L’accessibilité des centres de santé est sans nul doute l’une des préoccupations majeures des Burkinabè. A défaut de voir la mise en œuvre de l’Assurance maladie dans de délais proches, les Burkinabè peuvent se consoler avec les différentes mesures annoncées par le gouvernement lors du point de presse tenu par le ministre de la Santé le 30 mars dernier. Réduire la mortalité maternelle et infantile et renforcer la santé communautaire, c’est sur ces points que se sont penchées ces mesures du gouvernement.
Ces mesures seront effectives dans un premier temps dans trois régions du Burkina Faso (le Centre, les Hauts-Bassins et le Sahel).
Elles consistent en la mise en pratique de la gratuité des soins pour les enfants et les femmes. Désormais, les enfants de zéro à 5 ans, les femmes enceintes, les femmes vivant avec une fistule obstétricale et les femmes âgées d’au moins 20 ans seront soignés gratuitement.
Selon le ministre de la Santé, Smaïla Ouédraogo, ces mesures ciblent un certain type de maladies qui constituent plus de 80% des causes de décès de la femme enceinte et de l’enfant de moins de 5 ans. Le paludisme, la diarrhée, les infections respiratoires aigües, la malnutrition aigüe, les affections néonatales sont autant de maladie qui seront prises en charge gratuitement en ce qui concerne les enfants de moins de 5 ans.
Pour les femmes enceintes, les soins prénatals pendant la grossesse, les soins curatifs, les accouchements, les césariennes et les fistules obstétricales seront désormais à la charge de l’Etat.
Les femmes d’au moins 20 ans bénéficieront également d’une prise en charge gratuite du dépistage des lésions précancéreuses du col de l’utérus et du sein. Le coût de cette gratuité des soins, qui progressivement atteindra le reste du pays, est estimé à environ 20 milliards de F CFA pour l’Etat burkinabè pour le reste de l’année 2016. Déjà, 16 milliards de F CFA ont été mobilisés.
Le ministre de la Santé reste confiant quant à la possibilité de combler les 4 milliards restants. En ce qui concerne le renforcement de la santé communautaire, le gouvernement a décidé du renforcement de l’assise communautaire du système de santé à travers le recrutement de 16.000 Agents de santé à base communautaire (ASBC) qui travailleront en collaboration avec les agents de santé pour permettre la résolution des différents problèmes de santé des populations.
Ces 16.000 ASBC percevront une rémunération mensuelle de 20.000 F CFA durant 5 ans.
Le montant total de cette rémunération est évalué à plus de 19 milliards, avec une contribution de 16 milliards de l’Etat. Cette année, 2,88 milliards seront déboursés par l’Etat, avec une contribution de 960 millions de F CFA du Fonds mondial.
Germaine BIRBA
Le renforcement de la santé communautaire
C’est au total 16.000 agents de santé à base communautaire qui seront recrutés en appui aux agents de santé. Une rémunération de 20.000 FCFA/mois est accordée à ces agents sur la période de 5 ans, soit plus de 19 milliards de F CFA. Pour atteindre ces objectifs, l’Etat aura besoin de la participation de la communauté. Ainsi, les collectivités locales devront apporter une contribution de 5.000 F CFA par mois et par ASBC dans le budget communal. Toutefois, en cas de difficulté, l’Etat s’engage à leur venir en aide.
Quelle appréciation fait le Syndicat des médecins face à cette mesure? Dr Alfred Ouédraogo, SG du SYMED, affirme: «Nous saluons cette initiative car nous savons tous que mieux vaut prévenir que guérir. Toutefois, en tant que syndicaliste, nous pensons que l’Etat devrait mieux peaufiner cette mesure en augmentant la rétribution au minimum au SMIG. Nous constatons que les 20.000 FCFA octroyés aux agents et qui ne constituent pas un salaire, car en deçà du SMIG, permettront à ces agents de pouvoir faire face à un certain nombre de dépenses. Mais pour éviter que l’on ne considère que ces agents font l’objet d’emploi précaire et d’exploitation, il serait mieux que l’Etat fasse l’effort d’augmenter leur salaire à 32.000 F CFA au moins pour épouser le SMIG. Ces agents choisis au sein de leur population ont un intérêt pour la population et seront aptes à bien conduire cette mission. Il faudra donc les encourager davantage».
Les limites des mesures
Pour le syndicat des médecins, en plus des mesures sur la santé, d’autres formes d’accompagnement doivent être établies. En premier lieu, c’est de renforcer les plateaux des structures de santé. Dr Alfred Ouédraogo explique que le système de santé actuel a une structure obsolète. Les laboratoires ne fonctionnent pas bien, les centres d’imagerie non plus, et les hôpitaux sont totalement délaissés car il existait ce paradigme qui consistait à dire que 90% des populations sont toujours à la base et que seuls 10% arrivaient dans les CHU.
Si bien que l’ensemble des interventions était plus concentré au niveau de la base. Toutefois, il faut que l’Etat mobilise des ressources pour équiper les hôpitaux. Le but de ces mesures étant de rompre la barrière financière, les populations vont de plus en plus fréquenter les hôpitaux. Il faudra accroitre l’offre de prise en charge. Mais avec un plateau technique obsolète, nous ne pouvons pas répondre à ces attentes.