Dans son dernier communiqué, publié le 5 décembre 2016, l’Agence de notation américaine Standard & Poor’s (S&P) a confirmé la note souveraine «B-/B» du Burkina. Cette note est assortie d’une perspective positive. La notation porte sur la santé financière et la solvabilité du pays.
La note de crédit implique l’analyse de solvabilité du pays (capacité de remboursement), ainsi qu’une évaluation du plafond d’endettement acceptable de la dette. Une note «B-», sur l’échelle de notation de S&P, signifie que le niveau de crédit du pays est «très spéculatif». Ce qui n’est pas trop risqué, du point de vue de l’agence.
C’est depuis décembre 2014, après les troubles politiques ayant conduit au départ du président Blaise Compaoré, que la note «B-» a été attribuée au Burkina.
A l’occasion, elle avait été abaissée d’un cran par rapport au niveau précédent. Mais depuis lors, tous les communiqués publiés par l’agence américaine ont confirmé la notation «B-/B». C’était le cas dans le communiqué du 5 juin 2015, et dans celui produit exceptionnellement le 6 octobre 2015 en raison du putsch avorté du Général Gilbert Diendéré. Après les élections de novembre 2015 S&P avait encore publié, le 4 décembre 2015, conformément à son calendrier normal, un nouveau communiqué appréciant la situation financière du Burkina. Elle avait à cette occasion aussi confirmé la même note et les mêmes perspectives.
Une année après, le communiqué du 5 décembre 2016 reste dans la même appréciation. Une appréciation globalement positive qui indique qu’il n’y a pas trop de risques sur la solvabilité du pays, ni des craintes sur sa capacité à payer ses dettes.
L’agence de notation estime en effet que le pays a retrouvé une stabilité politique depuis les élections réussies de novembre 2015. Une stabilité qui impacte positivement sa situation économique portée notamment par l’exploitation croissante des mines d’or. S&P estime cependant que la note du Burkina reste contrainte à la faiblesse du revenu par habitant et par l’absence de flexibilité monétaire.
«Sur la base de notre hypothèse de stabilité politique par rapport à la tourmente vécue en 2014 et 2015, nous pensons que l’activité économique se renforcera. Nous projetons que l’augmentation de la production minière, à savoir l’or, ainsi que l’augmentation des investissements publics et privés qui stimuleront la croissance économique en 2016-2019, avec une croissance du PIB réel d’environ 6,4% par an sur la période», indique S&P.
Cette appréciation positive qui tombe au moment où les autorités burkinabè tentent de convaincre les bailleurs de fonds et les investisseurs de financer le Plan national de développement économique et social (PNDES) est un véritable coup de pouce.
La note encourageante et les perspectives positives du pays ne manqueront pas de rassurer les partenaires potentiels. La note de crédit donne, en effet, aux investisseurs un aperçu du niveau de risque associé à l’investissement dans un pays donné et comprend également les risques politiques. Sur un montant total de plus 15. 000 milliards de F CFA, le Burkina est à la recherche de 5.800 milliards de F CFA auprès de ses partenaires.
Karim GADIAGA
Une croissance de 6,4% entre 2016 et 2019
Pour l’agence S&P, la croissance du PIB du Burkina devrait se chiffrer à 6,4 % en moyenne et par an, sur la période entre 2016 et 2019. Cette croissance devrait être portée en grande partie par la hausse de la production minière d’or. La production d’or est passée d’à peine cinq tonnes par an environ en 2008 à plus de 35 tonnes en 2015, grâce à l’entrée en service de nouvelles mines.
La dynamique positive devrait se poursuivre avec les prochaines mises en exploitation de nouvelles mines d’or. Pour S&P, «le métal jaune a dépassé le coton comme principale source de recettes d’exportation». En 2015, l’or représentait ainsi 63 % du total des exportations, contre 17 % pour le coton.
Cependant, si la croissance tendancielle du PIB réel par habitant se situe à 2,8 %, celui-ci restera d’environ 600 dollars en 2016, soit l’un des plus bas parmi tous les pays que note S&P.