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Contrôleur aérien : Un métier passionnant, mais que de responsabilités

 

L’Association professionnelle des contrôleurs aériens du Burkina Faso (APCAB) a tenu son 10e congrès ordinaire le 1er mars 2016 sous le thème : «Mise en œuvre de la surveillance radar à l’aéroport de Ouagadougou : enjeux et perspectives». Nous avons profité de l’occasion pour mieux connaitre ce métier à travers cette interview réalisée avec le président de l’APCAB, Fulbert Bembamba.

– L’Economiste du Faso : Comment êtes-vous arrivés dans ce métier ?
Fulbert Bembamba, président de l’APCAB: J’ai passé le concours en 2001. En son temps, les critères de recrutement étaient le BAC scientifique, avoir 25 ans tout au plus. Les matières de composition étaient les mathématiques, la physique, le français et l’anglais. Au niveau des contrôleurs aériens, l’anglais est très important à l’entrée.
C’est généralement cette matière qui fait la différence. Et après 3 ans de formation à l’Ecole africaine de la métrologie et de l’aviation civile (EAMAC), je suis sorti en janvier 2004. A la sortie de l’école, l’élève n’a que le diplôme. Il ne devient contrôleur aérien qu’après une formation qualifiante sur le terrain qui dure un an en gros, à l’issue de laquelle il obtient toutes les qualifications pour devenir contrôleur aérien, à savoir «Tour approche» et «En route». J’ai donc commencé à exercer véritablement ce métier depuis 2005.

– Quelles sont les critères pour le recrutement actuellement ?
Actuellement, le niveau exigé est BAC +2 scientifique. La formation dure 14 mois à l’école. Mais les élèves en sortent avec une seule qualification : «Tour approche». Pour avoir la qualification «En route», il faut passer un concours professionnel, après 5 ans d’expérience, repartir à l’école pour une formation de 6 mois, avant de reprendre un nouveau cycle de qualification.
– Comment est le travail d’un contrôleur aérien au quotidien ?
Le contrôleur aérien assume plusieurs fonctions qu’on résume dans 3 services appelés services de la CA (Circulation aérienne). Primo: le service contrôle; il s’agit d’éviter que l’aéronef ne rentre en collision avec d’autres aéronefs ou avec des obstacles fixes ou mobiles, au sol ou en l’air.
Secundo: le service l’alerte. Il s’agit de s’inquiéter de l’état d’un aéronef qui a des difficultés, de l’assister et de lancer l’alerte suivant les différentes phases quand cela est nécessaire.
Tertio: le service d’informations. Il s’agit de fournir toute information nécessaire au bon déroulement du vol (météo, état des installations et équipements, etc.).
Chaque contrôleur aérien travaille sous licence délivrée par l’autorité compétente. Au Burkina Faso, c’est l’Agence nationale de l’aviation civile (ANAC) qui délivre cette licence.
La licence a une validité d’un an. Chaque année, le contrôleur aérien doit renouveler sa licence après avoir satisfait aux critères de renouvellement qui sont : le bilan de santé, le niveau d’anglais et la compétence. C’est à l’issue de ces tests organisés par l’ANAC que ce service délivre la licence.

– Lors de votre Assemblée générale, vous avez mentionné que les plus gradés des contrôleurs aériens sont les moins payés. Expliquez-nous ?
Ce sont les effets pervers de la refondation du système de recrutement. Au départ, on recrutait niveau BAC et la formation durait 3 ans. Le contrôleur aérien sortait avec la catégorie A pour ensuite évoluer vers les catégories supérieures, à savoir B, C et D (Ndlr : cette classification est différente de celle de la Fonction publique).
Avec le changement du niveau de recrutement en BAC+2, ils sortent directement en B. La première promotion de contrôleurs aériens BAC+2 et 14 mois de formation est sortie en 2014. Il était prévu que, dans la même lancée, tous ceux qui sont en A soient reclassés en B, les B en C. Ceci n’a pas suivi.
Ce qui fait qu’au même poste, vous trouvez le plus expérimenté moins bien traité que le stagiaire qu’il doit encadrer jusqu’à la qualification. Le problème concerne tous les 17 pays de l’espace ASECNA et doit être résolu au sein de l’ASECNA. Le comité des ministères de tutelle de l’ASECNA a pris une résolution dans ce sens depuis juillet 2015. Mais étant donné que nous assurons un service public qui relève de la souveraineté, nous demandons aux Etats membres de nous aider.
– Combien de contrôleurs aériens compte l’ASECNA?
A la date d’aujourd’hui, dans l’ensemble des 17 pays de l’ASECNA, on compte environ 600 contrôleurs aériens pour un besoin d’à peu près le double. Au Burkina Faso, nous sommes au nombre de 34 dont 8 non encore qualifiés. Ce nombre va évoluer avec le temps, puisque les contrôleurs aériens qui sont en formation recevront bientôt leur qualification.

– L’aéroport de Ouagadougou va bénéficier d’un radar. Quel sera sa contribution dans votre travail?
Le radar a déjà été installé et testé depuis un an. Une formation sera dispensée aux contrôleurs aériens pour qu’ils puissent l’utiliser. Comme je l’ai dit tantôt, toute nouveauté dans ce métier exige une qualification. A l’issue donc d’une formation de plusieurs mois, nous aurons la qualification «Radar» qui nous permettra de faire le job selon des standards internationaux. On peut dire du radar qu’il est l’œil du contrôleur aérien.
Sa mise en œuvre va améliorer considérablement la sécurité aérienne à travers les 3 services que j’ai cités précédemment. Parce que le niveau de trafic a évolué. Avec la croissance du trafic, le radar est devenu indispensable.

– Quels sont les avantages du métier de contrôleur aérien ?
C’est un métier passionnant malgré ses exigences. Il demande plus de responsabilité parce que la pression est continue. Malheureusement, on ne parle de nous que lorsqu’un avion sur les dizaines de milliers qui arrivent subit un incident ou accident.

– Est-ce que tous les vols reçoivent de vous le même traitement ?
Dans le contrôle, il n’y a pas de différence dans le traitement entre les aéronefs. Petits ou grands, les avions doivent, sous notre responsabilité, mener leur vol en toute sécurité. C’est vrai que lorsque nous gérons les vols VIP (chefs d’Etat ou invités de marque), il y a une pression supplémentaire à cause principalement des questions protocolaires.
Le ciel burkinabè est à un carrefour de routes qu’empruntent plusieurs survols transportant souvent des personnalités planétaires telles Barack Obama, le Pape Benoît 16, etc. Leurs avions sont guidés par le centre de contrôle de Ouagadougou sans difficulté.

Interview réalisée par Elie KABORE


Tour de contrôle de Niamey: les raisons de la grève des contrôleurs aériens

Le Syndicat des contrôleurs aériens du Niger a lancé un mot d’ordre de grève d’une semaine qui a paralysé le trafic aérien dans ce pays et dans la sous-région. La grève a pris fin le 27 février dernier et a porté sur la question du reclassement des contrôleurs aériens de l’ASCENA, mais aussi sur des préoccupations locales comme l’amélioration des conditions de travail, le problème d’effectif, le problème de versement de primes, la prise en charge des contrôleurs aériens recalés par la visite médicale annuelle et ceux souffrant d’une maladie professionnelle qui ne peuvent plus obtenir une licence.
La visite médicale est faite chaque 2 ans pour les travailleurs âgés de moins de 40 ans et chaque année pour ceux ayant plus de 40 ans.

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