Le marché du vin est en plein essor au Burkina Faso. De plus en plus de caves voient le jour à travers les villes du pays, preuve que les Burkinabè aiment le vin. A côté de ces vins importés, existe depuis plus de 20 ans du vin «made in Burkina Faso». Entièrement produit au Burkina Faso et à base de produits locaux, ce vin, bien qu’il n’ait rien à envier aux autres, peine à se faire connaitre.
Depuis 1994, il existe le vin du Burkina Faso, une initiative de Christine Naré, agent à la retraite du ministère de la Santé. Elle explique que c’est suite à l’incitation du gouvernement de l’époque à la consommation des produits locaux qu’elle a décidé de mettre en place son unité de fabrication de vin à base de produits du Burkina Faso: «Les vins du Burkina».
La préparation du vin se fait suivant un cycle de fermentation, sans aucun apport chimique. Le temps d’hibernation du vin est de 12 mois et peut être conservé à température ambiante pendant plusieurs années. «Nous avons travaillé à mettre en place un produit qui se stabilise naturellement, sans produit chimique», affirme-t-elle. Après plusieurs expériences, ce sont entre autres les vins à base de sorgho, les vins à base d’oseille, de goyave, de raisin sauvage, de pain de singe, de gingembre, de karité qui sont sortis du lot.
Plus de dix sortes de produits locaux sont transformées en apéritif pour le bonheur des consommateurs d’ici et d’ailleurs. La teneur en alcool de ces produits varie entre 4° et 20°, et sont certifiés par les laboratoires du Burkina Faso. Les vins du Burkina Faso, conditionnés dans des bouteilles de 1 litre, coûtent 1.500 FCFA et 500 F CFA pour les bouteilles de 33cl.
Bientôt, la promotrice envisage de mettre en place des conditionnements en sachets. Les vins du Burkina se sont fait connaitre en Afrique à travers les différentes foires auxquelles a participé Christine Naré. De nombreuses commandes ont été effectuées par de nombreux pays d’Afrique. Toutefois, depuis quelques années, l’activité de Christine Naré peine à conquérir le monde. En cause, la présentation visuelle du produit. En effet, avec les nouvelles lois qui régissent la qualité des produits, les importateurs et les clients sont de plus en plus regardants sur les emballages. Consciente de cette difficulté, Christine Naré a pris des dispositions pour rendre ses produits plus compétitifs et attractifs en s’offrant une machine pour le conditionnement en bouteilles du vin qu’elle produit.
Bientôt, les vins du Burkina Faso bénéficieront d’un meilleur emballage et d’un meilleur conditionnement qui pourraient les propulser sur d’autres marchés: «Un produit, bien qu’excellent, s’il ne bénéficie pas d’un emballage digne de ce nom, passe inaperçu. Mon gros souci est donc la présentation de mon produit. J’ai travaillé à résoudre ce problème en achetant une machine pour l’embouteillage du produit. J’espère ainsi avoir plus de visibilité et pouvoir donner la valeur qu’il faut à mon produit», se justifie-t-elle.
Cependant, la promotrice manque de soutien. L’initiative est l’affaire d’une seule personne qui, au besoin, se fait aider par des contractuels en cas de grosses commandes.Tandis que l’importation du vin croît de jour en jour et que les caves pullulent à travers le pays, le vin «made in Burkina» n’est pas encore bien représenté dans les rayons. Pourtant, au même titre que le Faso Dan Fani qui est la marque déposée du pays, les vins fabriqués à base de produits locaux pourraient être aussi un moyen de développer l’économie du pays et lui apporter une plus-value si les autorités encourageaient l’initiative et travaillaient à développer cette filière.
Germaine BIRBA
Des innovations sans soutien
De nombreuses innovations sont en cours dans le pays. Toutefois, par manque de soutien, la plupart d’entre elles restent dans l’anonymat, puis se perdent. Depuis plus de 20 ans, les vins produits à base de produits locaux existent, mais très peu de Burkinabè en connaissent l’existence.
Pourtant, ce produit pourrait tout aussi bien concurrencer les vins importés et faire la fierté du Burkina Faso à travers le monde, si on y mettait les moyens adéquats pour développer l’activité.