Politiques, hommes d’affaires, sportifs. Au fur et à mesure des révélations par les médias du monde entier sur ces pratiques fiscales opaques au Panama, la liste des personnes éclaboussées par les «Panama Papers» continuait de s’allonger. Entrainant ainsi des réactions diverses.
En Islande, le courroux de la population s’est dirigé vers leur Premier ministre Sigmundur Davdid Gunnlaugsson. Des milliers de manifestants ont réclamé sa démission. C’est désormais chose faite depuis le 5 avril dernier. C’est la réaction la plus remarquable pour le moment. Mais une victoire pour le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) qui a eu accès à plus de 11 millions de documents du cabinet panaméen Mossack Fonseca. Ces documents mettent en lumière les pratiques financières et fiscales de tout un éventail de clients; de simples entrepreneurs à des chefs d’Etat en passant par des banques ou des sportifs. Du Premier ministre britannique David Cameron dont le père a dirigé un fonds d’investissement basé aux Bahamas dont les profits ont échappé au fisc grâce au cabinet Mossack Fonseca à l’entourage de Marine Le Pen, présidente du Front national, qui a utilisé des sociétés écrans et de fausses factures pour sortir de l’argent de France.
Aux Pays-Bas, le quotidien Trouw affirme que des centaines de Néerlandais ont utilisé les services du cabinet panaméen pour créer des sociétés dans des paradis fiscaux, dont l’ancien footballeur international Clarence Seedorf.
Le Monde a aussi ciblé la banque française Société Générale qui est «dans le top 5» des banques ayant eu le plus recours à Mossack Fonseca pour créer des sociétés offshore, derrière HSBC, UBS, Credit suisse.
Certains noms font en revanche planer un nuage plus sulfureux sur les «Panama Papers».
Selon le journal néerlandais Trouw, John Bredenkamp, un négociant d’armes, aurait eu «au moins 13 sociétés» via Mossack Fonseca, dont «au moins cinq se sont retrouvées sur des listes internationales de sanctions pour leur implication présumée dans la vente d’armes au président du Zimbabwe, Robert Mugabe». Les médias britanniques BBC et The Guardian font aussi état d’activités allant au-delà de la simple évasion fiscale, affirmant qu’une société écran nord-coréenne utilisée pour financer le programme nucléaire de Pyongyang a figuré parmi les clients de Mossack Fonseca. DCB Finance, domiciliée à Pyongyang, a été enregistrée dans les Iles Vierges britanniques en 2006 et fut légalement constituée par Mossack Fonseca, qui a cessé de la représenter en 2010. La DCB a été visée à partir de juin 2013 par des sanctions de Washington qui la soupçonnait d’avoir, à compter de 2006, fourni des services financiers à deux entités nord-coréennes jouant un «rôle central» dans le développement des programmes nucléaire et balistique nord-coréens.
Depuis les premières révélations le 3 avril dernier, plusieurs pays ont annoncé l’ouverture d’enquêtes et la plupart des personnes mises en cause ou leur entourage ont affirmé respecter la loi ou ont tout simplement balayé les accusations. L’avocat de Michel Platini, président de l’UEFA, mais suspendu dans le cadre du scandale de la Fifa, et qui aurait eu recours aux services de Mossack Fonseca en 2007 pour administrer une société au Panama, a écarté toute idée d’irrégularité.
«Cette situation est connue de l’administration fiscale suisse, pays dont Michel Platini est résident depuis 2007», a assuré au journal français Le Figaro Me Yves Wehrli. Lundi dernier, le président ukrainien Petro Porochenko, l’argentin Mauricio Macri ou la famille du Premier ministre pakistanais Nawaz Sharif avaient tous affirmé respecter la loi.
NK
UBS et Crédit suisse sur le podium des banques les plus actives
Plusieurs grandes banques mondiales, dont la britannique HSBC et les deux suisses UBS et Credit suisse, sont mises en cause pour avoir créé de nombreuses sociétés offshore, dans le cadre des révélations dites des «Panama Papers».
Selon le journal Le Monde, c’est HSBC qui a eu le plus recours au cabinet d’avocats panaméen dans la tourmente, Mossack Fonseca, avec quelque 2.300 entités créées.
Les helvètes UBS (1.100 sociétés) et Credit suisse (1.105), ainsi que Société Générale (978), sont elles aussi pointées du doigt pour faire partie du top 5 des banques ayant créé le plus de sociétés offshore via ce cabinet, relate le quotidien qui a eu accès à l’immense quantité de données de ce dossier.
Il précise que deux-tiers des entités offshore mises sur pied par Société Générale l’ont été par SG Bank and Trust Luxembourg, sa branche luxembourgeoise. Les autres filiales de la banque concernées sont notamment basées en Suisse et aux Bahamas.
Le Monde, qui s’attarde plus longuement sur la situation de Société Générale, souligne que si la création de sociétés offshore a nettement ralenti depuis 2012 et si des structures ont été fermées, «une centaine des entités ouvertes par la Société Générale chez Mossack restent actives».
Avant ces révélations, Société Générale avait pris les devants en affirmant dans un communiqué ne plus détenir depuis 2012, directement ou indirectement, aucune implantation en activité dans les Etats et territoires non-coopératifs. «Les structures auxquelles il est fait référence dans les médias ne sont pas détenues par Société Générale, mais par des clients.
Si la loi française ne prévoit aucune restriction concernant les relations avec des clients établis dans ces juridictions, Société Générale est particulièrement vigilante et mène depuis plusieurs années une politique proactive afin de s’assurer que ses activités respectent les standards les plus élevés en matière de lutte contre la fraude et l’évasion fiscales», avait insisté le groupe bancaire.
Outre Société Générale, UBS, Crédit suisse et HSBC, sont aussi citées l’allemande Deutsche Bank et la scandinave Nordea.