L’Indice Mo Ibrahim pour la gouvernance en Afrique (IIAG), publié le 5 octobre 2015, indique qu’au cours des 4 dernières années la progression de la gouvernance en Afrique s’est essoufflée, et révèle un paysage en transition. Pendant la période 2011-2014, le score global moyen de gouvernance en Afrique a très faiblement augmenté de 0,2 point pour atteindre 50,1 (sur 100), avec de sensibles variations de performances, tant au niveau des pays que des catégories.
Publié chaque année, l’IIAG fournit une évaluation approfondie de l’état de la gouvernance dans chacun des 54 pays africains. L’IIAG 2015 comprend 93 indicateurs regroupés sous quatre catégories: Sécurité et Etat de droit, Participation et droits de l’Homme, Développement économique durable et Développement humain.
Dans 21 pays, dont 5 figurent parmi les dix pays en tête du classement, le résultat global s’est détérioré depuis 2011. Six pays seulement ont enregistré une amélioration dans chacune des quatre catégories de l’IIAG : la Côte d’Ivoire, le Maroc, le Rwanda, le Sénégal, la Somalie et le Zimbabwe.
La tendance générale au niveau du continent masque des performances contrastées au niveau régional, amenant à un écart croissant entre les différentes régions. L’Afrique australe demeure la région la plus performante, avec un score moyen de 58,9, suivie par l’Afrique de l’Ouest (52,4), l’Afrique du Nord (51,2) et l’Afrique de l’Est (44,3). L’Afrique centrale est à la fois la région qui enregistre le score le plus faible (40,9) et la seule région dont le niveau s’est détériorée depuis 2011.
L’amélioration marginale du niveau global de gouvernance sur le continent est tirée par les progrès enregistrés dans deux catégories seulement : le Développement humain et participation et les Droits de l’Homme (respectivement +1,2 et +0,7). Les deux autres catégories, Développement économique durable et Sécurité et Etat de Droit, enregistrent pour leur part une détérioration (respectivement -0,7 et -0,3).
Mo Ibrahim, président de la Fondation Mo Ibrahim, déclare : «Bien que dans l’ensemble nos concitoyens africains sont certainement en meilleure santé et vivent dans des sociétés plus démocratiques qu’il y a 15 ans, l’IIAG 2015 montre que l’évolution récente sur le continent dans d’autres domaines clés est soit au point mort, soit en déclin, et que certains pays majeurs semblent marquer le pas. C’est un signal d’alarme pour chacun d’entre nous. Seules des améliorations partagées et durables dans chacun des domaines de gouvernance assureront aux Africains l’avenir qu’ils méritent et exigent».
NK
Le Burkina perd une place
Classé 21e en 2014, le Burkina Faso a perdu une place dans le classement de l’Indice Ibrahim pour la gouvernance. Malgré les progrès réalisés dans les sous-catégories de la section Développement humain, le Burkina stagne toujours dans la moitié du classement général en Afrique, 22e sur 54 pays. La plus grande baisse dans le domaine de la gouvernance est attribuée à la catégorie Développement économique durable et Développement humain, avec une baisse généralisée dans tous les sous-catégories qui la constituent.
Le pays montre cependant une amélioration globale de la gouvernance depuis 2011, avec des scores supérieurs à la moyenne africaine et inférieurs à la moyenne régionale (Afrique de l’Ouest), avec la 5e place en Afrique de l’Ouest.
Principales constatations de l’IIAG 2015
En 2014, le score moyen du continent en matière de gouvernance globale a atteint 50,1, en légère amélioration depuis 2011 (+0,2). Au cours de ces quatre dernières années, la moitié seulement des dix pays en tête du classement a réussi à améliorer son score global, et 21 pays sur les 54 du continent ont enregistré une détérioration.
La catégorie Développement économique durable présente à la fois le score moyen continental le plus faible (43,2) et la baisse de performances la plus marquée depuis 2011 (-0,7).
Elle inclut la sous-catégorie qui s’est le plus détériorée depuis 2011 : Environnement des entreprises (-2,5), qui elle-même comprend l’indicateur le plus fortement dégradé au cours de la période : Solidité des banques (-11).
A rebours de la tendance généralement négative de la composante Développement économique durable, quatre pays ; le Maroc (+11,2), le Togo (+9,5), le Kenya (+5,9) et la République démocratique du Congo (+5,4), enregistrent dans cette catégorie des gains remarquables supérieurs à 5 points.
L’écart entre la meilleure performance globale régionale, celle de l’Afrique australe, et la plus faible, celle de l’Afrique centrale, atteint 18,1 points en 2014 et s’est accru de +1,7 point depuis 2011.
Avec un score global de 79,9 en 2014, l’Ile Maurice se situe à plus de 70 points d’écart de la Somalie, qui enregistre un score de 8,5.
Les trois pays en tête du classement, l’Ile Maurice, le Cap-Vert et le Botswana, enregistrent tous au cours des quatre dernières années un déclin de leur niveau global de gouvernance, ainsi que dans au moins deux des quatre catégories, amenant à s’interroger sur leur capacité à conserver leur position dominante à l’avenir.
Les trois pays en queue de peloton sont la République centrafricaine (24,9), le Soudan du Sud (19,9) et la Somalie (8,5).
Deux d’entre eux, le Soudan du Sud (-9,6) et la République centrafricaine (-8,4), ont, avec le Mali (-8,1), également enregistré les détériorations les plus extrêmes.
Les dix pays ayant enregistré la plus forte progression de leur niveau global de gouvernance ces quatre dernières années représentent presque un quart de la population du continent.
Cinq de ces pays, le Sénégal (9e), le Kenya (14e), le Maroc (16e), le Rwanda (11e) et la Tunisie (8e ), figurent déjà parmi les 20 premiers pays du classement de l’IIAG, ce qui permet de s’interroger sur la probabilité de les voir devenir les prochaines grandes puissances du continent.