Les travailleurs licenciés de Bissa Gold ont interpellé le PDG du groupe Nord Gold, Nikolai Zelensky, propriétaire de la mine de Bissa et de Taparko, sur leur condition. Le PDG du groupe a séjourné effectivement au Faso la semaine dernière. Il devait, entre autres visites, rencontrer les autorités nationales.
Avec les responsables de leur centrale syndicale, la Confédération nationale des travailleurs du Burkina (CNTB), les travailleurs licenciés ne demandent ni plus ni moins que leur réintégration.
Lors de la conférence de presse du 15 mars, ceux-ci ont déclaré avoir déposé un courrier dans ce sens auprès de la direction générale de Bissa Gold.
Dans la lettre en anglais, lue et traduite par la représentante d’Industrieall-union.org (organisation de travailleurs basée en Afrique du Sud), les travailleurs ont interpellé le premier responsable du groupe sur le fait que ce serait lui qui ait donné l’ordre de licencier les grévistes.
En octobre 2015, suite à un arrêt de travail pour revendiquer de meilleures conditions de travail, 116 employés sur les 700 que compte la mine ont été remerciés.
Deux dossiers sont pendants devant les juridictions, suite à ce conflit d’octobre 2015. Thomas Ouédraogo, responsable du suivi des conflits de travail au sein de la CNTB, explique que suite à l’arrêt de travail, est né un conflit collectif qui se trouve actuellement en chambre d’arbitrage, sur les points de revendications relatifs aux conditions de travail (voir encadre).
Justement, sur les points de revendications, les grévistes sont un peu frustrés. Ils ont affirmé devant les journalistes qu’après leur licenciement, certains points de la plateforme revendicative sont appliqués par l’entreprise, justifiant ainsi le bien-fondé de leur action.
Il s’agit notamment de la rotation qu’il voulait voir changer et du paiement de certaines primes. Un travailleur a témoigné du fait que Bissa Gold, pendant 6 mois, lui a payé certaines primes. Mais une fois qu’il a été externalisé, ces primes avaient été suspendues.
Autre grief formulé par les licenciés à l’endroit de leur ex-employeur, c’est le fait de n’avoir licencié que des travailleurs qui ne sont pas originaires de la zone de la mine. Ces informations restent cependant à vérifier.
Le second dossier est relatif au licenciement des 116 travailleurs pour fait «de grève légale», précisent les syndicalistes qui interpellent les nouvelles autorités du pays sur les «violations fréquentes » des droits des travailleurs. Ce dossier a été enrôlé à l’inspection du travail et a abouti à un procès verbal de non conciliation en décembre 2015.
Dans les coulisses, on apprend que ce PV de non conciliation n’est pas encore signé par les parties, comme si elles voulaient donner encore une chance à un accord. En cas de désaccord persistant, le dossier devrait atterrir en principe au tribunal du travail pour licenciement abusif.
FW
Comptes bloqués
Les travailleurs licenciés sont remontés contre leur ancien employeur. Lors des échanges, il est ressorti que pendant qu’ils négociaient la suspension de la grève sous l’égide du ministère en charge du Travail, le 20 octobre 2015, les lettres de licenciement étaient signées et notifiées aux banques dans la foulée. Les travailleurs affirment avoir reçu leurs notifications de licenciement le 21 octobre, mais datées du 13 octobre.
Depuis cette date, ils sont nombreux à avoir eu leurs comptes en banque bloqués. En effet, dès que les banques en ont été informées, les comptes des concernés ont été gelés jusqu’aujourd’hui. Une précaution prise par les banques en attendant le règlement du conflit de travail. Certains des licenciés ont des prêts en cours et les banques attendent le dénouement pour les éventuels paiements des droits et autres indemnités de licenciement pour recouvrer leurs créances. Cependant, dans le lot, des travailleurs disent ne pas avoir de crédit en cours, mais ont vu leurs comptes gelés.
La plateforme de la discorde
A l’origine de la grève du mois d’octobre 2015 qui a conduit au licenciement de 116 travailleurs, la satisfaction de la plateforme ci-dessous. Elle comporte 7 points :
1 – L’augmentation du volume horaire des rencontres des délégués du personnel
2 – L’arrêt des refus de renouvellement des contrats de travail; en cas de refus, qu’il soit motivé par une faute du travailleur; et la signature d’un contrat à durée indéterminée
3 – Autorisation d’utiliser les téléphones portables par les travailleurs sur le lieu de travail
4 – Le changement de la rotation de travail au lieu du système 4/4 actuellement appliqué
5 – L’augmentation de la prime de panier pour le travail de nuit
6 – Le paiement avec rappel des jours de dimanche et jours fériés ayant fait l’objet d’activités professionnelles
7 – Le paiement d’une prime de poussière et de salissure.