Simon Compaoré va-t-il s’arracher les cheveux ? Déjà qu’ « il n’a pas grand-chose sur sa tête », ironise le ministre de la Sécurité sortant. Le nouveau ministre d’Etat en charge de la Sécurité a pourtant beaucoup de soucis à se faire. Installé officiellement le 19 janvier dernier, le ministre d’Etat, de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et de la Sécurité intérieure dit déjà être dans l’action. Pour qui connaît Simon Compaoré doit se raviser avant d’adopter certaines attitudes. En tout cas, lors de la cérémonie de passation de charges, le discours officiel terminé, qu’il enfile le manteau qu’on lui connait et dit ses vérités: «Il y a un adage qui dit chez nous que les interdits du marché sont dits le jour de l’ouverture du marché afin que tous ceux qui viendront dans le marché en tiennent compte ». L’adage ainsi énoncé permet à celui qui «ouvre son marché» de donner ses interdits. Simon Compaoré: «Moi, je n’aime pas les retards et vous auriez l’occasion de le constater; je n’aime pas les blocages de dossier. Chez moi, c’est traitement minute «wassa wassa». Moi, je n’aime pas l’absentéisme; moi, je n’aime pas échouer et pour cela je travaille toujours avec ceux-là qui ne vont pas me faire échouer, ceux-là qui aiment le travail bien fait, ceux- là qui aiment la transparence.» Simon Compaoré n’oublie pas de dire à ceux qui ont assisté à « l’ouverture du marché » ce qu’il aime: « Moi, j’aime la célérité; j’aime féliciter ceux qui m’aident à avoir des résultats; j’aime surtout la ponctualité, la transparence et la bonne gouvernance ». Il n’est un secret pour personne, et Simon l’a rappelé, l’ancien bourgmestre de Ouagadougou a de la volonté et de la détermination à revendre. Saura-t-il toujours le faire au regard du poids de l’âge et surtout des épreuves qui l’ont affaibli physiquement ? Il n’en démord pas car il le répète : « C’est une obligation de réussir. Quand il y a la volonté, il y a possibilité de réussir ». Il hérite des rênes de ce département à un moment crucial où les priorités semblent se concentrer sur la sécurisation du territoire au lendemain des attaques terroristes. Il a exhorté ses collaborateurs à faire en sorte que « ceux qui pensent qu’on va échouer» soient surpris. Ainsi, revient- il à la charge devant une assistance attentive: « Alors, si certains d’entre vous faisaient des choses qui n’allaient pas, ah, changez. Si vous aviez de bonnes attitudes, continuez sur ce chemin »
Les défis en matière sécuritaire sont énormes. Le ministre Alain Jean-Claude Zagré qui a passé la main à Simon Compaoré (Sécurité), enseigné déjà par certaines réalités, a prévenu qu’il faudra désormais conjuguer au présent et au futur les verbes renforcer, investir, équiper, créer, former, entrainer, recruter, contrôler, surveiller, intervenir et échanger. Onze verbes à conjuguer au quotidien pour espérer faire face à toutes les velléités de sabotage de la démocratie dans notre pays. Simon Compaoré est conscient que le matériel et les équipements ont toujours été la première préoccupation des forces de sécurité. Ce sont des besoins incompressibles. Et l’ex-ministre Zagré de rappeler au bon souvenir de son successeur que malgré cette réalité implacable, « le budget d’austérité n’a pas été au diapason de ces défis». Selon les confidences d’un spécialiste, il y a urgence à véritablement asseoir un service de renseignements digne de ce nom et à conjuguer au plus vite le verbe «former». Les nouvelles menaces à la sécurité intérieure l’exigent. Et comme l’a dit Alain Jean-Claude Zagré, «l’agenda du terrorisme n’attend pas et n’est pas connu», d’où l’impérieuse urgence de repenser le système sécuritaire du pays.
Alexandre Le Grand ROUAMBA
Simon Compaoré : exit le favoritisme
Un homme prévenu en vaut deux, a-t-on coutume de dire. Dans son langage direct, et devant ses nouveaux collaborateurs mobilisés pour la cérémonie de passation de charges, le ministre d’Etat, de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et de la Sécurité intérieure a été on ne peut plus clair : « L’homme qu’il faut à la place qu’il faut. Je veux des résultats. Que tu viennes de l’Ouest, de l’Est, du Nord ou du Sud, si tu peux, on va te mettre et on te pousse. Mais si tu ne peux pas, même si tu viens du Centre comme moi, on ne va pas te mettre. Moi, je veux des résultats. Soyez sûrs, il n’y aura pas d’ostracisme. Quand je regarde dans la salle, on ne peut pas ne pas réussir. C’est plein de cadres et de grands commis de l’Etat. Tout est question de volonté ».