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Tambao : Les travailleurs licenciés

A la société PAN African Tambao (PAT), l’on ne parle plus de travailleurs mais d’ex-travailleurs désormais. Les employés de la mine de manganèse n’ont pas échappé à ce qui était leur crainte et qui a été à l’origine de manifestations pour interpeller le ministre en charge des Mines. Depuis le 14 octobre 2014, date de la fin de la période légale du chômage technique dans lequel ils sont restés pendant 8 mois, les travailleurs ont été licenciés par leur employeur. Les emplois directs sont estimés à plus de 80. Mais en comptant tous les emplois rattachés à l’activité de cette mine, il y avait plus de 2.500 emplois.

La société a estimé qu’elle était au bout de ses possibilités. La direction générale de PAT explique que malgré la volonté qu’elle a eue de ne pas arriver à une telle situation, elle ne pouvait plus de supporter des charges alors que les activités sur la mine sont arrêtées depuis le mois de janvier dernier. Dès la prise de la décision de suspension des activités d’exportation du minerai par le ministre Boubakar Ba, le 15 janvier 2015, tous les travailleurs ont d’abord été mis en congé administratif d’un mois.
Par la suite, un compromis, très favorablement accueilli par les travailleurs, a été trouvé pour appliquer le régime du chômage technique. En principe, un chômage technique ne peut excéder une période de 6 mois. PAT, qui a multiplié les initiatives pour expliquer sa bonne foi aux autorités et démontrer le préjudice résultant de la suspension des exportations, espérait que le ministre reviendrait rapidement sur sa décision. Peine perdue. Au contraire, les choses se sont empirées.
Le 22 juin 2015, le ministre de Mines et de l’énergie a carrément décidé de la suspension même de l’Accord de Partenariat public/privé (PPP) qui lie PAN African Tambao à l’Etat burkinabè. L’horizon venait de s’assombrir davantage pour la société et aussi pour les travailleurs.
La première manifestation de colère a été organisée par les fournisseurs de services de la société en juillet dernier. Un mois après, le 27 août 2015, c’est le Collectif regroupant les fournisseurs et les employés directs qui a organisé un sit-in pour interpeller les autorités nationales sur les emplois menacés. Il invitait surtout le ministre des Mines à trouver un compromis avec l’employeur afin de préserver les emplois.
Le 16 septembre, soit un mois avant la fin du chômage technique, ils avaient également organisé une conférence de presse au Centre d’éducation ouvrière pour alerter sur l’imminence de leur licenciement. Mais quelques heures après cette conférence de presse, le pays basculait dans une période d’incertitude en raison du putsch perpétré par les éléments de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP).
Une reprise des négociations entre l’Etat et les responsables de la mine de Tambao, initialement prévue pour démarrer le 21 septembre 2015, n’aura pas lieu.
Mais l’échec du putsch a permis la reprise des négociations le mardi 20 octobre dernier. L’objectif de ces négociations est de parvenir à un avenant sur «l’Accord de PPP relatif à la réalisation des projets intégrés dans le cadre de la mise en valeur du gisement de manganèse de Tambao».
Les points sur les infrastructures, notamment le prolongement du chemin de fer depuis Kaya jusqu’à Tambao et le bitumage de la route Dori- Gorom-Grorom- Tambao ont donc pu être abordés. Un projet d’accord est sur la table. PAN African Burkina (PAB) devait recevoir de la part du gouvernement certaines données techniques supplémentaires pour éventuellement faire des amendements sur le projet d’Accord.
Le numéro 129 de L’Economiste du Faso a largement présenté la situation. Ces apparentes avancées dans les négociations n’ont cependant pas permis jusque-là de lever les suspensions décidées par le ministre des Mines.

Karim GADIAGA


Une promesse non encore tenue

Depuis le 14 octobre 2014, c’est en tant que ex-travailleurs que les employés de PAT agissent pour demander la reprise des activités de la mine. Ils sont surtout encouragés par la promesse faite par leur ex-employeur de les réembaucher dès que les choses reviendront à la normale. Estimant que le ministre des Mines n’était pas assez sensible à leur situation, c’est au président du Faso, Michel Kafando, qu’ils se sont adressés entre-temps.
Dans une lettre datant du 11 novembre dernier, le président Kafando leur a répondu en expliquant que «des instructions ont été données pour une levée des suspensions dans les meilleurs délais».
Mais quelque deux semaines après cette lettre, rien n’a été fait dans le sens de cette levée et les ex-travailleurs s’impatientent. C’est ainsi que le 23 novembre, ils ont adressé une lettre au ministre Boubakar Ba, avec ampliation au Cadre de concertation des sages. C’est-à-dire l’organe de médiation créé en juillet dernier par le président Kafando et qui a pour mission «d’œuvrer, en tant que de besoin ou en temps de crise, au rapprochement des positions des acteurs politiques, militaires et civils». Dans la lettre adressée au ministre des Mines, les ex-travailleurs de PAT disent «prendre acte de son silence».

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