Economie

Péage : La privatisation abandonnée ?

 

C’est presque un recul du gouvernement sur le projet de transfert de la gestion du péage à un concessionnaire. Pour le moment, le mot «abandon» n’a pas encore été prononcé sur cette volonté de privatisation, mais l’attitude est suffisamment éloquente.
Qu’en est-il des remous causés par la décision de concession du péage? C’est la question adressée par les députés au gouvernement lors des débats qui ont précédé l’adoption de la loi de finances rectificative 2016.
«Au regard des difficultés persistantes dans la gestion du péage, le gouvernement est en train d’explorer d’autres alternatives de gestion efficace et efficiente du péage», a répondu la ministre en charge des Finances. «Les objectifs majeurs recherchés sont l’apaisement du climat social et la mise en place d’un cadre institutionnel plus approprié à la gestion du péage», s’est-elle justifiée.
C’est le 2 février 2012 qu’un décret a été pris et autorisant la concession des postes de péages sur les routes bitumées du Burkina Faso. Le gouvernement de l’époque justifiait la décision par «des difficultés rencontrées dans la gestion du péage». Lesquelles difficultés n’ont pas permis d’atteindre les rendements escomptés dans le recouvrement de cette nature de recettes. Les autorités ont alors voulu expérimenter «un autre mode de gestion faisant appel au privé». C’est un groupement de sociétés privées, ATP/TPS/SEIB.SA, qui a été choisi.
L’axe Ouagadougou – Bobo-Dioulasso – Frontière de la Côte d’Ivoire, avec tous les embranchements, avait été ciblé pour la phase expérimentale de cette concession. Mais cette décision n’a pas rencontré l’adhésion du personnel des péages, qui ne cesse de faire connaitre son mécontentement. Beaucoup d’actions d’opposition à la privatisation ont été posées par les travailleurs du péage.
En 2014, les travaux préparatoires au transfert du personnel au concessionnaire ont buté sur les revendications des agents des péages.
En 2015, le personnel a mis en place un syndicat affilié à la Confédération générale du travail du Burkina (CGTB). Une plateforme revendicative a alors été adressée au gouvernement en août 2015.
Le souhait majeur des travailleurs est «l’annulation pure et simple et sans condition de la concession du péage».
Récemment encore, les 15 et 16 mars, la Coordination CGTB-Péage a organisé un sit-in dans les postes de péages sur l’ensemble du territoire national en vue d’exiger la satisfaction de la plateforme revendicative. Toutes ces actions ont poussé le gouvernement à abandonner (presque) le projet.

Karim GADIAGA


Le personnel craint pour ses emplois

Selon les travailleurs du péage, leur effectif s’élève à 543 préposés et surveillants répartis dans 30 postes de péages sur toute l’étendue du territoire national. Ces travailleurs estiment qu’ils n’ont pas un statut et un plan de carrière. De fait, ils voient d’un mauvais œil la privatisation de la gestion du péage. «La privatisation occasionne généralement, dans nos pays, des pertes d’emplois», indiquait l’un des délégués des travailleurs pendant le sit-in de la mi-mars dernier. La lutte du personnel des péages se résume aujourd’hui à « dénoncer la privatisation des postes de péages et exiger l’amélioration des conditions de vie et de travail ».

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