ce qui concerne particulièrement les Ecoles de formation technique et professionnelle (EFTP), c’est au total 4.068 élèves qui ont été affectés dans ces écoles, conformément aux capacités d’accueil.
Au niveau de la promotion de l’éducation des filles, il y a eu la prise en charge de la cotisation APE de 242.398 filles nouvellement inscrites en première année du primaire public. En 2016, le MENA a aussi bouclé la réalisation d’une étude sur «l’introduction et la systématisation de l’utilisation des TIC au post-primaire». De même que «l’élaboration en français de dix-sept modules des Formations techniques spécialisées (FTS) dans le cadre de l’alphabétisation». En faveur de l’alphabétisation, il a effectué «l’expérimentation de l’utilisation des salles de classe à des fins d’alphabétisation à partir de 16h30 dans deux régions : Boucle du Mouhoun et Centre Ouest».
Il y a donc des acquis et des débuts de réponses apportées à des situations contraignantes. Mais le chantier reste encore énorme. C’est pourquoi il sera important d’apporter un coup d’accélérateur dès 2017 pour espérer atteindre les objectifs fixés au terme du quinquennat. En cela, les promesses du financement obtenues dans le cadre du Plan national de développement économique et social (PNDES) devraient être d’un apport déterminant.
Joël BOUDA
Le chantier des universités est aussi engagé
«Des retards accumulés au niveau des années académiques, des grèves récurrentes d’étudiants et d’enseignants ainsi que des tensions permanentes sur les campus». Tel est le constat du Premier ministre dans sa déclaration de politique générale en février 2016. Un constat qui lui a permis d’affirmer que l’enseignement supérieur public est en crise. Pour lui, cet état de fait est la conséquence notamment de l’insuffisance d’infrastructures pédagogiques et celle des œuvres universitaires (amphithéâtres, cités, restaurants, couverture sanitaire, transport, etc.), du manque de ressources humaines et financières, de l’inadaptation des programmes et, enfin, du nombre élevé d’étudiants diplômés sans emploi. Une situation inacceptable. Le gouvernement s’est alors engagé «à réhabiliter et à transformer les universités publiques pour en faire des centres d’excellence, des pépinières d’élites et de cadres dont les compétences sont adaptées aux besoins de l’économie et de la recherche scientifique».
Le 5 février 2016, Paul Thiéba annonçait devant l’Assemblée nationale que dans le but de pallier à court terme l’insuffisance des capacités d’accueil, le gouvernement créera, dès 2016, une université virtuelle et mettra en place 13 espaces numériques ouverts qui y seront connectés, grâce à la technologie de l’internet à haut débit.
Il a également prévu la subvention à concurrence de 40% pour l’acquisition du premier ordinateur pour les étudiants du cycle Licence. Pour ce qui est du quinquennat, le gouvernement a prévu de construire 26 amphithéâtres de 500 places dont 10 en 2016; 46 bâtiments pédagogiques dont 12 en 2016; 24 laboratoires dont 5 en 2016; 7 bibliothèques de 1.000 places dont 2 en 2016; 1 bibliothèque virtuelle et 6 cités universitaires de 4.000 lits dont 2 en 2016. Les travaux de construction de l’Université de Ouaga 2, sise à Gonsé, devaient également être accélérés et finalisés en 2016, à la faveur du règlement du contentieux foncier qui en entrave l’évolution.