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Burkina Faso : La nouvelle plaque tournante ?

Le Burkina Faso force aujourd’hui l’admiration. En l’espace d’une année, le pays a réalisé des performances spectaculaires en matière de démocratie et dans l’instauration des fondamentaux à même d’assurer la bonne gouvernance. Après une insurrection populaire inédite en Afrique de l’Ouest et une transition qui a réussi sa principale mission en organisant des élections unanimement reconnues comme un succès, la plupart des indicateurs sont au vert.

Ce qui augure des lendemains qui chantent, sauf si les fruits ne tiennent pas la promesse des fleurs. Difficile en tout cas d’envisager une déconvenue dans ce pays où la population semble avoir définitivement pris conscience de son rôle citoyen, prête à s’assumer et à barrer la route aux projets aux relents incertains. Si l’incertitude est écartée, c’est donc la stabilité qui s’installe.
L’horizon politique, économique et tout le reste devraient rassurer. Et c’est le contexte dont rêvent les investisseurs économiques. Le climat, qui devrait être celui du Burkina, est favorable pour booster l’activité économique. Les investisseurs qui sont déjà présents pourraient envisager d’augmenter leurs niveaux d’affaires alors que de nouveaux frémissements pourraient être constatés çà et là.
Avec une législation attrayante, la disponibilité des facteurs essentiels de production comme l’énergie et des infrastructures basiques comme les routes permettant des accès faciles aux différents sites d’intérêt, beaucoup de potentialités exploitables du pays ne tarderont pas à trouver des preneurs. Le continent africain, qui enregistre depuis quelques années des taux de croissance importants, est aujourd’hui considéré comme le présent et le futur de l’économie mondiale.
L’intérêt des grands investisseurs mondiaux pour l’Afrique ne fait pas de doute en ce moment. Toutefois, ils sont jusque- là freinés dans leur élan par l’instabilité que connaissent la plupart des pays africains: guerres; successions difficiles à la tête de l’Etat; législations trop contraignantes pour les affaires ; faible protection des investissements ; absence d’infrastructures et ressources de base (eau, électricité, routes).
Le Burkina Faso, qui est sur le point de gagner l’un des paris les plus importants, notamment la stabilité, et par conséquent de lever l’obstacle le plus effrayant, pourrait donc profiter du penchant actuel des investisseurs pour l’Afrique. Cela nécessitera toutefois d’accélérer les réformes entreprises pour rendre plus propice le climat des affaires.
En 2014, le pays était classé 154e sur 189 dans le rapport Doing business et affichait une position stagnante par rapport aux précédents classements. Le groupe de Banque mondiale avait d’ailleurs insisté sur la nécessité de donner un second souffle aux réformes au Burkina. L’autre fausse note qui pourrait, au stade actuel, jouer sur l’enthousiasme des investisseurs vis-à-vis du Burkina, c’est la question du terrorisme. Le pays fait désormais partie des potentielles cibles du terrorisme et des attaques ont déjà été enregistrées au niveau des frontières. Le terrorisme décourage la présence des investisseurs occidentaux et touche directement des secteurs économiques comme l’hôtellerie, le tourisme, le transport. Une bonne réaction interne et aussi externe, notamment dans le cadre de l’initiative des pays du G5, devrait fortifier les atouts du Burkina.
Outre l’ouverture sur le plan économique, c’est sur le plan de la diplomatie que le Burkina pourrait également récolter des dividendes de sa stabilité annoncée. Le pays pourrait rapidement redevenir une plaque tournante des rencontres internationales. Ce sera le lieu où se tiennent des échanges et où se prennent des décisions concernant la sous-région, notamment. Cela dépendra surtout du charisme et de l’influence du nouveau président, Roch Marc Kaboré. A un moment donné, sous l’ancien président Blaise Compaoré, le Burkina a un peu porté cette image de plaque tournante de la diplomatie : lieu où se mène la médiation sur les différends politiques dans la sous-région. Le Burkina a également abrité de nombreux sommets et rendez-vous internationaux et interafricains : le sommet France-Afrique en décembre 1996, la Coupe d’Afrique des nations de football en février 1998, le sommet de l’OUA (aujourd’hui UA) et la désignation Blaise Compaoré comme président de cette organisation, jusqu’à la mi-juillet 1999, le forum mondial sur le développement durable en 2009, etc. Cependant, l’affaire Norbert Zongo, le rôle négatif supposé du Burkina dans certaines crises de la sous-région, les tensions politiques internes autour de la succession de Blaise avaient fini par affaiblir la position du pays. o

Karim GADIAGA


Redevenir le favori de la France

Depuis l’élection de Alassane Ouattara en Côte d’Ivoire, la France, puissance étrangère dominante dans la région ouest-africaine, semble désormais s’appuyer sur ce pays en matière de diplomatie. Ce choix avait été surtout imposé par les tensions politiques qui s’annonçaient au Burkina et l’incertitude qui régnait sur l’avenir de l’ancien président du Burkina.
Aujourd’hui, c’est presque la situation contraire qui existe. Au moment où le Burkina est crédité d’une stabilité sur son avenir, avec un président élu sans contestation, Ouattara n’a pas encore réussi totalement à calmer les tensions autour de son pouvoir. Par ailleurs, certains partisans de l’ancien président Gbagbo semblent n’avoir pas encore renoncé à la solution de la force. En plus, la succession de Ouattara ne s’annonce pas aisée avec un duel interne perceptible entre Guillaume Soro et Ahmed Bakayoko. La France pourrait donc envisager le Burkina comme un plan B dans sa stratégie régionale.

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