Réunis à Ouagadougou en fin novembre 2016, plusieurs acteurs de la société civile intervenant dans la filière céréalière ont tenté de trouver des solutions afin de fluidifier les échanges de céréales en Afrique de l’Ouest. Au terme de leurs travaux, ils ont recommandé la création d’une bourse régionale des céréales dans l’espace CEDEAO. Cette bourse régionale des céréales constituera une opportunité d’affaires pour les acteurs de la filière confrontés à des difficultés dans l’écoulement des céréales.
Les chefs d’Etat de l’espace CEDEAO ont adopté une politique de libre circulation des biens et des personnes. Pourtant, cette politique a du mal à s’appliquer aux céréales. En effet, au moment d’importer leurs productions, les acteurs de la filière dénoncent les tracasseries liées à l’exigence d’un certificat d’origine aux frontières des pays de destination.
Outre ces tracasseries qui constituent une entrave au principe de libre circulation des céréales, certains pays, au nom du protectionnisme de leurs productions, justifié par des raisons de sécurité et de souveraineté alimentaires, refusent l’entrée sur leur territoire des produits d’autres pays. La bourse régionale des céréales fournira donc des informations nécessaires sur la quantité, la qualité des stocks de céréales disponibles. La CEDEAO compte 350 millions d’habitants et plus de 80% de la population de cet espace vivent de l’agriculture. Bassiaka Dao de la confédération paysanne du Burkina constate que malgré toutes ces potentialités, les pays de la CEDEAO importent toujours des céréales à l’étranger.
Il regrette que cet espace qui regorge de potentialités céréalières soit confrontée à ces difficultés. Pendant que le coton reçoit beaucoup de subventions, les céréales n’en bénéficient pas autant. Pendant que des terres aménagées sont disponibles pour la production, comme à l’Office du Niger, Bagrépôle, la vallée du Sourou, etc, les pays de la CEDEAO qui les abritent cherchent des investisseurs étrangers pour leur mise en valeur. Poursuivant son propos, il observe une différence des prix de vente des céréales, alors que par moment des stocks sont disponibles. A titre d’exemple, actuellement, le sac de maïs se vend à 8.000 FCFA à Bobo-Dioulasso.
A Niamey, à la même période, le même sac est vendu à 23.000 FCFA. Les producteurs burkinabé se trouvent pourtant confrontés à des difficultés d’écoulement de leurs productions sur le sol nigérien. Il salue la prise de cette recommandation qui est en même temps une invite à produire plus. Cependant, l’agriculture ne saurait être un secteur attrayant si les conditions de commercialisation ne sont pas revues.
A l’issue de la rencontre, un comité de suivi a été mis en place. Il est chargé d’élaborer une feuille de route pour la mise en œuvre de cette recommandation qui sera transmise aux chefs d’Etat de l’espace. Les participants à la rencontre comptent également plaider auprès des chefs d’Etat des pays africains pour une révision des accords de partenariats économiques (APE).
Elie KABORE
L’Afrique de l’Ouest a produit 63 millions de tonnes de céréales en 2015
Les céréales occupent une place de choix dans le système agricoles et dans le panier alimentaire des ménages en Afrique de l’Ouest. Elles contribuent à la sécurité alimentaire et nutritionnelle et occupent 1/5 des terres arables et cultivées de la région. La culture des céréales fournit un emploi à temps partiel à environ 80% de la population ouest-africaine.
Selon le CILSS, la production de céréales en Afrique de l’Ouest a progressé de façon significative, passant de 16 millions de tonnes en 1980 à environ 63 millions de tonnes en 2015.