A l’instar des autres pays déjà bénéficiaires, le Burkina Faso pourrait également tirer profit des milliers de milliards de FCFA qui dorment dans les comptes de la finance islamique. A ce jour, les actifs financiers islamiques ont doublé, passant de 800 milliards de dollars en 2010 à 1.800 milliards de dollars en 2013.
Selon les experts, ces actifs pourraient atteindre 4.000 milliards de dollars d’ici à 2020. Mais comment amener le Burkina Faso à tirer avantage de cet argent pour financer son économie, surtout qu’une enquête menée par la Banque mondiale au Burkina Faso révèle que l’accès aux services financiers constitue le principal obstacle au développement des entreprises ? Cette contrainte, selon la même enquête, est plus sévère pour les PME.
C’est pour changer la donne que les cabinets COGENT, What you need, l’Institut supérieur des technologies (IST) et l’Association pour le développement de la finance islamique au Burkina Faso (ADEFI) ont décidé d’organiser le 1er forum sur la finance islamique au Burkina Faso du 26 au 27 janvier 2017 à Ouagadougou. Ce forum vise à présenter et à saisir les opportunités du marché de la finance islamique, ainsi que les perspectives offertes par la filière pour financer la relance économique du Burkina Faso. D’où le thème: « Finance islamique, mécanisme alternatif et innovant pour la relance économique au Burkina ». Ce thème central, de l’avis des organisateurs, permettra d’aborder la problématique du financement des secteurs de l’agriculture, des infrastructures, de l’habitat et l’entrepreneuriat des jeunes et des femmes. Les organisateurs disent attendre au moins 200 participants à ce forum.
A la recherche des financements pour le PNDES, le gouvernement burkinabè, selon Justin Damo Barro, pourrait s’orienter vers la finance islamique et cela, conformément au souhait du Premier ministre, Paul KabaThiéba. Au regard des avantages que procure la finance islamique, les premières autorités du pays seront présentes à l’ouverture des travaux.
Du reste, le forum est placé sous la présidence du président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré. Mais pour une réussite, le forum sera précédé du 4e séminaire international sur la finance islamique, les 14 et 16 décembre 2016 à Ouagadougou.
Ce séminaire a pour but de former les Burkinabè sur les différents concepts de la finance islamique. « Nous voulons que les Burkinabè aient des connaissances sur la finance islamique et qu’ils puissent faire une comparaison avec la finance classique afin de faire un choix judicieux. Il existe en finance islamique tous les produits financiers existants dans la finance classique tels que le crédit ou prêt islamique, l’épargne islamique, le placement islamique et l’assurance islamique. La grande différence avec la finance classique est que l’accès aux financements n’est pas le même, ainsi que la réglementation et le bénéfice qu’on en tire, étant donné que la finance islamique est essentiellement placée sous l’égide d’une certaine probité et bannit la spéculation (on ne vend pas l’argent, donc on ne prend pas d’intérêt). Si vous exécutez mal une route, la finance islamique ne vous exigera pas de remboursement », a souligné le président du comité d’organisation, Justin Damo Barro.
Pour l’ancien gouverneur de la BECEAO, cette volonté d’aller vers la finance islamique s’explique par la solidité de son système, basée sur une réelle implication des apporteurs de capitaux à la réalisation et le succès des projets des bénéficiaires.
Avant le Burkina, des pays d’Afrique du Nord, d’Afrique du Sud, le Nigeria, le Soudan, la Côte d’Ivoire, le Sénégal, la France, l’Allemagne, la Grande Bretagne, la Suisse, les Etats-Unis, la Malaisie, le Bahreïn ont bénéficié de la finance islamique.
Rachel DABIRE
Le comité d’organisation
Cabinet COGENT :
Justin Damo Barro
Institut supérieur de technologies : Issa Compaoré
ADEFI: Yacouba Belemviré
Cabinet What you need :
Aboubakari Ouédraogo.
A propos de la finance islamique
La finance islamique est une finance dont le mode de fonctionnement repose sur les principes de la Charia. La justice, l’équité, la solidarité et la transparence sont les principales valeurs retenues par ce système de finance. La finance islamique diffère des autres par sa vision particulière du capital et du travail.
Commercialisation du sésame 30 producteurs formés
Le 2 décembre dernier, s’est tenue à Ouagadougou la deuxième session du comité de pilotage du Projet de renforcement de la production du sésame au Burkina Faso (PRPS-BF). Une formation dont ont bénéficié 30 producteurs. Objectif, faire des recommandations pour améliorer la production du sésame sur le terrain, en termes de quantité et de qualité, afin de booster sa commercialisation.
Le sésame est en passe de devenir le produit agricole de référence à l’exportation. Déjà en 2010, il était le 3e produit d’exportation derrière les petits et gros ruminants et le coton, selon un rapport du Suivi des politiques agricoles et alimentaires en Afrique (SPAAA). Sa production a bien évolué ces dernières années. Il est à ce jour le deuxième produit agricole d’exportation au Burkina Faso. On estime que la culture du sésame est passée à 143% entre 2009 et 2013, selon les chiffres du ministère du Commerce et de l’Industrie. Son exportation a également connu une croissance de 129%, plaçant aujourd’hui le sésame à la première place des produits agroalimentaires exportés.
Près de 70% de la production sont exportés vers l’Asie qui est le premier importateur de sésame. Le plus gros client du Burkina Faso est Singapour, avec plus de 20.000 tonnes exportées en 2011. Cependant, ce pays n’est pas le plus gros consommateur de sésame, il est plus considéré comme un transit pour les autres pays asiatiques tels que le Japon, la Chine et l’Inde. Le sésame représente 7% des recettes d’exportation. Sa croissance moyenne annuelle en production est de 27,3% et de 25,34% pour l’exportation. Cette croissance accélérée propulse le Burkina Faso à la 5e place des pays exportateurs de sésame, avec 5,9% des parts du marché mondial.
En 2013, la valeur du sésame exporté se chiffrait à 77 milliards pour un volume de 113.000 tonnes commercialisées. En 2014, la production du sésame était estimée à 300.000 tonnes, dont 100.000 tonnes ont été exportées, contre 250.000 tonnes en 2015 pour plus de 120.000 tonnes exportées sur le marché international.
Toutefois, le sésame du Burkina Faso fait face à de nombreuses difficultés, dont la principale est la non-maîtrise du circuit de commercialisation par les producteurs. Pour pallier ces insuffisances, le Burkina Faso peut compter sur l’aide de la coopération japonaise internationale (JICA), qui soutient le Burkina par la coopération technique, les prêts concessionnels et des dons. Le chef de projet à la JICA, Osamu Nakagaki, a indiqué que le projet vise essentiellement à accroître la productivité du sésame et à améliorer les revenus des producteurs.
Notons que le Projet de renforcement de la production du sésame au Burkina Faso est exécuté par le ministère en charge de l’Agriculture en collaboration avec la JICA pour une durée de cinq ans (2014 à 2019) et concerne les régions des Hauts-Bassins et la Boucle du Mouhoun.
GB