La Banque mondiale a présenté à la presse de 6 pays d’Afrique francophone dont le Burkina Faso son dernier rapport semestriel économique dénommé Africa’s Pulse. C’était le 5 octobre dernier dans ses locaux, en direct avec les bureaux de la banque à Washington, et dirigé par Punam Chuttan-Pole, économiste en chef de la région Afrique. Il ressort de ce rapport une baisse de la croissance des pays d’Afrique subsaharienne comparativement aux estimations faites. La croissance sera de 3,7% en 2015 au lieu de 4,6% affichés en 2014. Ces chiffres sont les plus faibles depuis 2009. Les raisons de cette baisse sont dues à un environnement économique moins favorable avec la chute des prix des matières premières tels que l’or, le coton, le manganèse et bien d’autres, la baisse de la croissance mondiale, la chute du prix du pétrole, mais aussi à cause d’autres facteurs exogènes tels que le ralentissement de l’économie chinoise et le durcissement des conditions financières au niveau mondial. « La chute brutale et continue des cours des matières premières accroit les déficits budgétaires des Etats et représente un défi supplémentaire pour les pays qui n’ont déjà plus de marge pour amortir les chocs », a déclaré Punam Chuttan-Pole. En ce qui concerne la baisse du cours des matières premières, elle s’explique par une offre excédant la demande mondiale. Ainsi, selon le rapport, depuis juin 2014, les prix du gaz naturel, du minerai de fer et du café ont baissé de 25%.
Au Burkina Faso, le prix de l’or a baissé de 27% et le coton de 8%, selon l’analyse de Mariam Diop, économiste pays de la Banque mondiale. Il ressort également du rapport que le ralentissement de la croissance économique est inégal selon les pays et les facteurs à l’origine varient. Au Ghana et en Afrique du Sud, par exemple, l’insuffisance de la production d’électricité est mise en cause dans le ralentissement de la croissance. Au Burundi et au Soudan du Sud par contre, l’instabilité politique et les tensions sociales ont eu un impact sur l’économie.Toutefois, le rapport note des points positifs. Certains pays comme la Côte d’Ivoire, l’Ethiopie, le Mozambique, le Rwanda et la Tanzanie afficheront une croissance solide grâce aux investissements dans le secteur de l’énergie et du transport, la consommation des ménages et l’investissement dans le secteur extractif. Le rapport prévoit une croissance de 7% par an entre 2015 et 2017 pour ces pays.
Germaine BIRBA
Les recommandations de la Banque mondiale
Face à la chute de la croissance économique, la Banque mondiale a fait quelques recommandations aux pays africains afin de pouvoir supporter les effets de la croissance en baisse. Ce sont, entre autres, la priorisation des dépenses, le redoublement des efforts pour des réformes structurelles, l’amélioration de l’agriculture, l’investissement dans de nouvelles capacités de production électrique, mieux gérer les sècheresses et leurs conséquences, moderniser les entreprises publiques, inciter les entreprises privées à investir, accroitre les recettes fiscales et améliorer le consentement à l’impôt. Punam Chuttan-Pole résume ces recommandations en ces termes : «Afin de résister aux chocs à venir, les gouvernements africains devraient améliorer la gestion de leurs dépenses publiques, en se concentrant par exemple sur les investissements essentiels et en renforçant leurs administrations fiscales afin de dégager des marges budgétaires ».