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Mogtédo: le barrage se meurt, la ville aussi

MOGTÉDO est situé à une soixantaine de kilomètres de Ouagadougou. Arrêt obligé pour les usagers de la nationale 1 sur l’axe Ouaga/Koupéla, amateurs de riz local, de légumes ou encore de grenouilles sautées, spécialité de la zone.

Le siège de la coopération agricole et maraîchère de Mogtédo. La fièrté de la commune fait désormais grise mine. (DR)
Le siège de la coopération agricole et maraîchère de Mogtédo. La fièrté de la commune fait désormais grise mine. (DR)

Ce mercredi 31 mars 2016, ce n’est pas jour de marché. Mais le siège de la coopérative agricole et maraichère ne désemplit pas. Les membres du bureau enchainent les réunions ce matin du 30 mars, d’abord avec une équipe de la coopération italienne (CISV). Dehors, une équipe conduite par la Fédération nationale des organisations paysannes (FENOP) attend. Cette faîtière paysanne dont est membre la coopérative de Mogtédo est venue présenter des volontaires suisses qui travaillent avec elle. Chacun avec ses préoccupations. MOGTÉDO est situé à une soixantaine de kilomètres de Ouagadougou. Arrêt obligé pour les usagers de la nationale 1 sur l’axe Ouaga/Koupéla, amateurs de riz local, de légumes ou encore de grenouilles sautées, spécialité de la zone.

Le centre d’étuvage continue de travailler, mais pas pour longtemps. (DR)
Le centre d’étuvage continue de travailler, mais pas pour longtemps. (DR)

Ce mercredi 31 mars 2016, ce n’est pas jour de marché. Mais le siège de la coopérative agricole et maraichère ne désemplit pas. Les membres du bureau enchainent les réunions ce matin du 30 mars, d’abord avec une équipe de la coopération italienne (CISV). Dehors, une équipe conduite par la Fédération nationale des organisations paysannes (FENOP) attend. Cette faîtière paysanne dont est membre la coopérative de Mogtédo est venue présenter des volontaires suisses qui travaillent avec elle. Chacun avec ses préoccupations. les activités économiques des exploitants inquiètent. C’est un SOS que le bureau de la coopérative lance à l’Etat et aux bonnes volontés afin de sauver le barrage.
En ce mois de mars, le soleil tape fort. Lazare Tiendrebéogo, vice-président de la coopérative, nous prévient.les activités économiques des exploitants inquiètent. C’est un SOS que le bureau de la coopérative lance à l’Etat et aux bonnes volontés afin de sauver le barrage.
En ce mois de mars, le soleil tape fort. Lazare Tiendrebéogo, vice-président de la coopérative, nous prévient. «Allez sur le barrage, pas une seule goutte dans le lit, les exploitants se débrouillent comme ils peuvent pour cette campagne de contre-saison».
Premier constat, le lit est effectivement asséché. Seul signe de vie sur cette surface à perte de vue, des troupeaux de boeufs qui s’abreuvent par endroit où les éléveurs ont creusé des puits en plein lit du barrage. Pour les hérons, une flaque d’eau boueuse sert encore de point d’eau. Bientôt, ils iront voir ailleurs. Ce qui n’est pas le cas pour les exploitants, condamnés à rester et surtout à trouver des solutions pour continuer leurs activités. D’une capacité de 6 millions de m3, le barrage n’offrait plus que 2,8 millions en 2008. Aujourd’hui encore moins, se désole Jules Ouédraogo, animateur de la coopérative. Mais la véritable menace qui guette les exploitants de cet ouvrage, ce sont les conflits. La guerre de l’eau n’y est pas encore déclenchée, mais c’est une bombe en retardement. Entre les exploitants situés en amont du barrage à qui on demande d’éviter de cultiver dans le lit du barrage et le nombre exponentiel de ceux qui sont dans la plaine aménagée, ce sera une question de survie. Un cadre de concertation a été mis en place l’année dernière entre la commune de Mogtédo et celle de Zam pour gérer cette ressource. Deuxième constat, l’ensablement du barrage est tel aujourd’hui qu’entre le lit et le déversoir, il n’y pas plus d’un mètre de profondeur. Le déversoir ne retient plus grand-chose en saison pluvieuse, d’où les fréquentes inondations des rizières. Ce déversoir, l’on a bien tenté de le réparer, surtout de le relever en 2008, se rappelle l’animateur de la coopérative, Jules. Pour le vice-président de la coopérative, l’entrepreneur a bâclé le travail et n’aurait pas achevé son chantier.

Le déversoir en piteux état. Les travaux de réfection n’ont pas été à la hauteur. (DR)
Le déversoir en piteux état. Les travaux de réfection n’ont pas été à la hauteur. (DR)

La réfection avait été financée par la BAD et aurait coûté près de 200 millions. La digue qui est fortement dégradée menace de céder par endroit. Là aussi, les travaux de consolidation n’ont pas été à la hauteur. Si les problèmes sont connus, les solutions quant à elles, et les bonnes tardent à venir. Désensabler le barrage semble l’option attendue par les producteurs, tout comme le relèvement du déversoir et le renforcement de la digue. Mais parallèlement, il faudra mettre de l’ordre sur le périmètre. Le barrage était prévu au départ pour irriguer 110 ha. Au fil des années, la pression a augmenté sur la ressource. Plus de 3.000 personnes vivent directement des activités de la plaine, estime la coopérative de Mogtédo. Officiellement, 378 personnes avaient été attributaires de parcelles de 0,25 ha chacune. L’ouvrage, même si elle était toujours en bonne état, n’aurait pas pu satisfaire toute la demande. C’est pour cela que toute réhabilitation devrait être suivie d’une bonne dose d’organisation au niveau des exploitants.

FW

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