Au Burkina, pays sans littoral, l’on est déterminé à faire du conteneur le moyen de transport par excellence. Cette volonté est particulièrement portée par la Chambre de commerce et d’industrie du Burkina Faso (CCI-BF).
Après le succès du premier séminaire national sur la conteneurisation en 2013, l’organisation consulaire, chargée de promouvoir le secteur privé, a institué les Journées nationales de la logistique (JNL) à partir de 2014. C’est une tribune d’expression pour l’ensemble des acteurs concernés par la chaîne du transport des marchandises.
La 3e édition des JNL a eu lieu cette année du 5 au 7 septembre autour du thème d’actualité qui porte sur « la massification du transport conteneurisé ». Il ressort que le contexte mondial est marqué par la massification du transport conteneurisé. Laquelle est porteuse d’avantages.
Elle permet notamment « des économies d’échelle par la baisse des coûts d’exploitation », « le gain de temps par la réduction des délais», « la compétitivité des économies », « la préservation du patrimoine routier par la limitation du poids des marchandises transportées, faisant du respect de la charge à l’essieu, du poids et du gabarit un acquis», «la facilitation de la traçabilité du conteneur» et «la facilitation des procédures de transit et de dédouanement».
La question est alors de savoir comment profiter de cette situation pour «optimiser la desserte des pays sans littoral». Plus de 200 participants venus de 7 pays d’Afrique de l’Ouest (pays avec ou sans littoral) ont été enregistrés à cette édition des JNL. Il s’agit des importateurs et exportateurs (miniers, industriels, commerçants) ou des acteurs provenant des activités liées à la chaîne du transport (armateurs, consignataires, transporteurs terrestres, les ports, les terminaux à conteneurs, la douane).
Les participants sont également issus des structures d’appui au secteur privé, les banques et sociétés d’assurances, les partenaires techniques et financiers, les organismes sous-régionaux. De façon basique, le conteneur permet d’éviter le risque d’avarie des marchandises, les vols et les pertes. Il supprime également les coûts sur l’emballage, l’escorte douanière et optimise le coût de l’assurance. Un ensemble de facteurs qui alourdissent la facture dans le cadre du transport non conteneurisé.
Pourtant, le constat actuel établi un très faible taux de conteneurisation dans le pays sans littoral.
Selon Stéphane Sanou, ministre en charge du Commerce et de l’Industrie du Burkina, « en 2015, tout comme en 2014, les marchandises conteneurisées reçues dans les parcs à conteneurs représentent à peine 6% des tonnages importés au Burkina, en dépit des avantages de l’outil ». Près de 2/3 du fret en transit vers le Burkina arrive dans les ports en conteneur, cependant 70% de cette part sont dépotés au port avant de parvenir à destination. Le problème existe également dans le sens de l’export. Les flux maritimes exportés sont faibles et ne représentent que 20% des flux globaux.
Essentiellement, ce sont les coûts de la logistique dans le transport conteneurisé qui constituent la barrière à son choix par les chargeurs. Selon le Rapport Doing Business 2015, la moyenne de l’UEMOA pour les coûts d’importation d’un conteneur 20 pieds est d’environ 1,5 million (2750$), soit 5 fois plus élevé que la moyenne des 5 pays les plus performants au monde. Côté export, le coût dans l’espace UEMOA est 27 fois plus élevé que la moyenne mondiale. Cette situation de quasi-inaccessibilité du conteneur handicape la croissance des PME qui composent majoritairement le secteur privé en Afrique de l’Ouest. Elle les rend vulnérables et nuit à la compétitivité des économies des pays sans littoral.
D’où la nécessité d’inverser la tendance et de rendre accessible le conteneur afin de profiter des avantages qu’il offre.
Les JNL 2016 ont décidé d’un ensemble d’actions stratégiques, dont la concrétisation devrait favoriser le choix du conteneur comme moyen privilégié de transport de marchandises à l’import et à l’export.
La stratégie, en 5 points, va consister à agir sur plusieurs acteurs de la chaîne du transport conteneurisé et à toucher également des domaines clés de ce transport. Les coûts, les acteurs, les infrastructures et les textes, les moyens seront ainsi concernés par actions dans le sens de favoriser le choix du conteneur.
Le suivi de la mise en œuvre de la stratégie sera assuré par la CCI-BF en intelligence avec les autres acteurs compétents.
Karim GADIAGA
Les mesures pour profiter de la massification de la conteneurisation
1. La réduction des coûts généraux sur les maillons portuaires et terrestres (frais de manutention, caution, surestaries, …)
2. La professionnalisation des acteurs
3. L’amélioration des infrastructures routières et ferroviaires
4. L’amélioration de la qualité et l’accroissement du parc des moyens de transport (camions, wagons) adaptés au transport conteneurisé
5. L’amélioration de l’organisation des acteurs et le respect de la reglementation.