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Contrôles des mairies : Marchandage de voix en perspective

 

Les élections municipales du 22 mai 2016 qui ont connu un faible taux de participation (47,65%) ont rendu leur verdict officiel provisoire. Le premier constat est que le Mouvement pour le peuple et le progrès (MPP), parti au pouvoir, s’en tire à bon compte, en termes de nombre de sièges obtenus. En effet, sur un total de plus de 18.000 sièges à pourvoir dans les 365 communes, le MPP rafle 11.167 sièges, laissant les quelques 6.000 autres sièges à l’opposition et à la mouvance.
Le parti au pouvoir s’adjuge à lui seul 253 communes sur les 365. Pourtant, rien n’indiquait un tel score pour le MPP à l’entame de la campagne électorale. Mieux, le parti du président Rock Kaboré, sur l’ensemble des 13 régions, s’est imposé dans 11 régions, laissant seulement deux régions au PDS/METBA du défunt Arba Diallo à Dori (où son fils remporte la mairie sans besoin d’alliance) et au CDP (ex-parti au pouvoir) à Ziniaré , le fief de l’ancien président Blaise Compaoré.
Comme on le constate, les grandes villes sont tombées dans l’escarcelle du MPP: Ouagadougou, Bobo-Dioulasso, Koudougou et surtout Ouahigouya (fief du président par intérim du MPP, Salifou Diallo) où le «touk-guili» a été la règle. On se rappelle que 4 partis de l’opposition (l’ADF/RDA, le CDP, l’UPC et la NAFA) s’y étaient coalisés pour barrer la route de la mairie au MPP. Ouahigouya était donc un défi pour Salifou Diallo qui est descendu personnellement dans l’arène lors de la campagne. Il en ressort comblé car le MPP a raflé les 12 communes et empoché 82 sièges sur les 114 possibles dans le Yatenga.
Ouagadougou et Bobo ont certes été remportées par le MPP, mais rien n’est encore sûr pour la conquête du fauteuil de maire. La course aux voix des différents conseillers est ainsi ouverte, surtout que le jour de l’élection venu, c’est le vote à bulletin secret qui sera de mise. Si la coalition UPC-CDP-NAFA-ADF/RDA fonctionne, le MPP pourrait se faire des soucis dans les deux capitales.
Dans les 12 arrondissements de Ouagadougou, le MPP vient en tête avec 116 sur 254 postes en jeu. L’Union pour le progrès et le changement (UPC) arrive deuxième avec 75 conseillers municipaux contre 39 sièges pour le CDP. L’Organisation pour la démocratie et le travail (ODT) arrive quatrième avec 10 élus. La sommation des sièges des partis d’opposition, sans compter ceux de la NAFA, pourrait peser dans la balance. A l’opposé, le MPP compte aussi des alliés et il faut attendre le verdict des urnes pour être situé. Pour sûr, une autre campagne va s’ouvrir (si ce n’est déjà fait), celle de l’achat des voix. Tous les partis vont certainement s’y mettre afin de s’assurer le contrôle des mairies ou pour occuper certains postes dans les conseils municipaux ou régionaux. Le chef de file de l’opposition, Zéphirin Diabré, met déjà en garde ceux qui vont s’adonner à cet achat de voix. Y pourra-t-il quelque chose? Certains partis pourraient connaitre des dissensions en leur sein si le choix des candidats au poste de maire ne rencontre pas l’assentiment du grand nombre.
A l’issue de ces consultations locales, il est indéniable que le MPP tient la route et que l’UPC reste la deuxième force politique avec 3.051 sièges obtenus. Il pourrait diriger plus de mairies qu’en 2012, même si son leader, Zépherin Diabré, n’a pas raflé dans des zones considérées comme ses fiefs, à savoir Manga et Tenkodogo.
S’il y a un parti qui a agréablement surpris, c’est bien le Nouveau temps pour la démocratie (NTD) de Vincent Dabilgou. Après avoir offert 3 députés à l’Assemblée nationale, le NTD vient coiffer d’anciens partis à l’occasion de ces élections. Avec ses 605 sièges, il est la 4e force politique après le MPP, l’UPC et le CDP. Le score de ce dernier est aussi encourageant pour les partisans du CDP qui, par le jeu des alliances, pourraient créer quelques soucis à certains partis. La NAFA, 14 mois après sa création, peut aussi s’enorgueillir de ses résultats car dans le Sanguié, elle pourra contrôler quelques mairies de communes. L’ADF/RDA n’a pas pu relever la tête. A Ouagadougou, le parti de Gilbert Ouédraogo n’a pu enregistrer le moindre conseiller dans les 12 arrondissements, à l’image du PAREN de Tahirou Barry. Dans son bastion, à Ouahigouya, l’ADF/RDA, au regard des résultats, ne pourra contrôler la moindre commune.
L’UNIR/PS de Me Bénéwendé Sankara ne s’en tire pas aussi à bon compte avec ses 290 sièges. Le Faso Autrement d’Ablassé Ouédraogo peut se frotter les mains car il contrôlera la mairie de Sapouy. En somme, sur les 85 partis en compétition, seulement 17 ont pu obtenir des sièges. Il y a donc 68 partis (UBN, PUND, PRIT/NALAYA, …) qui sortent totalement bredouilles de ces consultations. On n’attend plus que les élections au niveau des conseils municipaux pour connaître les noms des futurs maires du Burkina.

Alexandre Le Grand ROUAMBA


Statistiques

Nombre d’électeurs inscrits: 5.522.979
Nombre de votants: 2.631.799
Bulletins nuls: 98.469
Suffrage exprimé: 2.527.151
Taux de participation: 47,65%
Nombre de Communes/arrondissements: 365
Nombre de sièges à attribuer: 19.212
Nombre de sièges attribués: 18.955

Répartition des sièges par parti
1e) MPP: 11.167 sièges
2e) UPC: 3.051 sièges
3e) CDP: 2.134 sièges
4e) NTD: 605 sièges
5e) NAFA: 453 sièges
6e) ADF-RDA: 317 sièges
7e) UNIR /PS: 290 sièges
8e) PDS / METBA: 282 sièges
9e) RDS: 163 sièges
10e) PAREN: 126 sièges
11e) Le Faso Autrement: 87 sièges
12e) PDC: 52 sièges
13e) MDA: 39 sièges
14e) ODT: 20 sièges
15e) UREFA: 15 sièges
16e) UNDD: 13 sièges
17e) AJIR: 4 sièges.


 

Banque mondiale : Une soixantaine de députés à l’école du contrôle budgétaire

Des députés de la commission budget et finance de l’Assemblée nationale du Burkina Faso ont bénéficié d’une session de formation sur «le contrôle et la surveillance des finances publiques» organisée en collaboration avec le bureau de la Banque mondiale au Burkina Faso. Le président de l’Assemblée nationale, Salifou Diallo, en a profité pour demander à la «championne de la lutte contre la pauvreté et le progrès équitable» d’augmenter le portefeuille alloué au Burkina Faso et d’alléger ses conditions de financement. Le contrôle de l’action gouvernementale, notamment l’exécution du budget, est une activité régalienne de l’Assemblée nationale. La Banque mondiale qui a alloué l’un des portefeuilles financiers les plus importants de la sous-région au Burkina Faso (1,2 milliards de dollars) a estimé qu’il était important que les députés de la «Commission finance et budget» «soient informés et formés sur les derniers développements des finances publiques», souligne Cheick Kanté, représentant résident de la Banque mondiale au Burkina.
Salifou Diallo, président de l’Assemblée nationale, a exprimé son souhait de voir l’enveloppe que la Banque mondiale alloue au Burkina augmenter, ainsi que «les conditions de financement de la banque». Cheick Kanté estime déjà qu’une grande partie des fonds alloués au Burkina est constituée «des subventions et non des prêts». Au-delà, il assure que les prêts «sont accordés avec des conditions très avantageuses». Une soixantaine de députés et d’assistants parlementaires a bénéficié de cette formation. Les députés, eux qui avalisent tous les accords de prêts et de dons, ont pu visiter des sites de projets engagés par la Banque mondiale à Ouagadougou.

S.O

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