Le 16 mars 2015, le gouvernement de la transition a adopté un décret portant création et exécution d’un Programme socioéconomique d’urgence de la transition (PSUT). Objectif: promouvoir la création d’emplois et de richesses au niveau des couches sociales vulnérables. Le programme socioéconomique d’urgence de la transition est multisectoriel. Il touche à la fois aux secteurs de l’éducation, de la santé et surtout au secteur de l’économie (création de 10.000 unités économiques au profit des jeunes et des femmes, qui généreront près de 30.000 emplois).
Le PSUT a déjà fait ses premiers heureux. En effet, les femmes et les acteurs du secteur informel sont passés à la caisse le 26 octobre dernier. Sur 18.721 dossiers reçus pour un besoin de financement de 49,13 milliards de FCFA au départ, 3.455 personnes ont bénéficié de ces fonds sous forme de prêts, soit 14% dans l’ensemble des 13 régions. Ces fonds ont été octroyés à travers le Fonds d’appui à la promotion de l’emploi (FAPE), le Fonds d’appui aux initiatives des jeunes (FAIJ), le Fonds d’appui au secteur informel (FASI) et le Fonds burkinabè de développement économique et social (FBDES).
Le programme que coordonne Olivier Sawadogo octroie des montants qui varient en fonction de la nature de l’entreprise. C’est ainsi que pour le secteur informel, le montant varie entre 200.000 et 5.000.000 de F CFA.
Pour les PME/PMI, les montants sont plafonnés à 20 millions de F CFA. Les taux d’intérêt appliqués sont aussi variables. Ils sont de 4% pour les fonds de roulement et 3% pour les prêts d’investissement.
Pour les personnes vivant avec un handicap, le taux est de 2% l’an quels que soient le montant et la nature du prêt. Le PSUT fait obligation aux bénéficiaires de rembourser dans un délai de 3 à 5 ans. Quant aux différés de paiement, ils varient de 3 mois à 6 mois selon la nature de l’activité (production à rentabilité immédiate comme le commerce, production cyclique comme l’agriculture).
Dans des projets de ce genre, un doigt accusateur est vite pointé vers l’iniquité des chances des postulants. A ce niveau, un dispositif a été mis en place pour un traitement «équitable et transparent des dossiers» en associant aux comités de sélection des guichets spéciaux les représentants des jeunes, des femmes et du Réseau national de lutte anti-corruption (RENLAC).
Malgré tout, certains semblent ne pas y croire. Pour preuve, on apprend qu’après la publication des résultats des premiers bénéficiaires, certains postulants n’ont pas hésité à se plaindre auprès de la direction du PSUT de n’avoir pas été retenus.
Beaucoup de personnes impliquées dans le traitement des dossiers disent vivre des rapports sociaux tendus pour n’avoir pas pu intervenir pour aider un ami ou un membre de famille.
Le PSUT est-il un fonds spécial ou un guichet des autres fonds déjà existants? C’est l’une des interrogations qui trottent dans les esprits et à laquelle Olivier Sawadogo apporte un éclaircissement : «C’est vrai, le PSUT aurait pu ouvrir ses propres guichets, travailler avec son personnel propre.
Mais le temps a joué contre lui. Mis en place vers la fin du mois de mars 2015, il n’a pas disposé de temps lui permettant de s’organiser avant de passer à l’action. Cela l’a conduit à faire recours à quatre fonds nationaux auxquels il a imprimé sa marque. Les financements du PSUT sont des fonds spéciaux pour lesquels des guichets spéciaux ont été ouverts dans quatre Fonds nationaux de financement.
La durée de vie de ces guichets spéciaux est adossée à la durée des remboursements, à savoir cinq ans».
Le tout n’est pas de créer un tel programme, mais d’en assurer un bon suivi. A ce niveau également, des garanties ont été données à travers un dispositif mis en place.
L’octroi des financements intervenu seulement le 26 octobre dernier n’est-il pas venu tard ? Le coordonnateur du PSUT estime que «les actions économiques ne sont pas à traiter comme en urgence médicale».
L’essentiel, poursuit-il, «est que les jeunes et les femmes bénéficient de leurs financements comme cela a été promis par le gouvernement de la transition. Tout n’est pas si négatif. Des hommes et des femmes ont travaillé de nuit comme de jour pour faire aboutir le financement. Je ne pense pas que l’on pouvait mieux faire avec les moyens et le temps qui étaient mis à notre disposition».
Que deviendra le PSUT après la transition ? Mis en place par la transition en vue de répondre à un certain nombre de besoins sociaux insatisfaits, sa durée de vie est donc naturellement liée à la transition. Toutefois, le gouvernement qui sera issu des élections du 29 novembre décidera de la suite à y donner.
Alexandre Le Grand ROUAMBA