Au-delà des 30 morts, des nombreux blessés, des dégâts matériels enregistrés, les attaques terroristes du 15 janvier 2016 à Ouagadougou portent un coup dur à la sérénité des investisseurs au Burkina.
Les investisseurs étrangers surtout. Il y aura assurément un «avant» et «après» 15 janvier 2016 à la fois pour tous les étrangers qui sont venus entreprendre des activités au Burkina et ceux qui projettent de le faire.
Lors des attaques du Café-restaurant Cappuccino et de l’hôtel Splendid situés sur l’avenue Kwamé N’Krumah, c’est surtout les Occidentaux et leurs amis locaux qui ont été visés. La plupart des victimes sont venues jouer leur partition sur des projets sociaux ou économiques dans lesquels elles sont engagées.
Les évènements de la nuit du 15 janvier ont de ce fait un impact sur les activités impliquant ces personnes. Au-delà des victimes directes, c’est toute la communauté des expatriés travaillant au Burkina et des visiteurs ponctuels qui est traversé par l’onde de choc de la barbarie.
L’avenue Kwamé N’Krumah, située en plein cœur de la zone administrative et commerciale de Ouagadougou, accueille de nombreux établissements d’affaires. Des bureaux de plusieurs services publics ou privés, des commerces ambulants mais aussi des hôtels, bars, restaurants, terrasses et de nombreuses activités connexes apparaissant la nuit tombée.
Outre les dégâts matériels causés par les attaques et dont les réparations vont coûter beaucoup d’efforts aux propriétaires de ces établissements, c’est surtout la fréquentation des lieux par la clientèle qui risque d’en souffrir. Des baisses de chiffres d’affaires en perspective; au moins dans l’immédiat.
Depuis le 15 janvier, les interrogations ne manquent pas dans les têtes du monde des affaires sur l’avenue Kwamé N’Krumah et particulièrement dans celles du monde de la nuit (tenanciers des maquis-bars, restos, dancings, night-clubs et autres) au centre-ville et partout. La peur existe désormais.
Que faut-il faire? Il est probable que l’enthousiasme des investisseurs étrangers attirés par le Burkina post-insurrectionnel désormais engagé sur la voie la démocratie et qui s’apprêtaient à s’y installer soit ralenti ou freiné. Ces personnes vont désormais se donner un temps supplémentaire de réflexion avant de venir ou pas. Par contre, chez tous ceux qui connaissent déjà le pays, on a enregistré pour le moment des réactions positives.
Interrogés, la plupart d’entre eux parlent de «résistance». «On peut désormais exprimer de la peur, mais il ne faut pas céder à cette peur. Il faut montrer à ces barbares que nous sommes plus forts qu’eux», disent les Ouagalais et la plupart des personnes établies sur l’avenue Kwamé N’Krumah.
Les Occidentaux expatriés sont également sur la même ligne, celle de la résistance. «Je ne pense pas partir», indique cette Française, propriétaire d’un restaurant à la cuisine européenne à Ouagadougou. «Il peut avoir des attaques terroristes partout.
Récemment, il y en a eu en France également», ajoute-t-elle. Comme cette dame, de nombreux expatriés ont laissé entendre que les attaques terroristes du 15 janvier à Ouagadougou n’allaient pas mettre fin à leurs projets à Ouagadougou, ni entrainer leur départ précipité.
Des réactions positives dans l’ensemble. Mais il est clair que cette attitude de résistance aura besoin d’être encouragée par une réaction concrète et forte des autorités face à la menace terroriste.
Les populations et les investisseurs ont besoin de sentir la présence d’un dispositif efficace contre le phénomène. Un dispositif de prévention et de dissuasion, mais aussi de riposte.
Pas sûr qu’une autre attaque de la même nature que celle du 15 janvier ne fera pas changer les avis actuels de résistance.
Karim GADIAGA
Le président du Faso rassure les investisseurs
«La lutte anti-terroriste fait désormais partie du quotidien des Burkinabè. Nous n’allons pas courber l’échine», avait déclaré le président du Faso, Roch Kaboré, le 16 janvier sur les lieux de l’attaque.
Un message de fermeté et d’assurance sur lequel le président est revenu en s’adressant particulièrement aux partenaires financiers et aux investisseurs. «Je voudrais rassurer et nous disons que le Burkina Faso prendra les dispositions pour que les investisseurs puissent continuer à investir tranquillement dans notre pays.
Il nous appartient de créer toutes les conditions pour rassurer nos partenaires que, au Burkina Faso, ils peuvent toujours contribuer à aider le peuple burkinabè. Ils peuvent toujours continuer à investir et il appartient à l’Etat de prendre les dispositions nécessaires», a-t-il déclaré.o