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Secteur minier dans l’UEMOA: une contribution de 6,6% au PIB

Le secteur minier de l’UEMOA a un poids significatif dans les exportations et dans la formation du PIB, et contribue ainsi au développement socio-économique de l’Union. Cependant, comparée à celles des autres secteurs de l’économie, cette contribution s’avère relativement limitée. En cause, les Etats membres semblent avoir tiré un moindre parti de leurs ressources minières, comparativement à leurs homologues africains et, aussi, les fonds qu’elles génèrent ne profitent pas aux populations des zones minières.

Ces conclusions proviennent de l’étude sur les impacts économiques du développement du secteur minier dans l’UEMOA, publiée le 31 décembre 2015 par la BCEAO.
Ce rapport a dressé le bilan de la gestion minière au sein de l’Union, à savoir l’impact économique du développement du secteur minier, au cours de la période de croissance post-dévaluation (1995-2012), dans l’ensemble des huit pays de l’Union.
Au cours de la dernière décennie, le secteur minier de l’UEMOA a connu une expansion remarquable de sa production avec la réforme du Code minier au Mali, l’ouverture des mines d’or de Kalsaka, Mana et Taparko au Burkina, ou encore le triplement de la production de ciment au Sénégal.
Cependant, l’arrivée de cette manne financière potentielle s’accompagne de défis considérables auxquels les décideurs de la zone doivent faire face. Il s’agit pour ces pays de maximiser les recettes issues de l’exploitation de ces ressources afin d’améliorer les conditions de vie des populations.

L’or, le pétrole, l’uranium, le phosphate, etc.

Outre les productions relativement mineures de diamant en Côte d’Ivoire, de calcaire au
Sénégal, ou encore de manganèse au Togo, les mines de l’UEMOA produisent et exportent de manière active quatre principales ressources: l’or, le pétrole, les phosphates et l’uranium.

De toutes les ressources minières, l’or est celle qui a enregistré la plus forte progression de sa production durant les deux dernières décennies. Source : (Rapport sur les impacts économiques du développement du secteur minier dans l’UEMOA/ BCEAO 2015)
De toutes les ressources minières, l’or est celle qui a enregistré la plus forte progression de sa production durant les deux dernières décennies. Source : (Rapport sur les impacts économiques du développement du secteur minier dans l’UEMOA/ BCEAO 2015)

De toutes les ressources minières, l’or est celle qui a enregistré la plus forte progression de sa production durant les deux dernières décennies. En effet, la production globale d’or au sein de l’UEMOA est passée de 8.000 kg en 1990 à plus de 100.000 kg en 2012, soit une progression annuelle de plus de 90%. La production globale de pétrole au sein de l’UEMOA a connu une légère baisse durant la période 1995-1998, attribuable à l’arrêt de la production du site de Sémé, au Bénin, en 1998. La production aura une tendance haussière dans les années à venir avec une augmentation des capacités de production dans ces deux pays.

La production globale de pétrole au sein de l’UEMOA a connu une légère baisse durant la période 1995-1998, attribuable à l’arrêt de la production du site de Sémé, au Bénin en 1998. Source : (Rapport sur les impacts économiques du développement du secteur minier dans l’UEMOA/ BCEAO 2015)
La production globale de pétrole au sein de l’UEMOA a connu une légère baisse durant la période 1995-1998, attribuable à l’arrêt de la production du site de Sémé, au Bénin en 1998.
Source : (Rapport sur les impacts économiques du développement du secteur minier dans l’UEMOA/ BCEAO 2015)

A l’image du pétrole, la production de phosphates a globalement reculé au sein de l’UEMOA durant les deux dernières décennies. Evaluée à 4,5 millions de tonnes en 1992, la production a atteint son niveau le plus bas en 2008 à 1,4 million de tonnes, avant de connaître un léger rebond à partir de 2009.

L’essentiel de la production d’uranium de l’Union provient du Niger, qui affiche un niveau de production globalement stable au cours des deux dernières décennies. Source : (Rapport sur les impacts économiques du développement du secteur minier dans l’UEMOA/ BCEAO 2015)
L’essentiel de la production d’uranium de l’Union provient du Niger, qui affiche un niveau de production globalement stable au cours des deux dernières décennies.
Source : (Rapport sur les impacts économiques du développement du secteur minier dans l’UEMOA/ BCEAO 2015)

L’essentiel de la production d’uranium de l’Union provient du Niger, qui affiche un niveau de production globalement stable au cours des deux dernières décennies, malgré une baisse sensible en 1998 et une tendance légèrement haussière depuis 2010.

Les perspectives
Plusieurs facteurs incitent à l’optimisme quant à l’avenir du secteur minier de l’UEMOA.
Tout d’abord, sur le front de l’or, la découverte des réserves de Siou au Burkina, estimées à plus de 795.000 onces, conjuguée au démarrage de la production dans la mine de Sega, devrait permettre une augmentation considérable de la production aurifère du pays.
Cette hausse devrait également être renforcée par l’ouverture de la quatrième mine d’or ivoirienne.
Du côté des phosphates, le marché communautaire devrait également accueillir un nouveau participant, avec le démarrage prochain de la production sur le site de Tilemsi au Mali.
En ce qui concerne le pétrole, la région de Sémé, au Bénin, a fait l’objet de deux découvertes successives de pétrole, durant la fin de l’année 2013, pour des réserves totales estimées à 167 millions de barils. Parallèlement, une hausse de la production pétrolière du Niger, de 20.000 barils par jour à 80.000 barils par jour, est attendue suite à l’octroi d’un second permis d’exploitation pour le site d’Agadem.
En somme, l’analyse ci-dessus montre que le secteur minier de l’UEMOA se caractérise par une production diverse et dynamique, avec des perspectives particulièrement encourageantes.
En termes de politiques économiques, l’étude met en lumière la nécessité de mettre les ressources minières davantage au service du développement socio-économique des pays de l’Union. Les ressources minières apportent déjà une contribution significative, surtout dans le domaine des exportations.

En 2012, le poids des mines dans les exportations du Mali, du Niger, du Sénégal et du Togo s’élevait respectivement à 73%, 84%, 54%, et 45%. Source : (Rapport sur les impacts économiques du développement du secteur minier dans l’UEMOA/ BCEAO 2015)
En 2012, le poids des mines dans les exportations du Mali, du Niger, du Sénégal et du Togo s’élevait respectivement à 73%, 84%, 54%, et 45%. Source : (Rapport sur les impacts économiques du développement du secteur minier dans l’UEMOA/ BCEAO 2015)

Cependant, les ressources financières qu’elles génèrent ne sont pas suffisamment canalisées au service des populations de la zone. Cet état de fait est parfaitement illustré par la contribution plus faible des ressources minières au développement socio-économique des populations de l’UEMOA, comparée au reste des pays africains, malgré une contribution à la croissance plus importante dans l’UEMOA que dans le reste de l’Afrique.

NK


 

Poids du secteur minier dans le PIB et dans les exportations

L’analyse de la décomposition sectorielle du PIB montre que la part du secteur minier (6,6%) dans le produit intérieur brut de l’Union est non négligeable par rapport à celle des BTP (4,7%) et des utilitaires (2%). Toutefois, cette proportion reste relativement faible comparativement au secteur des services (45,4%), à l’agriculture (32,3%) et au secteur manufacturier (9,0%).
Du côté des exportations, les ressources minières ont surpassé les ressources agricoles au titre de première source d’exportations dans l’Union. L’étude montre que la part des ressources minières dans les exportations de l’Union a enregistré une évolution croissante pour surpasser celle des ressources agricoles à partir de 2006. En effet, la proportion des produits miniers dans les exportations des Etats membres de l’UEMOA est passée de 26,3% sur la période 2002-2006 à 41,1% sur la période 2007-2012, alors que celle de l’agriculture est passée de 45% en 2000 à 32% en 2012. Il convient de préciser que la part des exportations dans le PIB de l’Union ressort à 30% en 2012. o
Une croissance moins inclusive lorsque tirée des mines

A l’image des résultats de l’analyse sur la contribution au PIB, les estimations montrent que les ressources minières contribuent bel et bien au développement socio-économique des pays de l’Union. Elles suggèrent qu’une hausse de 1% du secteur minier entraîne, en moyenne, un recul de 0,09% de la pauvreté. Ces chiffres impliquent qu’une expansion minière de 6,6% (équivalente à la proportion du secteur minier dans la formation du PIB au sein de l’UEMOA entre 1995 et 2012 😉 tirerait, en moyenne, 0,6% de la population hors de la pauvreté, ce qui est non négligeable.
Toutefois, comparés aux autres secteurs, ces effets s’avèrent, là encore, considérablement plus faibles. En effet, l’impact sur la pauvreté se révèle 5 fois plus faible quand elle est tirée par les mines, comparé à l’agriculture ; trois fois plus faible, comparé aux services et 1,5 à 2 fois plus faible, comparé à la manufacture et aux BTP, respectivement.
Ces résultats sont corroborés par des estimations similaires sur l’échantillon des pays africains hors UEMOA. A l’image des pays de l’Union, la croissance y semble moins inclusive lorsqu’elle est tirée par les ressources minières. Cependant, comparés aux pays de l’UEMOA, ces derniers semblent avoir collectivement tiré un meilleur bénéfice de leurs ressources minières. En effet, les estimations suggèrent qu’une unité de croissance minière dans les pays africains hors UEMOA tire 0,17% de la population hors de la pauvreté, tandis que la même unité de croissance minière dans l’UEMOA en tire seulement 0,09%. En d’autres termes, l’activité minière réduit la pauvreté presque deux fois moins vite dans l’UEMOA comparée aux autres pays africains.

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